Dans cette réflexion, diderot remet en question la notion de liberté et affirme que nous sommes conditionnés par l'ordre général, l'organisation, l'éducation et les événements. il soutient que nos actions sont motivées par des forces extérieures, et non par une volonté libre, remettant ainsi en cause les concepts de vice, de vertu et de responsabilité morale.
objectif/subjectif/intersubjectif
« Regardez-y de près et vous verrez que le mot liberté est un mot vide de sens ; qu'il n'y a point, et qu'il ne peut y avoir d'êtres libres ; que nous ne sommes que ce qui convient à l'ordre général, à l'organisation, à l'éducation, et à la chaîne des événements. Voilà ce qui dispose de nous invinciblement. On ne conçoit non plus qu'un être agisse sans motif, qu'un des bras d'une balance agisse sans l'action d'un poids ; et le motif nous est toujours extérieur, étranger, attaché ou par une nature ou par une cause quelconque, qui n'est pas nous. Ce qui nous trompe, c'est la prodigieuse variété de nos actions, jointe à l'habitude que nous avons prise tout en naissant de confondre le volontaire avec le libre. Nous avons tant loué, tant repris, nous l'avons été tant de fois, que c'est un préjugé bien vieux que celui de croire que nous et les autres voulons, agissons librement. Mais s'il n'y a point de liberté, il n'y a point d'action qui mérite la louange ou le blâme. Il n'y a ni vice ni vertu, rien dont il faille récompenser ou châtier. »
Diderot, Lettres à Landois
[A] û Questions dÆanalyse
1) Quelle est la conception de la liberté présentée dans le texte de Diderot ?
2) Que signifie l'affirmation selon laquelle "le mot liberté est un mot vide de sens" ?
3) Comment l'auteur explique-t-il que nous ne sommes pas des êtres libres ?
4) Comment Diderot perçoit-il le r��le du motif dans nos actions ?
[B] û Éléments de synth��se
1) Expliquez la phrase : "Ce qui nous trompe, c'est la prodigieuse variété de nos actions, jointe à l'habitude que nous avons prise tout en naissant de confondre le volontaire avec le libre."
2) En vous aidant des éléments précédents, dégagez lÆidée principale du texte ainsi que les étapes de son argumentation.
[C] û Commentaire
1) Le texte remet en question la notion de liberté. Quels sont les arguments avancés par Diderot pour soutenir cette perspective ? Justifiez votre réponse.
2) À la lumi��re de vos connaissances et de vos lectures, et en tenant compte du texte, vous vous demanderez si la remise en question de la liberté par Diderot a des implications importantes pour la morale et la responsabilité humaine.
Voici un possible développement de l'analyse du texte :
dans ce texte, diderot remet en cause l'idée de liberté humaine et ses implications morales.
Il s'appuie sur une argumentation rationnelle et des exemples concrets pour soutenir sa thèse.
Il commence par affirmer que le mot liberté est "vide de sens", c'est-à-dire qu'il ne correspond à aucune réalité observable ou concevable.
Il utilise une injonction ("regardez-y de près") pour inviter le lecteur à examiner attentivement la notion de liberté et à se rendre compte de son absurdité.
Il pose ensuite une négation universelle ("il n'y a point, et qu'il ne peut y avoir d'êtres libres") qui exclut toute possibilité de liberté, qu'elle soit actuelle ou potentielle.
Il justifie cette négation par le fait que nous sommes entièrement déterminés par des facteurs qui nous échappent : "l'ordre général, l'organisation, l'éducation, et la chaîne des événements".
Il emploie des termes généraux et abstraits pour désigner les lois de la nature, de la société, de la culture et de l'histoire qui conditionnent nos actions.
Il conclut cette première partie par une comparaison ("on ne conçoit non plus qu'un être agisse sans motif, qu'un des bras d'une balance agisse sans l'action d'un poids") qui illustre le rapport de causalité nécessaire entre nos actions et nos motifs.
Il souligne que le motif est toujours "extérieur, étranger" à nous, ce qui implique que nous ne sommes pas les auteurs de nos choix.
Il poursuit son raisonnement en expliquant ce qui nous trompe sur notre prétendue liberté : "la prodigieuse variété de nos actions, jointe à l'habitude que nous avons prise tout en naissant de confondre le volontaire avec le libre".
Il reconnaît que nos actions peuvent sembler diverses et spontanées, mais il montre que cela ne suffit pas à les rendre libres.
Il distingue le volontaire du libre, en suggérant que le premier relève d'une inclination naturelle ou acquise, tandis que le second supposerait une indépendance absolue.
Il dénonce ensuite un "préjugé bien vieux" qui consiste à croire que nous et les autres voulons et agissons librement.
Il attribue ce préjugé à l'influence de l'éducation et de la société, qui nous ont "tant loué, tant repris" selon des critères moraux fondés sur la liberté.
Il termine son texte par une conséquence radicale de sa thèse : "s'il n'y a point de liberté, il n'y a point d'action qui mérite la louange ou le blâme.
Il n'y a ni vice ni vertu, rien dont il faille récompenser ou châtier".
Il utilise une structure hypothétique pour exprimer une condition nécessaire : sans liberté, il n'y a pas de responsabilité morale.
Il nie ensuite l'existence du vice et de la vertu, qui sont des notions relatives à la liberté.
Il nie enfin toute légitimité à la récompense ou au châtiment, qui sont des sanctions basées sur la liberté.
Il remet ainsi en cause les fondements de la morale et du droit.
On peut dire que diderot adopte une position matérialiste et fataliste, qui réduit l'homme à un être soumis aux lois de la nature et de la société.
Il critique l'idée de liberté comme une illusion entretenue par l'éducation et la tradition.
Il met en évidence les implications morales et juridiques de sa thèse, qui conduisent à un relativisme éthique et à une remise en question de la justice.