Dans cet extrait, hume remet en question la prétendue liberté illimitée de la pensée humaine. il affirme que notre pouvoir créateur est en réalité restreint aux matériaux que nous apportent nos sens et notre expérience, nous limitant ainsi dans notre capacité à concevoir des idées nouvelles.
(1711 - 1776) David Hume, philosophe écossais du XVIIIe siècle, remet en question les fondements de la connaissance humaine. Il soutient que toute notre compréhension repose sur l'expérience sensorielle et nie l'existence de concepts innés. Son œuvre majeure explore la nature de la croyance, de la causalité et de la moralité.
abstrait/concret
« Ce qu'on n'a jamais vu, ce dont on n'a jamais entendu parler, on peut pourtant le concevoir ; et il n'y a rien au-dessus du pouvoir de la pensée, sauf ce qui implique une absolue contradiction. Mais, bien que notre pensée semble posséder cette liberté illimitée, nous trouverons, en l'examinant de plus près, qu'elle est réellement resserrée en de très étroites limites et que tout ce pouvoir créateur de l'esprit n'est rien de plus que la faculté de composer, de transposer, d'accroître ou de diminuer les matériaux que nous apportent les sens et l'expérience. Quand nous pensons à une montagne d'or, nous joignons seulement deux idées compatibles, or et montagne, que nous connaissions auparavant. Nous pouvons concevoir un cheval vertueux ; car le sentiment que nous avons de nous-mêmes nous permet de concevoir la vertu ; et nous pouvons unir celle-ci à la figure et à la forme d'un cheval, animal qui nous est familier. Bref, tous les matériaux de la pensée sont tirés de nos sens, externes ou internes ; c'est seulement leur mélange et leur composition qui dépendent de l'esprit et de la volonté. »
Hume, . Enquête sur l'entendement humain
[A] û Questions dÆanalyse
1) Comment Hume décrit-il la capacité de la pensée humaine dans ce texte ?
2) Quelle est la limitation que Hume identifie concernant la pensée humaine ?
3) Pouvez-vous expliquer en quoi la pensée humaine est limitée malgré sa prétendue liberté ?
4) Comment Hume explique-t-il la création de concepts tels qu'une "montagne d'or" ou un "cheval vertueux" ?
[B] û Éléments de synth��se
1) Résumez la principale limitation de la pensée humaine telle que décrite par Hume.
2) En utilisant les informations précédentes, résumez l'idée principale du texte ainsi que les étapes de l'argumentation de Hume.
[C] û Commentaire
1) Selon Hume, en quoi la source des matériaux de la pensée humaine diff��re-t-elle de la façon dont l'esprit les manipule ?
2) À la lumi��re de vos connaissances en philosophie, discutez de l'importance de la limitation de la pensée humaine telle que décrite par Hume dans le contexte de la philosophie de l'esprit.
Voici un exemple de développement possible :
dans ce texte, hume s'interroge sur les limites et les pouvoirs de la pensée humaine.
Il commence par affirmer que nous pouvons concevoir ce que nous n'avons jamais vu ni entendu, pourvu que cela ne soit pas contradictoire.
Il semble ainsi attribuer à la pensée une liberté illimitée, qui lui permet de créer des idées nouvelles à partir de rien.
Mais il remet aussitôt en question cette thèse, en montrant que la pensée n'est pas si libre qu'elle le paraît, et qu'elle dépend en réalité des données de l'expérience sensible.
Il illustre son propos par deux exemples : celui d'une montagne d'or et celui d'un cheval vertueux.
Il explique que ces idées ne sont pas entièrement originales, mais qu'elles sont formées par la combinaison, la transposition, l'augmentation ou la diminution des idées simples que nous avons reçues par les sens ou par le sentiment de nous-mêmes.
Il conclut que tous les matériaux de la pensée sont tirés des sens, et que seul leur assemblage dépend de l'esprit et de la volonté.
Ainsi, hume cherche à réduire la portée de la pensée rationnelle, en la soumettant aux conditions de l'expérience empirique.
Il s'oppose ainsi à la conception rationaliste, qui affirme que la raison peut atteindre des vérités universelles et nécessaires, indépendamment des sens.
Il remet en cause la possibilité d'une connaissance a priori, qui ne serait pas fondée sur l'observation et l'expérimentation.
Il invite donc à adopter une attitude sceptique et critique face aux prétentions de la métaphysique, qui se fonde sur des idées abstraites et complexes, sans rapport avec le réel sensible.