Dans cet extrait, hume met en avant le ràïle crucial des comparaisons dans l'évaluation de la beauté. selon lui, pour pouvoir émettre un jugement sur un objet esthétique, il est nécessaire d'avoir une connaissance des différentes formes de beauté et de pouvoir les comparer entre elles. seul celui qui est familiarisé avec les Âoeuvres d'art peut véritablement apprécier leur mérite et leur attribuer leur juste valeur.
(1711 - 1776) David Hume, philosophe écossais du XVIIIe siècle, remet en question les fondements de la connaissance humaine. Il soutient que toute notre compréhension repose sur l'expérience sensorielle et nie l'existence de concepts innés. Son œuvre majeure explore la nature de la croyance, de la causalité et de la moralité.
objectif/subjectif/intersubjectif
« Il est impossible de poursuivre dans la pratique de la contemplation de quelque genre de beauté que ce soit sans être fréquemment obligé de faire des comparaisons entre les nombreuses sortes et degrés de réussite, et d'estimer leurs proportions les unes par rapport aux autres. Un homme qui n'a point l'occasion de comparer les différents genres de beauté est bien entendu disqualifié pour émettre une opinion concernant un objet qui lui est présenté. Par la comparaison seule nous déterminons les épithètes relevant de l'éloge ou du blâme et apprenons comment en attribuer le degré approprié à chacun. Le plus indigent des barbouillages exhibe un certain lustre de couleurs et une certaine exactitude de l'imitation qui peuvent passer pour des beautés et entraîne […] la plus haute admiration. Les plus vulgaires ballades ne sont pas entièrement dépourvues d'harmonie ou de naturel et nul, à moins d'être familiarisé avec des beautés supérieures, ne pourrait déclarer que leurs couplets sont rudes ou leur récit inintéressant. Une beauté très inférieure fait souffrir la personne accoutumée aux plus grandes réussites du genre, et se trouve être pour cette raison qualifiée de laideur de la même façon que l'objet le plus abouti que nous connaissions est naturellement supposé avoir atteint au pinacle de la perfection et devoir recevoir les plus grands éloges. Seul celui qui est accoutumé à voir, à examiner et à soupeser les nombreuses ūuvres admirées, au cours d'époques différentes et au sein de différentes nations peut estimer le mérite d'un ouvrage exposé à sa vue et lui assigner son rang approprié au sein des productions du génie. »
Hume, De la Norme du goût
[A] - Questions d'analyse
1) Quel est l'objectif de l'auteur en soulignant l'importance des comparaisons dans la contemplation de la beauté ?
2) Comment l'auteur explique-t-il que la capacité à comparer les différentes formes de beauté est nécessaire pour émettre un jugement ?
3) Quel lien l'auteur fait-il entre la capacité à faire des comparaisons et l'attribution des épith��tes d'éloge ou de blâme ?
4) Comment l'auteur illustre-t-il son propos en utilisant l'exemple des barbouillages et des ballades ?
[B] - Éléments de synth��se
1) Expliquez en quoi consiste le "lustre de couleurs" dont parle l'auteur et comment il est lié à la notion de beauté.
2) En vous basant sur les éléments précédents, dégagez l'idée principale du texte ainsi que les étapes de l'argumentation de l'auteur.
[C] - Commentaire
1) Selon vous, pourquoi l'auteur insiste-t-il sur le fait qu'une personne accoutumée aux plus grandes réussites du genre peut considérer une beauté inférieure comme laideur ?
2) À la lumi��re de vos connaissances et de vos lectures, et en tenant compte du texte, pouvez-vous expliquer pourquoi la capacité à comparer différentes �oeuvres d'art est essentielle pour évaluer leur mérite ? Justifiez votre réponse.
Voici une possible analyse du texte :
dans ce texte, hume s'interroge sur la possibilité d'établir une norme du go¹t, c'est-à-dire un critère objectif pour juger de la beauté des £uvres d'art.
Il commence par affirmer que la contemplation de la beauté implique nécessairement de faire des comparaisons entre les différentes sortes et degrés de réussite des £uvres.
Il soutient que la comparaison est le seul moyen de déterminer les qualités et les défauts d'un objet, ainsi que le degré d'éloge ou de blâme qu'il mérite.
Il illustre son propos par des exemples de peintures et de ballades qui peuvent être appréciées différemment selon le niveau de connaissance et d'exigence du spectateur.
Il en conclut que la beauté est relative au jugement de chacun, et que seul celui qui a une expérience étendue et variée des £uvres peut prétendre à évaluer le mérite d'un ouvrage.
L'enjeu de ce texte est donc de montrer que le go¹t n'est pas une faculté innée et universelle, mais qu'il dépend de la capacité à comparer les £uvres entre elles.
Hume remet ainsi en cause l'idée d'un beau absolu et invariable, et propose une conception empiriste et relativiste de la beauté.
Il invite à développer son go¹t par l'exercice du jugement critique et par l'ouverture à la diversité des productions artistiques.