Dans son traité des devoirs, cicéron explore les principes naturels de la société et de la communauté humaine. il met en avant la raison et le langage comme liens essentiels qui rapprochent les hommes et les unissent dans une société naturelle. selon lui, la bienveillance envers autrui est indispensable pour préserver cette union et maintenir les biens communs.
objectif/subjectif/intersubjectif
« La société et l'union entre les hommes se conserveront d'autant mieux qu'on manifestera plus de bienveillance à ceux avec qui on a une union plus étroite. Mais il semble qu'il faut reprendre de plus haut les principes naturels de la communauté et de la société des hommes. Il en est d'abord un que l'on voit dans la société du genre humain pris dans son ensemble. Le lien de cette société, c'est la raison et le langage ; grâce à eux, on s'instruit et l'on enseigne, l'on communique, l'on discute, l'on juge, ce qui rapproche les hommes les uns des autres et les unit dans une sorte de société naturelle ; rien ne les éloigne plus de la nature des bêtes, à qui nous attribuons souvent le courage, aux chevaux par exemple ou aux lions, mais non pas la justice, l'équité ou la bonté ; c'est qu'elles ne possèdent ni raison ni langage. Cette société est largement ouverte ; elle est société des hommes avec les hommes, de tous avec tous ; en elle il faut maintenir communs tous les biens que la nature a produits à l'usage commun de l'homme ; quant à ceux qui sont distribués d'après les lois et le droit civil, qu'on les garde selon ce qui a été décidé par les lois ; quant aux autres, que l'on respecte la maxime du proverbe grec : �oeEntre amis, tout est commun.” […] Ennius donne un exemple particulier qui peut s'étendre à beaucoup de cas : �oeL'homme qui indique aimablement son chemin à un voyageur égaré agit comme un flambeau où s'allume un autre flambeau ; il n'éclaire pas moins quand il a allumé l'autre”. »
Cicéron, Traité des devoirs
[A] û Questions dÆanalyse
1) Quel est le lien entre la bienveillance et la conservation de la société et de l'union entre les hommes ?
2) Quels sont les principes naturels de la communauté et de la société des hommes selon l'auteur ?
3) Comment la raison et le langage contribuent-ils à rapprocher les hommes les uns des autres et à les unir dans une sorte de société naturelle ?
4) Quelle est la différence entre la société des hommes et celle des bêtes selon l'auteur ?
[B] û Éléments de synth��se
1) Expliquez la phrase : "Cette société est largement ouverte ; elle est société des hommes avec les hommes, de tous avec tous ; en elle il faut maintenir communs tous les biens que la nature a produits à l'usage commun de l'homme."
2) En vous aidant des éléments précédents, dégagez l'idée principale du texte ainsi que les étapes de son argumentation.
[C] û Commentaire
1) Selon vous, pourquoi l'auteur cite-t-il l'exemple de l'homme qui indique aimablement son chemin à un voyageur égaré ?
2) À la lumi��re de vos connaissances et de vos lectures, et en tenant compte du texte, vous vous demanderez si la bienveillance est essentielle pour maintenir la société et l'union entre les hommes.
Voici une possible analyse du texte de cicéron :
- le texte traite de la notion de société et des principes qui la fondent et la préservent.
L'auteur cherche à définir les devoirs des hommes envers leurs semblables, selon le degré d'union qui les lie.
- il commence par poser un principe général, qui concerne la société du genre humain dans son ensemble.
Ce principe est que le lien de cette société est la raison et le langage, qui permettent aux hommes de communiquer, de s'instruire, de délibérer et de juger.
L'auteur souligne ainsi la spécificité de l'homme par rapport aux animaux, qui ne possèdent pas ces facultés.
Il en déduit que dans cette société universelle, il faut respecter le partage des biens communs que la nature a produits pour tous, et se conformer aux lois et au droit civil pour les biens particuliers.
Il cite un proverbe grec pour illustrer l'idée que l'amitié implique la générosité et le partage.
- il poursuit en donnant un exemple plus concret, tiré du poète ennius, qui montre comment un homme peut manifester de la bienveillance à un autre homme, même s'il ne le connaît pas.
L'exemple est celui de l'homme qui indique son chemin à un voyageur égaré, et qui agit comme un flambeau qui en allume un autre sans perdre sa lumière.
L'auteur suggère ainsi que la bienveillance est un bienfait mutuel, qui n'entraîne pas de perte pour celui qui la donne, mais au contraire un enrichissement.
- l'auteur conclut en affirmant que cet exemple peut s'appliquer à beaucoup de cas, ce qui implique qu'il y a une multitude d'occasions d'exercer la bienveillance envers les autres hommes, quels qu'ils soient.
L'enjeu du texte est donc de montrer que la société repose sur des principes naturels, tels que la raison, le langage et la bienveillance, qui distinguent l'homme de l'animal et qui exigent le respect du bien commun et du droit.
L'auteur cherche à convaincre ses lecteurs de l'importance des devoirs moraux envers leurs semblables, en utilisant des arguments rationnels, des citations autorisées et des exemples concrets.