(1788-1860) Philosophe allemand influent, célèbre pour sa vision pessimiste de la vie. Il a développé une métaphysique basée sur la volonté et la représentation, affirmant que la souffrance est inévitable. Il a également exploré les notions de la volonté de vivre et la recherche du bonheur à travers la philosophie de l'art.
identité/égalité/différence
« La vraie philosophie de l'histoire revient à voir que sous tous ces changements infinis, et au milieu de tout ce chaos, on n'a jamais devant soi que le même être, identique et immuable, occupé aujourd'hui des mêmes intrigues qu'hier et que de tout temps : elle doit donc reconnaître le fond identique de tous ces faits anciens ou modernes, survenus en Orient comme en Occident ; elle doit découvrir partout la même humanité, en dépit de la diversité des circonstances, des costumes et des mūurs. Cet élément identique, et qui persiste à travers tous les changements, est fourni par les qualités premières du cūur et de l'esprit humains - beaucoup de mauvaises et peu de bonnes. La devise générale de l'histoire devrait être : Eadem, sed aliter [les mêmes choses, mais d'une autre manière]. Celui qui a lu Hérodote a étudié assez l'histoire pour en faire la philosophie ; car il y trouve déjà tout ce qui constitue l'histoire postérieure du monde : agitations, actions, souffrances et destinée de la race humaine, telles qu'elles ressortent des qualités en question et du sort de toute vie sur terre. »
Schopenhauer, Le Monde comme volonté et comme représentation
[a] - questions d'analyse:
1) Quelle est la définition de la vraie philosophie de l'histoire selon l'auteur ?
2) Quelles sont les qualités premi��res du c�oeur et de l'esprit humains évoquées dans le texte ?
3) Comment l'auteur explique-t-il que malgré les changements, on ne retrouve que le même être ?
4) Quel est le lien entre le fond identique de tous les faits historiques et les qualités du c�oeur et de l'esprit humains ?
[b] - éléments de synth��se:
1) Expliquez la signification de la devise "eadem, sed aliter" utilisée dans le texte.
2) En vous basant sur les éléments précédents, dégagez l'idée principale du texte ainsi que les étapes de son argumentation.
[c] - commentaire:
1) Que pensez-vous de l'affirmation de l'auteur selon laquelle la lecture d'Hérodote permet de comprendre toute l'histoire ultérieure du monde ?
Voici un possible développement de l'analyse du texte :
l'auteur expose sa conception de la philosophie de l'histoire, qui consiste à dégager l'unité et l'identité de l'être humain à travers les variations temporelles et spatiales des événements historiques.
Il s'agit donc d'une vision universaliste et essentieliste de l'humanité, qui repose sur la permanence des qualités premières du c£ur et de l'esprit humains.
Pour soutenir cette thèse, il utilise plusieurs procédés :
- il oppose les changements infinis et le chaos des faits historiques à la constance et l'immutabilité de l'être humain, qui est toujours le même, quelles que soient les époques et les régions.
Il emploie ainsi des termes antithétiques comme "sous" / "au milieu", "identique" / "diversité", "persiste" / "changements".
- il propose une formule latine pour résumer sa pensée : eadem, sed aliter, qui signifie "les mêmes choses, mais d'une autre manière".
Il suggère ainsi que les faits historiques ne sont que des variations superficielles d'une réalité profonde et identique, qui est celle de la nature humaine.
- il prend l'exemple d'hérodote, le premier historien grec, pour illustrer son propos.
Il affirme que la lecture de son £uvre suffit pour faire la philosophie de l'histoire, car on y trouve déjà tout ce qui caractérise l'histoire postérieure du monde : les passions, les actions, les souffrances et le destin de la race humaine.
Il souligne ainsi la continuité et la similitude des phénomènes historiques, qui découlent des qualités humaines et du sort de toute vie sur terre.
L'enjeu de ce texte est de proposer une interprétation globale et synthétique de l'histoire, qui permette d'en faire la philosophie, c'est-à-dire d'en tirer des leçons universelles et intemporelles.
L'auteur cherche à dépasser la diversité apparente des faits historiques pour atteindre l'essence de l'humanité, qu'il juge peu flatteuse.
Il adopte ainsi une perspective pessimiste et critique sur l'histoire, qu'il réduit à une suite d'agitations stériles et de souffrances inévitables.