Dans ce texte extrait de "qu'est-ce que la littérature ?", sartre explore la nature du langage poétique et son rapport à la vérité. il soutient que les poàùtes ne cherchent pas à nommer le monde, mais à saisir l'essentiel à travers les mots, considérés comme des choses plutàït que de simples signes. cette attitude poétique permet de transcender le langage-instrument et de se rapprocher de la réalité des objets.
(1905-1980) Philosophe existentialiste français majeur du 20e siècle, Sartre a exploré la notion de la liberté, de la responsabilité individuelle et de l'absurdité de l'existence humaine. Il a développé des idées sur l'existentialisme, la mauvaise foi et l'authenticité.
intuitif/discursif
« Les poètes sont des hommes qui refusent d'utiliser le langage. Or, comme c'est dans et par le langage conçu comme une certaine espèce d'instrument que s'opère la recherche de la vérité, il ne faut pas s'imaginer qu'ils visent à discerner le vrai ni à l'exposer. Ils ne songent pas non plus à nommer le monde et, par le fait, ils ne nomment rien du tout, car la nomination implique un perpétuel sacrifice du nom à l'objet nommé : le nom s'y révèle l'inessentiel, en face de la chose qui est essentielle. Ils ne parlent pas ; ils ne se taisent pas non plus : c'est autre chose. En fait, le poète s'est retiré d'un seul coup du langage-instrument ; il a choisi une fois pour toutes l'attitude poétique qui considère les mots comme des choses et non comme des signes. Car l'ambiguïté du signe implique qu'on puisse à son gré le traverser comme une vitre et poursuivre à travers lui la chose signifiée ou tourner son regard vers sa réalité et le considérer comme objet. L'homme qui parle est au-delà des mots, près de l'objet ; le poète est en deçà. Pour le premier, ils sont domestiques ; pour le second, ils restent à l'état sauvage. Pour celui-là, ce sont des conventions utiles, des outils qui s'usent peu à peu et qu'on jette quand ils ne peuvent plus servir ; pour le second, ce sont des choses naturelles qui croissent naturellement sur la terre comme l'herbe et les arbres. »
Sartre, Qu'est-ce que la Littérature ?
[A] - Questions d'analyse :
1) Pourquoi les po��tes refusent-ils d'utiliser le langage ?
2) Quelle est la différence entre la recherche de la vérité par le langage et la démarche des po��tes ?
3) Comment les po��tes consid��rent-ils les mots ?
4) Quelle est la différence entre la conception des mots chez les hommes qui parlent et chez les po��tes ?
[B] - Éléments de synth��se :
1) Expliquez la phrase : "le po��te s'est retiré d'un seul coup du langage-instrument".
2) En vous aidant des éléments précédents, dégagez l'idée principale du texte ainsi que les étapes de son argumentation.
[C] - Commentaire :
1) Pourquoi peut-on dire que les po��tes consid��rent les mots comme des choses et non comme des signes ? Justifiez votre réponse.
Voici une possible analyse du texte :
dans ce texte, sartre oppose la conception du langage des poètes à celle des hommes qui cherchent la vérité.
Il cherche à montrer que la poésie n'est pas un discours qui vise à nommer le réel, mais une attitude qui considère les mots comme des choses.
- il commence par affirmer que les poètes refusent d'utiliser le langage comme un instrument, c'est-à-dire comme un moyen de communiquer, de raisonner, de définir.
Il s'appuie sur le terme "refusent" qui exprime une volonté délibérée de se démarquer du langage ordinaire.
Il en déduit que les poètes ne cherchent pas à discerner ni à exposer le vrai, ce qui est l'objectif de la recherche de la vérité.
Il oppose ainsi deux fonctions du langage : l'une cognitive, qui vise à connaître le réel, l'autre poétique, qui s'en détache.
Il souligne que les poètes ne nomment pas le monde, ni rien du tout, car la nomination implique un rapport entre le signe et la chose, entre l'inessentiel et l'essentiel.
Il montre que les poètes rompent ce rapport en ne considérant pas les mots comme des signes, mais comme des choses.
Il utilise la formule "c'est autre chose" pour marquer l'originalité et l'indéfinissable de l'attitude poétique.
- il poursuit en précisant que le poète se retire du langage-instrument pour adopter une attitude poétique qui consiste à considérer les mots comme des choses.
Il explique que le signe est ambigu, car il peut être traversé pour atteindre la chose signifiée, ou considéré comme objet.
Il oppose alors deux regards sur le langage : celui de l'homme qui parle, qui va au-delà des mots pour se rapprocher de l'objet, et celui du poète, qui reste en deçà des mots pour les appréhender comme des réalités autonomes.
Il utilise les expressions "au-delà" et "en deçà" pour marquer la différence de perspective entre les deux usages du langage.
Il compare ensuite les mots à des domestiques ou à des êtres sauvages, selon qu'ils sont soumis à une convention utile ou qu'ils sont libres et naturels.
Il utilise la métaphore de la domestication et de la sauvagerie pour souligner le contraste entre le langage-instrument et le langage-poésie.
- il conclut en affirmant que les mots sont pour le poète des choses naturelles qui croissent sur la terre comme l'herbe et les arbres.
Il renforce l'idée que les mots sont des réalités indépendantes du sens qu'on leur attribue, et qu'ils ont une existence propre.
Il utilise la comparaison avec l'herbe et les arbres pour évoquer la spontanéité et la diversité du langage-poésie.
Le texte de sartre vise donc à définir la spécificité de la poésie comme un usage du langage qui ne cherche pas à nommer le réel, mais à faire exister les mots comme des choses.
Il met en évidence la rupture entre le langage-instrument et le langage-poésie, et les enjeux esthétiques et éthiques de cette rupture.