• Bergson
La nature du moi et sa relation avec le corps
conscience - temps



Le contexte :

Ce texte de bergson explore la nature du moi et sa relation avec le corps. il souligne le contraste entre les mouvements mécaniques du corps et les mouvements volontaires qui semblent venir de l'intérieur. bergson interroge également la capacité du moi à  dépasser les limites spatiales et temporelles du corps.

L' auteur :

Bergson

(1859-1941) Remet en question la vision selon laquelle l'histoire viserait un progrès dans les sciences. Il propose une nouvelle philosophie permettant d'analyser le contenu conscient de l'expérience immédiate.

Le repère :

objectif/subjectif/intersubjectif

Le texte :

« Chacun de nous est un corps soumis aux mêmes lois que toutes les autres portions de matière. Si on le pousse, il avance ; si on le tire, il recule, si on le soulève et qu'on l'abandonne, il retombe. Mais, à côté de ces mouvements qui sont provoqués mécaniquement par une cause extérieure, il en est d'autres qui semblent venir du dedans et qui tranchent sur les précédents par leur caractère imprévu : on les appelle �oevolontaires”. Quelle en est la cause ? C'est ce que chacun de nous désigne par les mots �oeje” ou �oemoi”. Et qu'est-ce que le moi ? Quelque chose qui paraît, à tort ou à raison, déborder de toutes parts le corps qui y est joint, le dépasser dans l'espace aussi bien que dans le temps. Dans l'espace d'abord, car le corps de chacun de nous s'arrête aux contours précis qui le limitent, tandis que par notre faculté de percevoir, et plus particulièrement de voir, nous rayonnons bien au-delà de notre corps : nous allons jusqu'aux étoiles. Dans le temps ensuite, car le corps est matière, la matière est dans le présent et, s'il est vrai que le passé y laisse des traces, ce ne sont des traces de passé que pour une conscience qui les aperçoit et qui interprète ce qu'elle aperçoit à la lumière de ce qu'elle se remémore : la conscience, elle, retient ce passé, l'enroule sur lui-même au fur et à mesure que le temps se déroule et prépare avec lui un avenir qu'elle contribuera à créer. »
Bergson, L'Énergie spirituelle

Les questions :



[a] û questions dÆanalyse
1) Quelles sont les lois auxquelles chaque être humain est soumis et comment cela se manifeste dans son corps ?
2) Quelle est la différence entre les mouvements provoqués mécaniquement par une cause extérieure et les mouvements volontaires ?
3) Comment est défini le concept de "moi" dans le texte ?
4) En quoi le "moi" semble-t-il dépasser le corps dans l'espace et dans le temps ?

[b] û éléments de synth��se
1) Expliquez le lien entre la faculté de percevoir et le dépassement du corps dans l'espace.
2) En utilisant les éléments précédents, dégagez l'idée principale du texte ainsi que les étapes de son argumentation.

[c] û commentaire
1) Pourquoi le texte affirme-t-il que le corps est limité dans l'espace et dans le temps, alors que le "moi" semble le dépasser ?
2) À la lumi��re de vos connaissances et de vos lectures, et en tenant compte du texte, vous vous demanderez si le concept de "moi" est uniquement lié à la conscience ou s'il peut également être influencé par d'autres facteurs.

L'analyse :

Voici une possible analyse du texte : le texte de bergson traite de la question du rapport entre le corps et le moi, c'est-à-dire entre la matière et la conscience.

Il s'agit de montrer en quoi le moi se distingue du corps par sa capacité à dépasser les limites spatiales et temporelles de la matière.

Dans un premier temps, l'auteur expose le point de vue selon lequel le corps est soumis aux lois mécaniques de la matière, qui déterminent ses mouvements en fonction des causes extérieures.

Il oppose à ces mouvements ôprovoquésö ceux qui sont ôvolontairesö, c'est-à-dire qui semblent émaner d'une cause intérieure, que l'on nomme le moi.

Il pose ainsi le problème de la nature et de la causalité du moi, qui apparaît comme une réalité différente du corps.

Dans un deuxième temps, l'auteur développe l'idée que le moi déborde le corps dans l'espace et dans le temps.

Il utilise pour cela des arguments fondés sur l'expérience de la perception et de la mémoire.

Il montre que par la perception, et notamment par la vue, nous pouvons atteindre des réalités qui sont loin de notre corps, comme les étoiles.

Il montre aussi que par la mémoire, nous pouvons conserver le passé et le distinguer du présent, ce qui n'est pas le cas pour la matière, qui ne porte que des traces indistinctes du passé.

Il montre enfin que par la mémoire, nous pouvons anticiper l'avenir et y participer par notre action volontaire.

Il conclut ainsi que le moi est une réalité spirituelle, qui transcende les limites de la matière.

Le texte de bergson vise donc à affirmer la supériorité du moi sur le corps, en mettant en évidence sa liberté et sa créativité.

Il s'inscrit dans une perspective dualiste, qui oppose radicalement la matière et l'esprit.

Il invite à réfléchir sur les conditions et les implications d'une telle conception du moi.