Dans ce passage des confessions d'augustin, l'auteur s'interroge sur la tendance de l'homme à éprouver de l'affliction en contemplant des aventures tragiques qu'il ne voudrait pas vivre lui-même. il soulàùve la question de la fascination de la souffrance et de la pitié ressentie par le spectateur, mettant en lumiàùre une contradiction entre le désir de joie et le plaisir tiré de la douleur.
(354-430) Philosophe et théologien chrétien de l'Antiquité tardive, Saint Augustin a formulé des idées pour le christianisme occidental, notamment sur la grâce divine, le péché, la prédestination, et la relation entre la foi et la raison. Son œuvre "Les Confessions" est une exploration autobiographique de sa conversion au christianisme et de son cheminement spirituel.
identité/égalité/différence
« Pourquoi l'homme veut-il s'affliger en contemplant des aventures tragiques et lamentables, qu'il ne voudrait pas lui-même souffrir ? Et cependant, spectateur, il veut de ce spectacle ressentir l'affliction, et en cette affliction consiste son plaisir. Qu'est-ce là, sinon une pitoyable folie ? Car nous sommes d'autant plus émus que nous sommes moins guéris de ces passions. Quand on souffre soi-même, on nomme ordinairement cela misère, et quand on partage les souffrances d'autrui, pitié. Mais quelle est cette pitié inspirée par les fictions de la scène ? Ce n'est pas à aider autrui que le spectateur est incité, mais seulement à s'affliger, et il aime l'auteur de ces fictions dans la mesure où elles l'affligent. Si le spectacle de ces malheurs antiques ou fabuleux ne l'attriste pas, il se retire avec des paroles de mépris et de critique. S'il éprouve de la tristesse, il demeure là, attentif et joyeux. Ce sont donc les larmes et les impressions douloureuses que nous aimons. Sans doute tout homme cherche la joie. Il ne plaît à personne d'être malheureux, mais on aime éprouver de la pitié, et, comme la pitié ne va pas sans douleur, n'est-ce pas pour cette seule raison que la douleur est aimée ? Ce phénomène a sa source dans l'amitié que les hommes ont les uns pour les autres. »
Augustin, Confessions
[A] û Questions dÆanalyse
1) Comment Augustin explique-t-il le paradoxe selon lequel les hommes aiment ressentir de l'affliction en contemplant des aventures tragiques qu'ils ne voudraient pas eux-mêmes subir ?
2) Quelle est la nature de la pitié ressentie par le spectateur devant les aventures tragiques de la sc��ne, et comment diff��re-t-elle de la pitié éprouvée envers les souffrances réelles d'autrui ?
3) Augustin sugg��re que la douleur est aimée en raison de l'amitié entre les hommes. Expliquez comment il développe cette idée et son lien avec le plaisir que le spectateur tire de la tragédie.
4) Quelle est la signification de l'expression "n'est-ce pas pour cette seule raison que la douleur est aimée" dans le contexte de l'argumentation d'Augustin ?
[B] û Éléments de synth��se
1) Expliquez la relation entre l'amour de la pitié, la douleur, et l'amitié telle qu'elle est présentée dans le texte d'Augustin.
2) À partir des réponses précédentes, dégagez l'idée principale du texte d'Augustin ainsi que les étapes de son raisonnement.
[C] û Commentaire
1) Augustin sugg��re que l'amour de la pitié envers les malheurs fictifs est lié à l'amitié entre les hommes. Pouvez-vous expliquer en quoi cela peut être interprété comme une réflexion sur la nature humaine et la façon dont les émotions influencent nos préférences ?
2) En vous basant sur le texte d'Augustin et vos connaissances, discutez de la signification plus large de cette fascination pour la douleur et la pitié dans le contexte de la littérature et du théâtre, ainsi que de son importance pour la compréhension de la condition humaine.
Voici un exemple de commentaire linéaire du texte :
dans ce texte, augustin s'interroge sur le paradoxe du plaisir que les hommes éprouvent à contempler des spectacles tragiques, alors qu'ils ne voudraient pas vivre eux-mêmes ces malheurs.
Il cherche à comprendre la nature et la source de cette émotion qu'il appelle la pitié, et qui mêle douleur et joie.
Il développe son analyse en trois temps : il expose d'abord le problème, puis il examine les causes possibles de la pitié, et enfin il en déduit les conséquences morales.
- dans le premier paragraphe, augustin pose le problème sous la forme d'une question rhétorique : "pourquoi l'homme veut-il s'affliger en contemplant des aventures tragiques et lamentables, qu'il ne voudrait pas lui-même souffrir ?" il souligne ainsi le contraste entre le refus de la souffrance personnelle et le désir de la souffrance représentée.
Il emploie des termes forts pour qualifier cette attitude : "affliger", "tragiques", "lamentables", "pitoyable folie".
Il montre que le spectateur n'est pas indifférent au spectacle, mais qu'il y prend un plaisir paradoxal, qui réside dans l'affliction même.
Il utilise le terme de "spectacle" pour désigner à la fois les fictions théâtrales et les événements historiques ou mythologiques qui sont représentés.
Il suggère ainsi que la pitié n'est pas liée à la réalité des faits, mais à leur mise en scène.
- dans le deuxième paragraphe, augustin examine les causes possibles de la pitié.
Il distingue deux types de pitié : celle qui nous fait partager les souffrances d'autrui, et celle qui nous fait ressentir les souffrances fictives de la scène.
Il nomme la première "pitié" et la seconde "misère".
Il montre que la première est une vertu, qui nous incite à aider autrui, tandis que la seconde est un vice, qui nous incite à nous affliger inutilement.
Il explique que le spectateur aime l'auteur des fictions dans la mesure où il lui procure de la tristesse, et qu'il rejette ou critique ce qui ne l'attriste pas.
Il souligne ainsi le caractère irrationnel et masochiste de cette pitié.
Il utilise des termes négatifs pour qualifier cette émotion : "affliger", "tristesse", "douleur".
Il oppose le verbe "aider" au verbe "affliger", pour montrer que la pitié véritable est active et bienveillante, tandis que la pitié fictive est passive et malveillante.
- dans le troisième paragraphe, augustin déduit les conséquences morales de son analyse.
Il affirme que la pitié fictive est contraire à la nature humaine, qui cherche la joie et fuit le malheur.
Il pose une nouvelle question rhétorique : "n'est-ce pas pour cette seule raison que la douleur est aimée ?" il répond par l'affirmative, en invoquant une cause profonde : l'amitié que les hommes ont les uns pour les autres.
Il montre ainsi que la pitié fictive est une perversion de l'amitié, qui devrait nous faire aimer le bonheur d'autrui et non sa souffrance.
Il utilise des termes positifs pour qualifier l'amitié : "joie", "aimer".
Il oppose le verbe "aimer" au verbe "aimer éprouver", pour montrer que l'amour véritable est désintéressé et généreux, tandis que l'amour fictif est égo´ste et cruel.
En conclusion, augustin propose une réflexion philosophique sur le phénomène de la pitié, qu'il analyse comme une émotion complexe et ambiguù.
Il distingue deux formes de pitié : l'une réelle et morale, l'autre fictive et immorale.
Il dénonce le plaisir paradoxal que les hommes éprouvent à contempler des spectacles tragiques, qu'il attribue à une déviation de l'amitié naturelle.
Il invite ainsi le lecteur à se lib.