• Schopenhauer
La liberté de la volonté remise en question
liberté - conscience



Le contexte :

Schopenhauer remet en question la notion de libre arbitre souvent considérée comme une évidence. il souligne que le témoignage de l'homme sur sa liberté est juste, mais ne prouve en rien la liberté de la décision elle-même. selon lui, seul le sentiment intime de l'homme naÂïf le pousse à  considérer le libre arbitre comme une vérité indubitable.

L' auteur :

Schopenhauer

(1788-1860) Philosophe allemand influent, célèbre pour sa vision pessimiste de la vie. Il a développé une métaphysique basée sur la volonté et la représentation, affirmant que la souffrance est inévitable. Il a également exploré les notions de la volonté de vivre et la recherche du bonheur à travers la philosophie de l'art.

Le repère :

médiat/immédiat

Le texte :

« Interrogez un homme tout à fait sans préjugés : voici à peu près en quels termes il s'exprimera au sujet de cette conscience immédiate que l'on prend si souvent pour garante d'un prétendu libre arbitre : �oeJe peux faire ce que je veux. Si je veux aller à gauche, je vais à gauche ; si je veux aller à droite, je vais à droite. Cela dépend uniquement de mon bon vouloir : je suis donc libre.” Un tel témoignage est certainement juste et véridique ; seulement il présuppose la liberté de la volonté, et admet implicitement que la décision est déjà prise : la liberté de la décision elle-même ne peut donc nullement être établie par cette affirmation. Car il n'y est fait aucune mention de la dépendance ou de l'indépendance de la volonté au moment où elle se produit, mais seulement des conséquences de cet acte, une fois qu'il est accompli, ou, pour parler plus exactement, de la nécessité de sa réalisation en tant que mouvement corporel. C'est le sentiment intime qui est à la racine de ce témoignage qui seul fait considérer à l'homme naïf, c'est-à-dire sans éducation philosophique (ce qui n'empêche pas qu'un tel homme puisse être un grand savant dans d'autres branches), que le libre arbitre est un fait d'une certitude immédiate : en conséquence, il le proclame comme une vérité indubitable, et ne peut même pas se figurer que les philosophes soient sérieux quand ils le mettent doute. »
Schopenhauer, Essai sur le libre arbitre

Les questions :



[A] û Questions dÆanalyse
1) Quel est le témoignage au sujet de la conscience immédiate qui est évoqué dans le texte ?
2) Comment l'homme sans préjugés exprime-t-il sa liberté de volonté ?
3) Quelle critique Schopenhauer fait-il à l'argument de la liberté de la volonté basée sur le témoignage de l'homme sans préjugés ?
4) Qu'est-ce qui est mentionné dans le témoignage de l'homme sans préjugés et qu'est-ce qui n'est pas mentionné selon Schopenhauer ?

[B] û Éléments de synth��se
1) Comment la liberté de la volonté est-elle présupposée dans le témoignage de l'homme sans préjugés ?
2) Quelle est l'idée principale du texte selon Schopenhauer et quelles sont les étapes de son argumentation ?

[C] û Commentaire
1) Selon Schopenhauer, pourquoi le témoignage de l'homme sans préjugés ne peut-il pas établir la liberté de la décision elle-même ?

L'analyse :

Voici un exemple de commentaire linéaire du texte : dans ce texte, schopenhauer s'interroge sur la notion de libre arbitre et sur la valeur du témoignage de la conscience immédiate qui le soutient.

Il va montrer que ce témoignage est insuffisant et présuppose ce qu'il prétend prouver.



- dans la première phrase, il introduit le sujet en posant une question rhétorique : "interrogez un homme tout à fait sans préjugés".

Il s'agit d'une stratégie argumentative qui vise à capter l'attention du lecteur et à le faire adhérer à la thèse de l'auteur.

Il présente ensuite le contenu du témoignage de la conscience immédiate, qui se résume à cette affirmation : "je peux faire ce que je veux".

Il utilise des guillemets et des points de suspension pour marquer la distance critique qu'il prend avec ce discours.

Il souligne aussi le caractère vague et indéterminé de la volonté, qui peut choisir entre deux directions opposées sans raison apparente.

Il conclut cette phrase par une conséquence logique, qui est aussi la thèse du témoin na´f : "je suis donc libre".

Il utilise un connecteur logique ("donc") et un présent de vérité générale ("je suis") pour renforcer l'idée d'une évidence indiscutable.



- dans la deuxième phrase, il réfute le témoignage de la conscience immédiate en montrant qu'il repose sur une pétition de principe, c'est-à-dire qu'il présuppose ce qu'il veut démontrer.

Il commence par une concession, qui reconnaît la justesse et la véracité du témoignage, mais qui annonce aussi une restriction : "un tel témoignage est certainement juste et véridique ; seulement".

Il utilise un adverbe restrictif ("seulement") et un point-virgule pour marquer le passage à l'objection.

Il expose ensuite le problème logique que pose le témoignage : il admet implicitement que la décision est déjà prise, et ne dit rien sur la liberté de la décision elle-même.

Il utilise un adverbe ("implicitement") et une négation ("ne peut donc nullement") pour souligner le caractère caché et fallacieux du raisonnement.

Il termine cette phrase par une reformulation de sa thèse, qui s'oppose à celle du témoin na´f : "la liberté de la décision elle-même ne peut donc nullement être établie par cette affirmation".

Il reprend le connecteur logique ("donc") et le présent de vérité générale ("ne peut"), mais il les inverse pour exprimer une impossibilité logique.



- dans la troisième phrase, il analyse les causes du témoignage de la conscience immédiate, qui sont d'ordre psychologique et non pas rationnel.

Il identifie le sentiment intime comme la source de ce témoignage, qui fait croire à l'homme na´f que le libre arbitre est un fait d'une certitude immédiate.

Il utilise une expression péjorative ("l'homme na´f") pour qualifier celui qui se fie à son sentiment sans recourir à la réflexion philosophique.

Il oppose ainsi deux types d'hommes : celui qui a une éducation philosophique, capable de douter et de critiquer, et celui qui n'en a pas, même s'il peut être savant dans d'autres domaines.

Il utilise des parenthèses pour nuancer son propos et éviter de paraître trop arrogant.

Il termine cette phrase par une hyperbole, qui exprime l'incompréhension et l'étonnement du philosophe face à l'adhésion aveugle au libre arbitre : "il ne peut même pas se figurer que les philosophes soient sérieux quand ils le mettent en doute".

Il utilise un verbe modalisateur ("pouvoir") et une négation renforcée ("même pas") pour accentuer l'idée d'une impossibilité psychologique.

En conclusion, on peut dire que schopenhauer remet en cause le témoignage de la conscience immédiate comme fondement du libre arbitre, en montrant qu'il est circulaire, illusoire et irrationnel.

Il oppose ainsi deux types de discours : celui du sentiment intime, qui se croit libre sans preuve, et.