• Descartes
L'interdépendance de l'individu et du tout
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Le contexte :

Descartes souligne l'importance de reconnaà®tre notre lien avec le monde qui nous entoure. bien que nous soyons des individus distincts, nous faisons partie intégrante de l'univers, de la société et de la famille. il invite à  préférer l'intérêt collectif à  celui de la personne, tout en étant prudent, car sacrifier sa vie pour un petit bien serait injustifié. en se considérant

L' auteur :

Descartes

(1596-1650) Est considéré comme le premier philosophe Moderne. Critique du contenu de l'enseignement de son temps, il décide de n'accepter que les vérités qui viennent de lui-même et rejeter toutes les croyances qui lui ont été enseignées.

Le repère :

public/privé

Le texte :

« Il y a une vérité dont la connaissance me semble fort utile : qui est que, bien que chacun de nous soit une personne séparée des autres, et dont, par conséquent, les intérêts sont en quelque façon distincts de ceux du reste du monde, on doit toutefois penser qu'on ne saurait subsister seul, et qu'on est, en effet, l'une des parties de l'univers, et plus particulièrement encore l'une des parties de cette terre, l'une des parties de cet État, de cette société, de cette famille, à laquelle on est joint par sa demeure, par son serment, par sa naissance. Et il faut toujours préférer les intérêts du tout, dont on est partie, à ceux de sa personne en particulier ; toutefois avec mesure et discrétion , car on aurait tort de s'exposer à un grand mal, pour procurer seulement un petit bien à ses parents ou à son pays ; et si un homme vaut plus, lui seul, que tout le reste de sa ville, il n'aurait pas raison de se vouloir perdre pour la sauver. Mais si on rapportait tout à soi-même, on ne craindrait pas de nuire beaucoup aux autres hommes, lorsqu'on croirait en retirer quelque petite commodité, et on n'aurait aucune vraie amitié, ni aucune fidélité, ni généralement aucune vertu ; au lieu qu'en se considérant comme une partie du public, on prend plaisir à faire du bien à tout le monde, et même on ne craint pas d'exposer sa vie pour le service d'autrui, lorsque l'occasion s'en présente ; voire on voudrait perdre son âme, s'il se pouvait, pour sauver les autres. »
Descartes, Lettre à Elisabeth

L'analyse :

Voici une possible analyse du texte de descartes :

- dans la première phrase, descartes expose une vérité utile, qui est que l'homme est à la fois une personne séparée des autres, mais aussi une partie d'un tout, qu'il s'agisse de l'univers, de la terre, de l'état, de la société ou de la famille.

Il affirme ainsi que les intérêts personnels ne doivent pas être opposés à ceux du tout, mais plutôt subordonnés à eux.

Il introduit ainsi le thème de la relation entre l'individu et le collectif, et le problème moral qui en découle : comment concilier son bien propre avec le bien commun ?

- dans la deuxième phrase, descartes précise qu'il faut préférer les intérêts du tout à ceux de sa personne, mais avec mesure et discrétion.

Il reconnaît donc qu'il y a des limites à ce sacrifice de soi, et qu'il faut tenir compte du rapport entre le mal qu'on s'inflige et le bien qu'on procure aux autres.

Il introduit ainsi la notion de raison, qui doit guider le jugement moral et éviter les extrêmes.

Il donne l'exemple d'un homme qui vaut plus que sa ville, et qui n'aurait pas raison de se perdre pour la sauver.

Il suggère ainsi que la valeur d'une personne ne se mesure pas seulement à son appartenance à un tout, mais aussi à ses qualités propres.



- dans la troisième phrase, descartes oppose le cas où l'on rapporterait tout à soi-même, et celui où l'on se considérerait comme une partie du public.

Il montre les conséquences néfastes du premier cas, qui conduirait à nuire aux autres pour son intérêt personnel, et à n'avoir aucune vertu.

Il montre les conséquences bénéfiques du second cas, qui conduirait à prendre plaisir à faire du bien à tout le monde, et à ne pas craindre d'exposer sa vie pour le service d'autrui.

Il illustre ainsi le lien entre le point de vue moral et le sentiment affectif : se considérer comme une partie du public implique d'avoir de la vraie amitié, de la fidélité, et généralement de la vertu.

Il termine par une expression hyperbolique : il voudrait perdre son âme pour sauver les autres.

Il exprime ainsi le degré suprême de l'amour du prochain, qui dépasse même le souci de son salut personnel.