• Leibniz
La vigilance de l'esprit dans la recherche de la vérité
raison - conscience



Le contexte :

Dans ce texte, leibniz fait un parallàùle entre les erreurs de calcul des arithméticiens et les erreurs de raisonnement de notre esprit. il souligne l'importance de l'attention, de la mémoire et de la vérification dans la recherche de la vérité, ainsi que la nécessité de garder son sang-froid et sa présence d'esprit pour éviter les distractions et les affections propres à  l'esprit.

L' auteur :

Leibniz

(1646-1716) Est avec Newton l'inventeur du calcul différentiel et infinitésimal : l'idée est que de très petits ordres de grandeurs, une fois additionnés, donnent des choses sensibles. Leibniz est un représentant du Rationalisme, attitude philosophique qui stipule qu

Le repère :

analyse/synthèse

Le texte :

« L'origine de toutes les erreurs est, en un certain sens, la même que celle des erreurs de calcul, qui arrivent aux arithméticiens. En effet, il arrive souvent qu'à défaut d'attention ou de mémoire, nous faisons ce qu'il ne faut pas faire ou que nous omettons ce qu'il faut faire, ou bien que nous croyons avoir fait ce que nous n'avons pas fait, ou que nous avons fait ce que nous croyons n'avoir pas fait. Ainsi, il arrive que, dans le calcul (auquel correspond le raisonnement dans l'esprit), on oublie de poser certains signes nécessaires ou qu'on en mette qu'il ne faut pas ; qu'on néglige un des éléments du calcul en les rassemblant, ou qu'on opère contre la règle. Lorsque notre esprit est fatigué ou distrait, il ne fait pas suffisamment attention aux opérations qu'il est en train de faire, ou bien, par une erreur de mémoire, il accepte comme déjà prouvé ce qui s'est seulement profondément enraciné en nous par l'effet de répétitions fréquentes, ou d'un examen prolongé, ou d'un désir ardent. Le remède à nos erreurs est également le même que le remède aux erreurs de calcul : faire attention à la matière et à la forme , avancer lentement, répéter et varier l'opération, recourir à des vérifications et à des preuves, découper les raisonnements étendus, pour permettre à l'esprit de reprendre haleine, et vérifier chaque partie par des preuves particulières. Et puisque dans l'action on est quelquefois pressé, il est important de s'habituer à garder le sang-froid et la présence d'esprit, à l'exemple de ceux qui, même au milieu du bruit et sans calculer par écrit, savent exécuter des opérations sur des nombres très élevés. Ainsi l'esprit s'habitue à ne pas se laisser facilement distraire par les sensations externes ou par ses imaginations et ses affections propres, mais à rester maître de ce qu'il est en train de faire, à conserver sa faculté critique ou, comme on dit communément, son pouvoir de faire retour sur lui-même, de manière à pouvoir, tel un moniteur  étranger, se dire sans cesse à lui-même : vois ce que tu fais, pourquoi le fais-tu actuellement ? »
Leibniz, Remarques sur Descartes

Les questions :



[A] - Questions d'analyse
1) Quelle comparaison l'auteur fait-il entre les erreurs de calcul et les erreurs commises dans l'esprit ?
2) Quels sont les différents types d'erreurs que l'auteur mentionne dans le texte ?
3) Comment l'auteur explique-t-il que les erreurs surviennent dans le raisonnement ?
4) Quels sont les rem��des proposés par l'auteur pour éviter les erreurs de raisonnement ?

[B] - Éléments de synth��se
1) Expliquez la phrase : "Le rem��de à nos erreurs est également le même que le rem��de aux erreurs de calcul : faire attention à la mati��re et à la forme."
2) En vous aidant des éléments précédents, dégagez l'idée principale du texte ainsi que les étapes de son argumentation.

[C] - Commentaire
1) Selon l'auteur, pourquoi est-il important de garder le sang-froid et la présence d'esprit ?
2) À la lumi��re de vos connaissances et de vos lectures, et en tenant compte du texte, vous vous demanderez si les erreurs de raisonnement peuvent être totalement évitées. Justifiez votre réponse.

L'analyse :

Le texte de leibniz porte sur les causes et les remèdes des erreurs humaines.

Il compare les erreurs de l'esprit à celles du calcul, et propose des moyens de les éviter ou de les corriger.



- dans le premier paragraphe, leibniz expose l'origine commune de toutes les erreurs : le manque d'attention ou de mémoire.

Il illustre ce propos par des exemples tirés de l'arithmétique, qui est une science exacte mais qui peut être faillible si on ne respecte pas les règles ou si on oublie des éléments.

Il montre ainsi que les erreurs ne viennent pas du contenu des connaissances, mais de la façon dont on les manipule.

Il souligne aussi le rôle des passions, qui peuvent nous faire croire ce que nous désirons, et non ce qui est vrai.



- dans le deuxième paragraphe, leibniz expose le remède aux erreurs : la méthode.

Il reprend les mêmes exemples arithmétiques, et indique les précautions à prendre pour éviter les fautes : être attentif, avancer lentement, répéter, vérifier, découper, prouver.

Il s'agit donc de contrôler son esprit et de le soumettre à des règles rigoureuses.

Il reconnaît cependant que dans l'action, on n'a pas toujours le temps de calculer ou de raisonner avec soin, et qu'il faut alors s'habituer à garder son sang-froid et sa présence d'esprit.

Il compare cette habileté à celle des calculateurs qui savent opérer sans écrire et sans se laisser distraire.



- dans le troisième paragraphe, leibniz conclut en affirmant que l'esprit doit s'habituer à ne pas se laisser influencer par les sensations externes ou par ses propres imaginations et affections, mais à rester maître de ce qu'il fait.

Il doit conserver sa faculté critique, c'est-à-dire son pouvoir de faire retour sur lui-même, de se surveiller et de se corriger.

Il doit se comporter comme un moniteur étranger, qui lui rappelle sans cesse ce qu'il fait et pourquoi il le fait.

Le texte de leibniz vise donc à montrer que les erreurs sont évitables si on suit une méthode rigoureuse et si on exerce son esprit à la critique.

Il s'inscrit dans la tradition rationaliste, qui valorise la raison comme source de vérité et comme moyen de maîtriser ses passions.

Il invite le lecteur à adopter une attitude réflexive et vigilante face à ses propres pensées.