• Sartre
La liberté dans la solitude et la responsabilité collective
liberté - conscience



Le contexte :

Dans ce texte, sartre explore le lien entre la liberté individuelle et la responsabilité collective. il met en évidence la résistance des combattants clandestins face à  la torture, soulignant que malgré leur isolement, ils agissent au nom de tous les camarades de résistance et révàùlent ainsi la véritable nature de la liberté.

L' auteur :

Sartre

(1905-1980) Philosophe existentialiste français majeur du 20e siècle, Sartre a exploré la notion de la liberté, de la responsabilité individuelle et de l'absurdité de l'existence humaine. Il a développé des idées sur l'existentialisme, la mauvaise foi et l'authenticité.

Le repère :

obligation/contrainte

Le texte :

« Le secret d'un homme, c'est la limite même de sa liberté, c'est son pouvoir de résistance aux supplices et à la mort. A ceux qui eurent une activité clandestine, les circonstances de leur lutte apportaient une expérience nouvelle : ils ne combattaient pas au grand jour, comme des soldats ; traqués dans la solitude, arrêtés dans la solitude, c'est dans le délaissement, dans le dénuement le plus complet qu'ils résistaient aux tortures : seuls et nus devant des bourreaux bien rasés, bien nourris, bien vêtus qui se moquaient de leur chair misérable et à qui une conscience satisfaite, une puissance sociale démesurée donnaient toutes les apparences d'avoir raison. Pourtant, au plus profond de cette solitude, c'étaient les autres, tous les autres, tous les camarades de résistance qu'ils défendaient ; un seul mot suffisait pour provoquer dix, cent arrestations. Cette responsabilité totale dans la solitude totale, n'est-ce pas le dévoilement même de notre liberté ? »
Sartre

Les questions :



[A] û Questions dÆanalyse
1) Quel est le secret d'un homme selon le texte ?
2) En quoi les circonstances de lutte des personnes ayant une activité clandestine sont-elles différentes de celles des soldats ?
3) Comment résistent-ils aux tortures malgré leur délaissement et leur dénuement ?
4) Qui sont les autres que les personnes clandestines défendent dans leur solitude ?

[B] û Éléments de synth��se
1) Expliquez la phrase : "Le secret d'un homme, c'est la limite même de sa liberté, c'est son pouvoir de résistance aux supplices et à la mort."
2) En vous aidant des éléments précédents, dégagez l'idée principale du texte ainsi que les étapes de son argumentation.

[C] û Commentaire
1) Pourquoi la responsabilité totale dans la solitude totale peut-elle être considérée comme le dévoilement même de notre liberté ?
2) À la lumi��re de vos connaissances et de vos lectures, et en tenant compte du texte, vous vous demanderez si la résistance dans la solitude est une forme supérieure d'exercice de la liberté.

L'analyse :

Voici un exemple de développement possible : l'auteur de ce texte, sartre, cherche à montrer que la liberté humaine se révèle dans les situations extrêmes où l'individu doit faire face à la violence et à la mort.

Il prend pour exemple le cas des résistants pendant la seconde guerre mondiale, qui ont mené une activité clandestine contre l'occupant nazi.

Il commence par affirmer que le secret d'un homme, c'est-à-dire ce qu'il garde pour lui et ne révèle pas aux autres, est la limite même de sa liberté, c'est-à-dire ce qui lui permet de rester maître de lui-même et de ses choix.

Il ajoute que le secret est aussi son pouvoir de résistance aux supplices et à la mort, c'est-à-dire sa capacité à ne pas céder à la souffrance et à la peur, qui sont des forces qui tendent à le déshumaniser et à le réduire à un objet.

Il s'appuie sur l'expérience vécue par les résistants, qui ont connu la clandestinité, la traque, l'arrestation et la torture.

Il décrit ensuite le contraste entre la situation des résistants et celle de leurs bourreaux.

Les premiers sont isolés, délaissés, démunis, méprisés, tandis que les seconds sont bien intégrés, bien nourris, bien habillés, confiants et arrogants.

Il souligne que les bourreaux ont toutes les apparences d'avoir raison, c'est-à-dire qu'ils bénéficient du soutien d'une puissance sociale démesurée, qui leur donne une légitimité et une conscience satisfaite.

Il suggère ainsi que la raison n'est pas toujours du côté du plus fort ou du plus nombreux, mais qu'elle peut être du côté du plus faible ou du plus seul.

Il conclut en affirmant que cette responsabilité totale dans la solitude totale, c'est-à-dire le fait d'assumer seul les conséquences de ses actes et de ses paroles sur soi-même et sur les autres, est le dévoilement même de notre liberté, c'est-à-dire ce qui nous permet de nous reconnaître comme des sujets autonomes et solidaires.

Il montre que les résistants défendent non seulement leur propre dignité, mais aussi celle de tous leurs camarades de lutte, qu'ils peuvent mettre en danger par un seul mot.

Il valorise ainsi le courage et la fidélité des résistants, qui incarnent l'idéal sartrien de l'homme libre.