• Arendt
La révélation du sens de l'action à  travers le regard de l'historien
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Le contexte :

Dans son ouvrage "condition de l'homme moderne", arendt souligne que le sens véritable de nos actions ne se dévoile qu'à  la fin de l'histoire, lorsque nous sommes déjà  morts. contrairement à  l'artisan qui conà§oit son produit fini à  partir d'un modàùle préconà§u, l'acteur ne peut comprendre pleinement le sens de son acte que grà¢ce au regard rétrospectif de l'historien. ainsi, les récits écrits par les acteurs eux-mêmes ne

L' auteur :

Arendt

(1906-1975) Philosophe politique et théoricienne de la pensée politique. Elle a développé des concepts influents tels que "la banalité du mal" et a exploré la nature de la condition humaine, la liberté, et la politique dans un monde moderne marqué par les totalitarismes et la violence.

Le repère :

analyse/synthèse

Le texte :

« Ce qui est fâcheux, c'est que, quels que soient le caractère et le contenu de l'histoire à venir, qu'elle soit jouée dans la vie publique ou dans le privé, qu'elle comporte un petit nombre ou un grand nombre d'acteurs, le sens ne s'en révélera pleinement que lorsqu'elle s'achèvera. Par opposition à la fabrication dans laquelle le point de vue permettant de juger le produit fini vient de l'image, du modèle perçu d'avance par l'artisan, le point de vue qui éclaire les processus de l'action, et par conséquent tous les processus historiques, n'apparaît qu'à la fin, bien souvent lorsque tous les participants sont morts. L'action ne se révèle pleinement qu'au narrateur, à l'historien qui regarde en arrière et sans aucun doute connaît le fond du problème bien mieux que les participants. Tous les récits écrits par les acteurs eux-mêmes, bien qu'en de rares cas ils puissent exposer de façon très digne de foi des intentions, des buts, des motifs, ne sont aux mains de l'historien que d'utiles documents et n'atteignent jamais à la signification ni à la véracité du récit de l'historien. Ce que dit le narrateur est nécessairement caché à l'acteur, du moins tant qu'il est engagé dans l'action et dans les conséquences, car pour lui le sens de son acte ne réside pas dans l'histoire qui suit. Même si les histoires sont les résultats inévitables de l'action, ce n'est pas l'acteur, c'est le narrateur qui voit et qui �oefait” l'histoire. »
Arendt, Condition de l'homme moderne

L'analyse :

Voici une possible analyse du texte : l'auteur, hannah arendt, s'intéresse à la notion d'action, qui est l'une des trois activités fondamentales de la condition humaine, avec le travail et l'£uvre.

Elle cherche à montrer les caractéristiques et les limites de l'action, qui consiste à intervenir dans le monde commun et à y laisser une trace.

Dans le premier paragraphe, elle affirme que le sens de l'action ne se révèle que lorsqu'elle est achevée, c'est-à-dire lorsque l'histoire qu'elle a engendrée est terminée.

Elle oppose ainsi l'action à la fabrication, qui suit un modèle préétabli et dont le résultat peut être jugé dès sa réalisation.

Elle souligne donc la dimension imprévisible et irréversible de l'action, qui ne peut être évaluée qu'a posteriori.

Dans le deuxième paragraphe, elle précise que le point de vue qui permet de saisir le sens de l'action n'est pas celui de l'acteur lui-même, mais celui du narrateur ou de l'historien, qui dispose d'une vision rétrospective et globale des événements.

Elle distingue ainsi les intentions, les buts et les motifs des acteurs, qui ne sont que des éléments partiels et subjectifs de l'explication, de la signification et de la véracité du récit historique, qui est une reconstruction objective et cohérente du déroulement des faits.

Elle met donc en évidence la distance et la différence entre l'acteur et le narrateur, entre l'expérience vécue et le sens dégagé.

Dans le troisième paragraphe, elle conclut que l'acteur ne peut pas maîtriser ni connaître le sens de son action, car il ne réside pas dans son projet initial, mais dans l'histoire qui en découle.

Elle affirme que les histoires sont les résultats inévitables de l'action, mais que ce n'est pas l'acteur, c'est le narrateur qui les voit et qui les fait.

Elle souligne donc le rôle essentiel du langage et de la narration pour donner un sens à l'action humaine.

L'enjeu du texte est donc de montrer que l'action est une activité ambiguù et paradoxale, qui implique à la fois la liberté et la responsabilité de l'acteur, mais aussi sa dépendance à l'égard des autres acteurs et du narrateur.

L'auteur invite ainsi à réfléchir sur les conditions et les conséquences de l'action dans le monde commun.