• Alain
La fenêtre ouverte sur le monde réel
art - travail



Le contexte :

Alain remet en question l'utilité de la peinture en comparant la représentation artistique avec la réalité. selon lui, la peinture ne permet pas une réelle exploration du monde, contrairement à  la fenêtre ouverte qui nous permet de vivre directement nos expériences et d'interagir avec notre environnement.

L' auteur :

Alain

(1868-1951) Il effectue un mouvement de retour au Cartésianisme en niant l'inconscient Freudien, selon lui ce dernier doit être réduit aux pulsions du corps opposées à la rationalité de l'Esprit.

Le repère :

identité/égalité/différence

Le texte :

« Corot me fait voir des arbres, une prairie, une vache, une bergère. Qu'al-je besoin de lui ? Il ne manque pas d'arbres, ni de prairies, et véritables. Je me reposerai à l'ombre. Et l'océan lui-même est quelque chose de mieux que ce petit ruban de couleurs que le peintre en a gardé. Le vrai océan me mouillera les pieds. Ou bien ce que j'admire n'est-il que l'étonnant travail de l'imitation ? Non, il n'en est rien ; car je n'aime pas être trompé par une peinture ; et bien plutôt le peintre veut que je ne sois point trompé. Le cadre m'est une sorte d'annonce, qui présente la peinture comme telle, qui la sépare. Au contraire ma fenêtre ouverte me jette dans le monde. Il faut que j'y aille ; je fais le tour des choses, je les nomme, j'en use, je les explore. La peinture refuse l'exploration. Changez de place, soit ; vous éliminez quelque reflet du monde, toutefois vous ne saisissez jamais qu'un aspect, un moment fixé. Que regarde donc l'homme, par cette autre fenêtre ? Pourquoi y revient-il ? Je suppose qu'il s'y voit lui-même. Mais quoi ? Un arbre, une vache, un nuage, une brume bleue ou rousse, voilà un étrange portrait de moi. C'est que le monde peint est plus moi que l'autre. »
Alain

Les questions :



[A] - Questions d'analyse :
1. En quoi le narrateur remet-il en question l'utilité de la peinture ?
2. Comment le narrateur compare-t-il la peinture à la fenêtre ouverte ?
3. Quelle est la différence entre la peinture et la fenêtre ouverte selon le narrateur ?
4. Comment le narrateur explique-t-il que le monde peint est plus lui que l'autre ?

[B] - Éléments de synth��se :
1. Expliquez la phrase : "Le cadre m'est une sorte d'annonce, qui présente la peinture comme telle, qui la sépare."
2. En vous aidant des éléments précédents, dégagez l'idée principale du texte ainsi que les étapes de son argumentation.

[C] - Commentaire :
1. Le narrateur préf��re-t-il la peinture ou la fenêtre ouverte ? Justifiez votre réponse.
2. À la lumi��re de vos connaissances et de vos lectures, et en tenant compte du texte, vous vous demanderez si la peinture peut réellement représenter fid��lement le monde.

L'analyse :

Voici un possible développement de l'analyse du texte : le texte est un extrait d'un essai d'alain intitulé "l'art et le beau", publié en 1920.

Il s'agit d'une réflexion sur la nature et la fonction de la peinture, qui s'oppose à une conception na´ve ou réaliste de l'art.

L'auteur cherche à montrer que la peinture n'est pas une simple imitation du réel, mais une création qui révèle quelque chose de l'intériorité du peintre et du spectateur.

Dans un premier temps, alain présente l'objection d'un observateur qui ne voit pas l'intérêt de la peinture, puisqu'elle ne fait que reproduire ce qui existe déjà dans la nature.

Il utilise le procédé du dialogue fictif, en introduisant la parole de cet observateur par des guillemets : "corot me fait voir des arbres, une prairie, une vache, une bergère.

Qu'ai-je besoin de lui ?" il s'agit d'une question rhétorique, qui exprime le rejet de la peinture comme une activité superflue et inutile.

L'observateur oppose la réalité concrète et vivante des choses ("il ne manque pas d'arbres, ni de prairies, et véritables") à la représentation figée et limitée qu'en donne le peintre ("ce petit ruban de couleurs").

Il affirme sa préférence pour le contact direct avec le monde, qui lui procure des sensations plus intenses et variées ("je me reposerai à l'ombre", "le vrai océan me mouillera les pieds").

Il réduit ainsi la peinture à une simple imitation du réel, qui n'a pas d'autre valeur que celle de l'illusion.

Dans un deuxième temps, alain réfute cette objection, en montrant que la peinture n'est pas une simple imitation du réel, mais une création qui exprime une vision personnelle et originale du monde.

Il utilise le procédé de la concession, en reconnaissant que l'observateur a raison sur un point : la peinture n'a pas pour but de tromper le spectateur, mais au contraire de lui faire prendre conscience qu'il s'agit d'une £uvre d'art.

Il oppose ainsi le cadre de la peinture, qui la délimite et la signale comme telle, à la fenêtre ouverte, qui invite à sortir dans le monde.

Il souligne que la peinture ne se prête pas à une exploration empirique des choses, comme le ferait un regard curieux ou utilitaire, mais qu'elle impose un point de vue unique et immuable, qui fixe un aspect ou un moment du réel.

Il suggère que ce point de vue n'est pas arbitraire ou insignifiant, mais qu'il révèle quelque chose de l'intention et de la sensibilité du peintre.

Dans un troisième temps, alain approfondit sa thèse, en montrant que la peinture n'est pas seulement une expression du peintre, mais aussi une invitation au spectateur à se découvrir lui-même.

Il utilise le procédé de l'interrogation, en se demandant ce que regarde l'homme qui contemple une peinture : "que regarde donc l'homme, par cette autre fenêtre ? pourquoi y revient-il ?" il répond à ces questions en affirmant que l'homme se voit lui-même dans le monde peint, mais pas sous la forme d'une ressemblance physique ou d'une identification littérale.

Il s'agit plutôt d'une projection symbolique ou métaphorique, qui fait correspondre les éléments du paysage ("un arbre, une vache, un nuage, une brume bleue ou rousse") à des aspects de son être intérieur.

Il conclut que le monde peint est plus moi que l'autre, c'est-à-dire qu'il me permet de mieux me connaître et de me reconnaître dans une vision du monde qui me touche et me parle.

Ainsi, alain défend une conception de la peinture comme un art qui n'a pas pour fin de copier le réel, mais de le transfigurer selon une inspiration personnelle et originale.

Il montre que la peinture n'est pas une activité inutile ou trompeuse, mais qu'elle a une valeur esthétique et.