• Rousseau
L'état de bonheur absolu
temps - bonheur



Le contexte :

Dans "les rêveries du promeneur solitaire" de jean-jacques rousseau, l'auteur médite sur la nature éphémàùre des plaisirs terrestres et explore la possibilité d'un bonheur absolu. il décrit un état de l'à¢me oàû le temps n'a plus d'emprise, oàû le présent est éternel, et oàû seule l'existence suffit à  combler l'à¢me, évoquant ainsi un bonheur parfait et inaltérable.

L' auteur :

Rousseau

(1712-1778) Repense les structures de la société et de l'éducation à son époque. Son effort philosophique vise à unifier sous une même pensée la relation qu'ont les hommes entre eux dans la société, l'effet de la société moderne sur ces derniers, et la source de cette relation.

Le repère :

transcendant/immanent

Le texte :

« Tout est dans un flux continuel sur la terre. Rien n'y garde une forme constante et arrêtée, et nos affections qui s'attachent aux choses extérieures passent et changent nécessairement comme elles. Toujours en avant ou en arrière de nous, elles rappellent le passé qui n'est plus ou préviennent l'avenir qui souvent ne doit point être : il n'y a rien là de solide à quoi le cūur se puisse attacher. Aussi n'a-t-on guère ici bas que du plaisir qui passe ; pour le bonheur qui dure je doute qu'il y soit connu. Mais s'il est un état où l'âme trouve une assiette assez solide pour s'y reposer tout entière et rassembler là tout son être, sans avoir besoin de rappeler le passé ni d'enjamber sur l'avenir ; où le temps ne soit rien pour elle, où le présent dure toujours sans néanmoins marquer sa durée et sans aucune trace de succession, sans aucun autre sentiment de privation ni de jouissance, de plaisir ni de peine, de désir ni de crainte que celui seul de notre existence, et que ce sentiment seul puisse la remplir tout entière ; tant que cet état dure celui qui s'y trouve peut s'appeler heureux, non d'un bonheur imparfait, pauvre et relatif, tel que celui qu'on trouve dans les plaisirs de la vie mais d'un bonheur suffisant, parfait et plein, qui ne laisse dans l'âme aucun vide qu'elle sente le besoin de remplir. »
Rousseau, Les Rêveries du promeneur solitaire

Les questions :



[A] - Questions d'analyse
1) Quel concept est utilisé pour décrire la nature changeante des choses sur terre dans le texte ?
2) Que signifie l'expression "rappellent le passé qui n'est plus ou préviennent l'avenir qui souvent ne doit point être" ?
3) Comment l'auteur décrit-il l'état o�� l'âme peut trouver une assiette assez solide pour s'y reposer tout enti��re ?
4) Quel sentiment remplit l'âme dans cet état selon l'auteur ?

[B] - Éléments de synth��se
1) Expliquez la phrase "pour le bonheur qui dure je doute qu'il y soit connu".

L'analyse :

Dans ce texte, rousseau expose sa conception du bonheur, qu'il oppose au plaisir.

Il montre que le bonheur véritable est un état intérieur, indépendant des circonstances extérieures, qui consiste à se sentir pleinement exister dans le présent.



- il commence par décrire la condition humaine sur la terre, marquée par le changement perpétuel et l'instabilité des choses.

Il utilise pour cela des expressions comme "un flux continuel", "rien n'y garde une forme constante et arrêtée", "passent et changent nécessairement".

Il en déduit que nos affections, qui dépendent des choses extérieures, sont également fluctuantes et insatisfaisantes.

Il les caractérise par des termes négatifs comme "rappellent le passé qui n'est plus" ou "préviennent l'avenir qui souvent ne doit point être".

Il souligne ainsi l'impossibilité de vivre pleinement le présent, qui est le seul temps réel.

Il conclut que le plaisir, qui est lié aux choses extérieures, est éphémère et relatif.

Il emploie pour cela des expressions comme "rien là de solide", "plaisir qui passe", "bonheur qui dure je doute qu'il y soit connu".

Il oppose donc le plaisir au bonheur, et montre que le premier ne peut pas procurer le second.



- il poursuit en imaginant un état où l'âme serait détachée des choses extérieures et se concentrerait sur son existence propre.

Il utilise pour cela des expressions comme "un état où l'âme trouve une assiette assez solide pour s'y reposer tout entière", "rassembler là tout son être", "sans avoir besoin de rappeler le passé ni d'enjamber sur l'avenir".

Il insiste sur la plénitude de cet état, qui exclut tout sentiment négatif ou positif autre que celui de l'existence.

Il emploie pour cela des expressions comme "sans aucune trace de succession", "sans aucun autre sentiment de privation ni de jouissance", "ce sentiment seul puisse la remplir tout entière".

Il affirme que cet état est celui du bonheur véritable, qu'il qualifie de "suffisant, parfait et plein".

Il oppose donc le bonheur à l'existence, et montre que le second est la condition du premier.



- il termine en évaluant cet état de bonheur, qu'il juge supérieur à tout autre.

Il utilise pour cela des expressions comme "celui qui s'y trouve peut s'appeler heureux", "non d'un bonheur imparfait, pauvre et relatif", "mais d'un bonheur suffisant, parfait et plein".

Il souligne ainsi la différence entre le bonheur et le plaisir, et montre que le premier est un idéal inaccessible dans la vie ordinaire.

On peut donc dire que rousseau défend une conception du bonheur qui repose sur la conscience de soi et la contemplation du présent, sans se laisser distraire par les choses extérieures ou les passions.

Il oppose ainsi le bonheur au plaisir, et montre que le premier est un état rare et précieux, tandis que le second est un phénomène commun et décevant.