L'analyse :
Dans ce texte, kant s'intéresse à la question de la responsabilité morale d'un acte volontaire, comme un mensonge nuisible.
Il distingue deux points de vue possibles pour juger cet acte : le point de vue causal et le point de vue rationnel.
Le point de vue causal consiste à rechercher les causes qui ont donné naissance à l'acte, en examinant le caractère psychologique, l'éducation, les fréquentations, le tempérament et les circonstances de l'agent.
Ce point de vue est comparable à celui qu'on adopte pour expliquer un phénomène naturel, en remontant la chaîne des causes déterminantes.
Selon ce point de vue, l'acte semble être le produit nécessaire de ces causes, et donc inévitable.
Le point de vue rationnel, au contraire, consiste à juger l'acte selon une loi de la raison, qui prescrit ce que l'agent aurait pu et aurait d¹ faire, indépendamment de toutes les conditions empiriques.
Ce point de vue est celui de la moralité, qui suppose que la raison est libre et qu'elle peut déterminer la conduite de l'homme par le seul respect du devoir.
Selon ce point de vue, l'acte est imputable entièrement à l'agent, qui a négligé sa raison.
Kant montre ainsi que l'acte volontaire peut être considéré sous deux aspects différents : comme un effet naturel déterminé par des causes extérieures, ou comme une manifestation de la liberté rationnelle soumise à une loi morale.
L'enjeu de ce texte est de concilier ces deux points de vue, en affirmant que la raison peut être une cause spontanée qui n'est pas soumise aux lois de la nature, et que l'homme peut être jugé responsable de ses actes, même s'ils semblent être conditionnés par des facteurs empiriques.
Kant défend ainsi une conception du libre arbitre qui n'est pas incompatible avec le déterminisme causal, mais qui repose sur une distinction entre le phénomène et le noumène, c'est-à-dire entre l'apparence sensible et la réalité intelligible.
