• Durkheim
L'influence sociale sur nos sentiments et nos actions
conscience - inconscient



Le contexte :

Dans ce texte de durkheim, l'auteur souligne l'impact des mouvements collectifs sur notre propre perception et nos décisions. il explique que les émotions et les actions qui émergent lors d'une assemblée ne sont pas le fruit de notre conscience individuelle, mais plutàït une pression externe qui nous entraà®ne malgré nous. durkheim remet ainsi en question notre capacité à  penser et agir de maniàùre autonome, soulignant l'influence sociale

L' auteur :

Durkheim

(1858-1917) Est le père fondateur de la sociologie, une science qui se distingue de la philosophie pour établir des bases scientifiques à l'étude des phénomènes sociaux.

Le repère :

analyse/synthèse

Le texte :

« Dans une assemblée, les grands mouvements d'enthousiasme, d'indignation, de pitié qui se produisent, n'ont pour lieu d'origine aucune conscience particulière. Ils viennent à chacun de nous du dehors et sont susceptibles de nous entraîner malgré nous. Sans doute, il peut se faire que, m'y abandonnant sans réserve, je ne sente pas la pression qu'ils exercent sur moi. Mais elle s'accuse dès que j'essaie de lutter contre eux. Qu'un individu tente de s'opposer à l'une de ces manifestations collectives, et les sentiments qu'il nie se retournent contre lui. Or, si cette puissance de cūrcition externe s'affirme avec cette netteté dans les cas de résistance, c'est qu'elle existe, quoique inconsciente, dans les cas contraires. Nous sommes alors dupes d'une illusion qui nous fait croire que nous avons élaboré nous-mêmes ce qui s'est imposé à nous du dehors. Mais, si la complaisance avec laquelle nous nous y laissons aller masque la poussée subie, elle ne la supprime pas. C'est ainsi que l'air ne laisse pas d'être pesant quoique nous n'en sentions plus le poids. Alors même que nous avons spontanément collaboré, pour notre part, à l'émotion commune, l'impression que nous avons ressentie est tout autre que celle que nous eussions éprouvée si nous avions été seul. Aussi, une fois que l'assemblée s'est séparée, que ces influences sociales ont cessé d'agir sur nous et que nous nous retrouvons seuls avec nous-mêmes, les sentiments par lesquels nous avons passé nous font l'effet de quelque chose d'étranger où nous ne nous reconnaissons plus. Nous nous apercevons alors que nous les avions subis beaucoup plus que nous ne les avions faits. »
Durkheim, Règles de la méthode sociologique

Les questions :



[A] û Questions dÆanalyse
1) Quel est le phénom��ne décrit dans le texte concernant les mouvements d'enthousiasme, d'indignation et de pitié ?
2) Comment sont perçus les mouvements d'enthousiasme, d'indignation et de pitié dans une assemblée ?
3) Quelles sont les conséquences de la résistance à ces manifestations collectives ?
4) Quelle est la relation entre la complaisance envers ces mouvements collectifs et la pression exercée par eux ?

[B] û Éléments de synth��se
1) Expliquez la phrase : "Nous sommes alors dupes d'une illusion qui nous fait croire que nous avons élaboré nous-mêmes ce qui s'est imposé à nous du dehors."
2) En vous basant sur les éléments précédents, dégagez l'idée principale du texte ainsi que les étapes de son argumentation.

[C] û Commentaire
1) Selon Durkheim, pourquoi les sentiments ressentis dans une assemblée nous semblent étrangers une fois que nous sommes seuls ?
2) À la lumi��re de vos connaissances et de vos lectures, et en tenant compte du texte, vous vous demanderez si les émotions collectives ont une influence sur notre libre arbitre.

L'analyse :

Voici un possible commentaire linéaire du texte de durkheim :

- dans ce texte, durkheim cherche à montrer que les sentiments collectifs qui se manifestent dans une assemblée ne sont pas le produit de la conscience individuelle, mais qu'ils sont imposés aux individus par une force sociale extérieure et coercitive.



- il commence par affirmer que les grands mouvements d'enthousiasme, d'indignation, de pitié qui se produisent dans une assemblée n'ont pas pour origine la conscience particulière de chacun, mais qu'ils viennent du dehors et qu'ils sont susceptibles de nous entraîner malgré nous.

Il s'appuie sur l'observation empirique de ces phénomènes, qu'il présente comme des faits indiscutables.

Il utilise le pluriel "nous" pour s'inclure dans le groupe des individus soumis à ces influences sociales, et pour souligner l'universalité de son propos.



- il poursuit en reconnaissant qu'il peut arriver que nous ne sentions pas la pression de ces sentiments collectifs si nous nous y abandonnons sans réserve.

Mais il montre que cette pression se révèle dès que nous essayons de lui résister.

Il prend alors l'exemple d'un individu qui tente de s'opposer à l'une de ces manifestations collectives, et qui se heurte à la réaction hostile des autres membres du groupe.

Il en déduit que cette puissance de coercition externe s'affirme avec netteté dans les cas de résistance, et qu'elle existe donc, quoique inconsciente, dans les cas contraires.

Il utilise le terme "coercition" pour désigner la contrainte morale exercée par la société sur les individus, et il oppose les termes "externe" et "interne" pour distinguer la source sociale et la source individuelle des sentiments.



- il continue en expliquant que nous sommes alors dupes d'une illusion qui nous fait croire que nous avons élaboré nous-mêmes ce qui s'est imposé à nous du dehors.

Il met en évidence le caractère illusoire de la conscience individuelle, qui se croit autonome alors qu'elle est déterminée par des forces sociales.

Il compare cette illusion à celle qui nous fait oublier le poids de l'air, qui est pourtant une réalité physique.

Il souligne ainsi le caractère objectif et incontournable des faits sociaux, qui s'imposent à nous comme des choses.



- il termine en affirmant que même si nous avons spontanément collaboré à l'émotion commune, l'impression que nous avons ressentie est différente de celle que nous aurions éprouvée si nous avions été seuls.

Il reconnaît que les individus peuvent participer volontairement aux sentiments collectifs, mais il montre que ces sentiments sont qualitativement distincts des sentiments individuels.

Il illustre ce point en évoquant le contraste entre le moment où l'on est dans l'assemblée et le moment où l'on se retrouve seul avec soi-même.

Il conclut que nous nous apercevons alors que nous avons subi ces sentiments beaucoup plus que nous ne les avons faits.

Il résume ainsi sa thèse principale, qui est que les faits sociaux ont une existence propre et indépendante des consciences individuelles.



- ce texte a pour enjeu de définir la méthode sociologique, qui consiste à étudier les faits sociaux comme des choses extérieures et coercitives, et non comme des expressions de la volonté ou du sentiment individuels.

Durkheim veut ainsi établir la spécificité et l'autonomie de la sociologie par rapport à la psychologie ou à la philosophie.

Il veut aussi montrer que les faits sociaux ont une influence déterminante sur les comportements et les représentations des individus, qui sont souvent inconscients ou illusoires.

Il veut enfin souligner la nécessité d'une analyse objective et rigoureuse des faits sociaux, fondée sur l'observation empirique et le raisonnement logique.