Dans cet extrait de la cité de dieu, augustin soulàùve la question de la justice et son lien avec les royaumes. il compare les bandes de brigands à des mini-royaumes et souligne que l'impunité et la conquête sont des éléments qui définissent le titre de royaume.
(354-430) Philosophe et théologien chrétien de l'Antiquité tardive, Saint Augustin a formulé des idées pour le christianisme occidental, notamment sur la grâce divine, le péché, la prédestination, et la relation entre la foi et la raison. Son œuvre "Les Confessions" est une exploration autobiographique de sa conversion au christianisme et de son cheminement spirituel.
légal/légitime
« Si on élimine la justice, que sont en effet les royaumes, sinon du brigandage en grand ? Les bandes de brigands elles-mêmes ne sont-elles pas, en petit, des royaumes ? Car ce sont des groupes d'hommes, où un chef commande, dont un pacte social resserre les liens, où des conventions règlent le partage du butin. Si cette société de crime fait assez de recrues parmi les malfaiteurs pour occuper certaines positions, pour fonder des établissements, pour occuper des cités, pour subjuguer les peuples, alors elle s'arroge plus ouvertement le titre de royaume, que lui confère aux regards de tous, non pas un renoncement quelconque â ses convoitises, mais bien l'impunité qu'elle s'est assurée. Spirituelle et juste fut la réponse que fit à Alexandre le Grand ce pirate tombé en son pouvoir. Le roi lui demandait : �oeÀ quoi penses-tu, d'infester ainsi la mer ? - Et toi, répondit-il, avec une audacieuse franchise, à quoi penses-tu, d'infester la terre ? Parce que je n'ai qu'un petit navire, on m'appelle un ”bandit�oe ; toi, comme tu opères avec une grande flotte, on te nomme un ”conquérant�oe”. »
Augustin, La Cité de Dieu
[A] - Questions d'analyse
1) Quelle est la comparaison faite entre les royaumes et les bandes de brigands ?
2) Comment la société de crime parvient-elle à s'arroger le titre de royaume ?
3) Quelle est la signification de la réponse du pirate à Alexandre le Grand ?
4) Comment l'auteur utilise-t-il l'exemple du pirate pour critiquer les conquérants ?
[B] - Éléments de synth��se
1) Expliquez la phrase "Si on élimine la justice, que sont en effet les royaumes, sinon du brigandage en grand ?"
Voici un exemple de commentaire possible du texte :
dans ce texte, augustin, un philosophe et théologien chrétien du ive siècle, s'interroge sur la nature des royaumes et des brigands, et sur le rôle de la justice dans la légitimité du pouvoir politique.
Il le fait à travers un dialogue fictif entre alexandre le grand, un conquérant célèbre, et un pirate, un brigand des mers.
- dans la première partie du texte (de "si on élimine la justice" à "elle s'arroge plus ouvertement le titre de royaume"), augustin expose sa thèse principale : sans justice, il n'y a pas de différence essentielle entre les royaumes et les bandes de brigands.
Il le fait en utilisant une hypothèse conditionnelle ("si on élimine la justice"), qui lui permet de montrer les conséquences d'une telle situation.
Il compare ensuite les caractéristiques communes des royaumes et des brigands : ils sont tous deux fondés sur un chef, un pacte social, des conventions et un butin.
Il souligne ainsi que la seule différence réside dans l'ampleur de leur action et dans l'impunité dont ils jouissent.
L'enjeu de cette partie est de remettre en cause la légitimité des rois qui ne respectent pas la justice, et de les assimiler à des criminels.
- dans la deuxième partie du texte (de "spirituelle et juste fut la réponse" à la fin), augustin illustre sa thèse par un exemple historique : le dialogue entre alexandre le grand et un pirate.
Il le fait en rapportant les paroles des deux interlocuteurs, qui se renvoient mutuellement leur accusation d'infester la mer ou la terre.
Il met ainsi en évidence le paradoxe qui consiste à condamner le pirate pour ses actes, alors qu'alexandre fait la même chose à une plus grande échelle.
Il montre aussi que le pirate a une conscience morale, puisqu'il dénonce l'injustice dont il est victime.
L'enjeu de cette partie est de renforcer l'argumentation d'augustin, en donnant un témoignage concret et en faisant appel à l'ironie pour dénoncer l'hypocrisie des conquérants.