• Bergson
Le voile de la conscience et la simplification pratique de la réalité
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Le contexte :

Dans ce texte, bergson s'interroge sur le voile qui sépare l'homme de sa propre conscience et questionne son utilité. selon lui, ce voile permet à  l'homme de vivre en appréhendant les choses en fonction de ses besoins et en simplifiant la réalité afin de guider son action.

L' auteur :

Bergson

(1859-1941) Remet en question la vision selon laquelle l'histoire viserait un progrès dans les sciences. Il propose une nouvelle philosophie permettant d'analyser le contenu conscient de l'expérience immédiate.

Le repère :

objectif/subjectif/intersubjectif

Le texte :

« Entre nous et notre propre conscience, un voile s'interpose, voile épais pour le commun des hommes, voile léger, presque transparent, pour l'artiste et le poète. Quelle fée a tissé ce voile ? Fut-ce par malice ou par amitié ? Il fallait vivre, et la vie exige que nous appréhendions les choses dans le rapport qu'elles ont à nos besoins. Vivre consiste à agir. Vivre, c'est n'accepter des objets que l'impression utile pour y répondre par des réactions appropriées : les autres impressions doivent s'obscurcir ou ne nous arriver que confusément. Je regarde et je crois voir, j'écoute et je crois entendre, je m'étudie et je crois lire dans le fond de mon cūur. Mais ce que je vois et ce que j'entends du monde extérieur, c'est simplement ce que mes sens en extraient pour éclairer ma conduite ; ce que je connais de moi-même, c'est ce qui affleure à la surface, ce qui prend part à l'action. Mes sens et ma conscience ne me livrent donc de la réalité qu'une simplification pratique. Dans la vision qu'ils me donnent des choses et de moi-même, les différences inutiles à l'homme sont effacées, les ressemblances utiles à l'homme sont accentuées, des routes me sont tracées à l'avance où mon action s'engagera. »
Bergson, Le Rire

Les questions :



[A] û Questions d'analyse
1) Quel est le voile dont parle l'auteur et quelle est sa nature ?
2) Pourquoi l'auteur se demande si ce voile a été tissé par malice ou par amitié ?
3) Comment l'auteur explique-t-il le rapport entre vivre et appréhender les choses ?
4) Quelle est la signification de l'expression "vivre consiste à agir" selon l'auteur ?

[B] û Éléments de synth��se
1) Expliquez la phrase "Vivre, c'est n'accepter des objets que l'impression utile pour y répondre par des réactions appropriées : les autres impressions doivent s'obscurcir ou ne nous arriver que confusément."

L'analyse :

Voici un possible développement de l'analyse du texte : le texte de bergson porte sur le rapport entre la conscience humaine et la réalité, et sur le rôle de l'art et de la poésie dans ce rapport.

L'auteur soutient que la perception ordinaire des choses et de soi-même est une simplification pratique, qui ne rend pas compte de la richesse et de la diversité du réel, mais qui est nécessaire pour agir et vivre.

Il oppose à cette perception utilitaire celle des artistes et des poètes, qui sont capables de lever le voile qui sépare la conscience de la réalité, et de révéler les aspects cachés ou négligés des objets et de soi-même.

L'auteur commence par introduire l'idée d'un voile qui s'interpose entre nous et notre propre conscience, c'est-à-dire entre nous et notre connaissance intime de nous-mêmes.

Il s'agit d'une métaphore qui exprime l'idée d'une séparation, d'une distance, d'une obscurité.

Ce voile n'est pas le même pour tous les hommes : il est épais pour le commun des hommes, c'est-à-dire pour ceux qui n'ont pas une sensibilité artistique ou poétique, et il est léger, presque transparent, pour l'artiste et le poète, c'est-à-dire pour ceux qui ont un regard plus aigu et plus profond sur les choses et sur eux-mêmes.

L'auteur se demande ensuite quelle fée a tissé ce voile, et si elle l'a fait par malice ou par amitié.

Il s'agit d'une question rhétorique, qui suggère que ce voile n'est pas le fruit du hasard, mais qu'il a une origine et une fonction.

La fée peut être interprétée comme une figure symbolique de la nature, du destin, ou de la raison humaine.

Le fait que l'auteur envisage deux motivations possibles pour la fée, la malice ou l'amitié, indique qu'il y a une ambivalence dans le rôle du voile : il peut être à la fois un obstacle et une protection.

L'auteur développe ensuite l'idée que le voile a été tissé par amitié, c'est-à-dire qu'il a une utilité pour la vie humaine.

Il explique que vivre consiste à agir, et que pour agir, il faut appréhender les choses dans le rapport qu'elles ont à nos besoins.

Autrement dit, il faut percevoir les objets non pas tels qu'ils sont en eux-mêmes, mais tels qu'ils sont utiles ou nuisibles pour nous.

L'auteur donne alors trois exemples de cette perception sélective et simplificatrice : je regarde et je crois voir, j'écoute et je crois entendre, je m'étudie et je crois lire dans le fond de mon c£ur.

Ces trois verbes expriment des facultés sensorielles ou intellectuelles qui permettent à l'homme de se mettre en relation avec le monde extérieur et avec lui-même.

Mais l'auteur montre que ces facultés sont trompeuses, car elles ne nous livrent qu'une partie de la réalité, celle qui est utile pour éclairer notre conduite.

Ainsi, ce que je vois et ce que j'entends du monde extérieur, c'est simplement ce que mes sens en extraient pour me guider dans mes actions ; ce que je connais de moi-même, c'est ce qui affleure à la surface, ce qui prend part à l'action.

L'auteur emploie le terme de simplification pratique pour qualifier cette perception utilitaire, qui efface les différences inutiles à l'homme et accentue les ressemblances utiles à l'homme.

Il ajoute que des routes me sont tracées à l'avance où mon action s'engagera, ce qui signifie que cette perception oriente ma volonté vers des choix déterminés par mes besoins.

L'auteur conclut en opposant la perception ordinaire à celle des artistes et des poètes.

Il affirme que ces derniers sont capables de lever le voile qui sépare la conscience de la réalité, et de révéler les aspects cachés ou négligés des objets et de soi-même.

Il s'agit d'une thèse qui valorise le rôle de l'art et de la poésie comme sources de connaissance et d'é.