• Bergson
La temporalité du présent et la persistance du passé
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Le contexte :

Dans ce passage de "matiàùre et mémoire" de bergson, il est question de la contradiction entre le passé qui a cessé d'être et sa capacité à  se conserver. l'auteur remet en question notre définition du présent et souligne que notre perception même du présent est en réalité un mélange de souvenirs et de moments passés. il nous invite ainsi à  repenser notre relation au temps et à  comprendre que le passé persiste en nous.

L' auteur :

Bergson

(1859-1941) Remet en question la vision selon laquelle l'histoire viserait un progrès dans les sciences. Il propose une nouvelle philosophie permettant d'analyser le contenu conscient de l'expérience immédiate.

Le repère :

médiat/immédiat

Le texte :

« Mais comment le passé, qui, par hypothèse, a cessé d'être, pourrait-il par lui-même se conserver ? N'y a-t-il pas là une contradiction véritable ? - Nous répondons que la question est précisément de savoir si le passé a cessé d'exister, ou s'il a simplement cessé d'être utile. Vous définissez arbitrairement le présent ce qui est, alors que le présent est simplement ce qui se fait. Rien n'est moins que le moment présent, si vous entendez par là cette limite indivisible qui sépare le passé de l'avenir. Lorsque nous pensons ce présent comme devant être, il n'est pas encore ; et quand nous le pensons comme existant, il est déjà passé. Que si, au contraire, vous considérez le présent concret et réellement vécu par la conscience, on peut dire que ce présent consiste en grande partie dans le passé immédiat. Dans la fraction de seconde que dure la plus courte perception possible de lumière, des trillions de vibrations ont pris place, dont la première est séparée de la dernière par un intervalle énormément divisé. Votre perception, si instantanée soit-elle, consiste donc en une incalculable multitude d'éléments remémorés, et, à vrai dire, toute perception est déjà mémoire. Nous ne percevons, pratiquement, que le passé, le présent pur étant l'insaisissable progrès du passé rongeant l'avenir. »
Bergson, Matière et mémoire

L'analyse :

Voici un exemple de commentaire linéaire du texte de bergson :

- le texte de bergson porte sur la notion de temps et plus précisément sur la relation entre le présent et le passé.

L'auteur cherche à montrer que le passé n'est pas une réalité disparue, mais qu'il subsiste dans le présent vécu par la conscience.

Il s'oppose ainsi à une conception du temps qui réduirait le présent à un instant fugitif et qui séparerait radicalement le passé de l'avenir.



- le texte se compose de deux parties.

Dans la première partie, qui va du début jusqu'à "ce qui se fait", bergson pose le problème sous la forme d'une question : comment le passé peut-il se conserver s'il a cessé d'être ? il annonce sa thèse, qui consiste à remettre en cause l'hypothèse selon laquelle le passé a cessé d'exister.

Il critique la définition arbitraire du présent comme ce qui est, et propose de le définir comme ce qui se fait.

Il montre ainsi que le présent n'est pas une limite fixe entre le passé et l'avenir, mais un processus dynamique et continu.

Il utilise pour cela des arguments logiques, basés sur la contradiction entre l'être et le devenir, et des arguments temporels, basés sur l'antériorité et la postériorité.

Il souligne ainsi les enjeux de sa conception du temps, qui permet de rendre compte de la durée réelle et de la vie intérieure.



- dans la deuxième partie, qui va de "que si, au contraire" jusqu'à la fin du texte, bergson développe sa thèse en analysant le présent concret et réellement vécu par la conscience.

Il affirme que ce présent consiste en grande partie dans le passé immédiat, c'est-à-dire dans la mémoire des événements qui viennent de se produire.

Il illustre son propos par l'exemple de la perception d'une lumière, qui implique une multitude d'éléments remémorés.

Il généralise ensuite son propos en affirmant que toute perception est déjà mémoire.

Il conclut en inversant la relation entre le présent et le passé : ce n'est pas le présent qui ronge le passé, mais le passé qui ronge l'avenir.

Il utilise pour cela des arguments empiriques, basés sur l'observation des phénomènes physiques et psychologiques, et des arguments quantitatifs, basés sur les notions de multitude et d'incalculable.

Il met ainsi en évidence les conséquences de sa conception du temps, qui permet de rendre compte de la continuité et de la richesse du vécu.