L'analyse :
Voici une possible analyse du texte de sartre :
- dans la première phrase, sartre affirme que l'homme qui vit dans une situation historique donnée ne perçoit pas toujours les défauts et les manques de l'organisation politique ou économique qui la caractérise.
Il explique que ce n'est pas par habitude, mais parce qu'il la saisit comme une réalité pleine et indépassable.
Il s'agit donc d'une thèse qui remet en cause l'idée commune selon laquelle l'homme s'adapte à sa situation par accoutumance ou par fatalisme.
- dans la deuxième phrase, sartre inverse l'opinion générale et soutient que ce n'est pas la souffrance qui pousse l'homme à concevoir un autre état de choses, mais c'est la possibilité de concevoir un autre état de choses qui rend la souffrance intolérable.
Il s'agit donc d'un argument qui montre que le changement historique dépend de la capacité imaginative et critique de l'homme, et non de sa sensibilité ou de sa réaction aux circonstances.
- dans la troisième phrase, sartre illustre son propos par l'exemple de l'ouvrier de 1830, qui peut se révolter contre une baisse de salaire, mais qui ne se représente pas ses conditions de vie comme insupportables.
Il explique que cela vient du fait qu'il lui manque la culture et la réflexion nécessaires pour concevoir un état social où il n'aurait pas à souffrir.
Il s'agit donc d'un cas concret qui appuie la thèse de sartre et qui met en évidence le rôle de la conscience dans le processus historique.
Le texte de sartre vise donc à montrer que l'histoire n'est pas le produit d'une fatalité ou d'une adaptation passive, mais qu'elle résulte de la capacité des hommes à se représenter autrement leur situation et à agir en conséquence.
Il souligne ainsi l'importance de la culture et de la réflexion pour éveiller cette capacité et pour rendre possible le changement.
