Dans cet extrait des entretiens d'épictàùte, l'auteur met en évidence la difficulté des hommes à se préoccuper des choses extérieures et à craindre les circonstances incontràïlables. il souligne l'importance de se concentrer sur ce qui dépend de soi et de ne pas laisser les désirs et les aversions être dictés par des éléments externes. la clé de la tranquillité réside dans l'alignement avec la nature et l'acceptation des choses qui ne sont pas sous notre contràïle.
(50-130) Philosophe Stoïcien qui n'a jamais rien écrit de sa propre main, cependant de nombreux disciples ont écrit à son sujet et ont transmis ses propos à la postérité. En tant que Stoïciens, il s'efforce de vivre selon la Nature c'est-à-dire conformément à la Raison
objectif/subjectif/intersubjectif
« Il y a chez les hommes bien de la difficulté, bien de l'embarras quand il s'agit des choses extérieures. �oeQue vais-je faire ? Que peut-il advenir ? Quelle sera l'issue ? Pourvu que telle ou telle chose ne se rencontre !” Tous ces mots sont ceux de gens qui s'attachent aux choses indépendantes de la volonté. Quel homme dit en effet : �oeComment faire pour ne pas donner mon assentiment à l'erreur ? pour ne pas me détourner de la vérité ?” S'il est assez doué pour s'inquiéter de pareilles choses, je l'avertirai : �oePourquoi t'inquiéter ? Cela dépend de toi ; sois en sécurité ; ne te hâte pas de donner ton assentiment avant d'appliquer la règle naturelle.” S'il s'inquiète que ses désirs ne soient pas satisfaits et soient mis en échec, que ses aversions le fassent tomber sur l'objet détesté, d'abord je l'embrasserai parce qu'il a laissé de côté tout ce qui effraye les autres et toutes leurs craintes pour s'occuper de son activité propre, dans la région même où est son moi lui-même. Puis je lui dirai : �oesi tu ne veux pas échouer dans tes désirs ni tomber sur ce que tu détestes, ne désire rien qui te soit étranger, ne cherche à éviter rien de ce qui ne dépend pas de toi. Sinon tu dois échouer et tomber sur les objets détestés”. Quelle difficulté là-dedans ? Où y a-t-il place pour ces phrases : �oeQue va-t-il survenir ? Quelle issue cela aura-t-il ? Pourvu que je ne rencontre pas ceci ou cela !” ? »
Épictète, Entretiens
[A] - Questions d'analyse
1) Quels sont les mots utilisés par les personnes qui s'attachent aux choses indépendantes de la volonté ?
2) Selon l'auteur, quelles sont les préoccupations d'un homme doué qui se soucie de ne pas donner son assentiment à l'erreur ?
3) Comment l'auteur conseillerait-il à cet homme de ne pas s'inquiéter ?
4) Pourquoi l'auteur embrasserait-il cet homme qui se préoccupe de ses désirs et aversions ?
[B] - Éléments de synth��se
1) Expliquez la r��gle naturelle mentionnée par l'auteur.
2) En vous basant sur les éléments précédents, résumez l'idée principale du texte ainsi que les étapes de l'argumentation.
[C] - Commentaire
1) Pourquoi l'auteur affirme-t-il qu'il n'y a pas de place pour des phrases telles que "Que va-t-il survenir ? Quelle issue cela aura-t-il ? Pourvu que je ne rencontre pas ceci ou cela !" ?
2) À la lumi��re de vos connaissances et de vos lectures, et en tenant compte du texte, vous vous demanderez si l'auteur consid��re que l'attachement aux choses extérieures est une source de souffrance.
Voici un exemple de développement possible :
dans ce texte, épictète, philosophe sto´cien, expose sa conception de la liberté humaine et de la sagesse.
Il distingue deux types de choses : celles qui dépendent de la volonté et celles qui sont indépendantes de la volonté.
Il montre que les hommes se trompent en s'attachant aux choses extérieures, qui sont sources d'angoisse et de frustration, au lieu de se concentrer sur leur activité propre, qui est de juger correctement et d'agir conformément à la raison.
Il commence par évoquer les préoccupations habituelles des hommes, qui portent sur des événements futurs ou possibles, dont ils ne maîtrisent pas l'issue.
Il cite des exemples de questions qu'ils se posent : ôque vais-je faire ? que peut-il advenir ? quelle sera l'issue ? pourvu que telle ou telle chose ne se rencontre !ö ces questions révèlent une attitude erronée, qui consiste à accorder de l'importance à des choses indépendantes de la volonté, c'est-à-dire qui ne dépendent pas du pouvoir de l'homme, mais du hasard, de la fortune, ou de la nécessité.
Ces choses sont extérieures à l'homme, elles ne font pas partie de son essence, de sa nature.
Elles sont indifférentes, au sens où elles ne contribuent ni à son bonheur ni à son malheur.
En s'attachant à ces choses, les hommes se mettent en situation de dépendance et d'impuissance.
Ils ne peuvent pas contrôler ce qui va arriver, ni garantir que leurs désirs seront satisfaits ou que leurs aversions seront évitées.
Ils sont donc exposés à la peur, à l'inquiétude, à la déception, à la colère, bref à toutes les passions qui troublent l'âme et empêchent la sérénité.
Il oppose ensuite une autre attitude, plus rare et plus sage, qui consiste à se soucier uniquement des choses qui dépendent de la volonté.
Il s'agit des jugements que l'on porte sur les choses, des opinions que l'on forme, des actions que l'on accomplit.
Ces choses sont intérieures à l'homme, elles font partie de son activité propre, de sa raison.
Elles sont bonnes ou mauvaises selon qu'elles sont conformes ou non à la nature et à la vertu.
En se concentrant sur ces choses, les hommes se mettent en situation de liberté et de maîtrise.
Ils peuvent contrôler ce qu'ils pensent et ce qu'ils font, en appliquant la règle naturelle, c'est-à-dire le principe rationnel qui guide le comportement humain.
Ils peuvent garantir que leurs désirs seront satisfaits et que leurs aversions seront évitées, à condition de ne désirer que ce qui est en leur pouvoir et d'éviter ce qui ne l'est pas.
Ils sont donc à l'abri de l'angoisse, de la frustration, de la souffrance, bref de tous les maux qui affectent le corps et l'esprit.
Ils atteignent ainsi la sagesse, qui est le seul bien véritable.
Il conclut en montrant que cette attitude est plus simple et plus facile que celle des hommes ordinaires.
Il pose une question rhétorique : ôquelle difficulté là-dedans ?ö il suggère que suivre la raison est plus naturel et plus harmonieux que suivre les passions.
Il souligne aussi que cette attitude élimine les interrogations inutiles et angoissantes sur le futur ou le possible : ôoù y a-t-il place pour ces phrases : ôque va-t-il survenir ? quelle issue cela aura-t-il ? pourvu que je ne rencontre pas ceci ou cela !ö ?ö il invite donc les hommes à se libérer des illusions et des attachements qui les rendent malheureux, et à se conformer à leur nature rationnelle et vertueuse.