• Durkheim
L'accumulation de la sagesse humaine grà¢ce à  la société
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L' auteur :

Durkheim

(1858-1917) Est le père fondateur de la sociologie, une science qui se distingue de la philosophie pour établir des bases scientifiques à l'étude des phénomènes sociaux.

Le repère :

transcendant/immanent

Le texte :

« De ce qu'un animal a pu apprendre au cours de son existence individuelle, presque rien ne peut lui survivre. Au contraire, les résultats de l'expérience humaine se conservent presque intégralement et jusque dans le détail, grâce aux livres, aux monuments figurés, aux outils, aux instruments de toute sorte qui se transmettent de génération en génération, à la tradition orale, etc. Le sol de la nature se recouvre ainsi d'une riche alluvion qui va sans cesse en croissant. Au lieu de se dissiper toutes les fois qu'une génération s'éteint ou est remplacée par une autre, la sagesse humaine s'accumule sans terme, et c'et cette accumulation indéfinie qui élève l'homme au-dessus de la bête et au-dessus de lui-même. Mais, tout comme la coopération dont il était d'abord question, cette accumulation n'est possible que dans et par la société. Car pour que le legs de chaque génération puisse être conservé et ajouté aux autres, il faut qu'il y ait une personnalité morale qui dure par-dessus les générations qui passent, qui les relie les unes aux autres : c'est la société. Ainsi, l'antagonisme qui l'on a trop souvent admis entre la société et l'individu ne correspond à rien dans les faits. Bien loin que ces deux termes s'opposent et ne puissent se développer qu'en sens inverse l'un de l'autre, ils s'impliquent. L'individu, en voulant la société, se veut lui-même. L'action qu'elle exerce sur lui, par la voie de l'éducation notamment, n'a nullement pour objet et pour effet de le comprimer, de le diminuer, de le dénaturer, mais, au contraire, de le grandir, et d'en faire un être vraiment humain. »
Durkheim, Éducation et sociologie

Les questions :



[A] û Questions dÆanalyse
1) Quelle est la différence entre l'apprentissage d'un animal et celui de l'homme selon le texte ?
2) Comment est-il possible de conserver les résultats de l'expérience humaine selon le texte ?
3) Quels sont les différents moyens mentionnés dans le texte pour conserver les résultats de l'expérience humaine ?
4) En quoi l'accumulation de la sagesse humaine él��ve-t-elle l'homme au-dessus de la bête selon le texte ?

[B] û Éléments de synth��se
1) Expliquez en quoi l'accumulation des résultats de l'expérience humaine él��ve l'homme au-dessus de la bête selon le texte.
2) En vous aidant des éléments précédents, dégagez l'idée principale du texte ainsi que les étapes de son argumentation.

[C] û Commentaire
1) Selon Durkheim, pourquoi l'antagonisme entre la société et l'individu est-il inexistant ?
2) À la lumi��re de vos connaissances et de vos lectures, et en tenant compte du texte, vous vous demanderez si l'éducation a réellement pour objectif de comprimer, diminuer ou dénaturer l'individu, ou si elle a plut��t pour effet de le grandir et d'en faire un être vraiment humain.

L'analyse :

Voici un exemple de développement possible : l'auteur de ce texte, durkheim, cherche à montrer que la société est un facteur essentiel du développement humain, et non pas une entrave à la liberté individuelle.

Il s'appuie pour cela sur deux arguments principaux : la coopération et l'accumulation du savoir.

Dans le premier paragraphe, il compare la situation de l'animal et de l'homme en matière d'apprentissage.

Il affirme que l'animal ne peut transmettre que très peu de ce qu'il a appris au cours de sa vie, tandis que l'homme dispose de moyens variés pour conserver et diffuser les résultats de son expérience : les livres, les monuments, les outils, la tradition orale, etc.

Il en déduit que l'homme s'élève au-dessus de la nature grâce à cette richesse culturelle qui s'accroît sans cesse.

Il souligne ainsi l'importance de la mémoire collective, qui permet à chaque génération de bénéficier du patrimoine des précédentes et de le faire fructifier.

Mais il précise que cette accumulation du savoir n'est possible que dans et par la société, qui assure la continuité et la transmission des connaissances.

Il montre donc que la société est une condition du progrès humain.

Dans le deuxième paragraphe, il réfute l'idée d'un antagonisme entre la société et l'individu.

Il affirme au contraire qu'ils s'impliquent mutuellement, c'est-à-dire qu'ils se renforcent et se complètent.

Il explique que l'individu a besoin de la société pour se réaliser pleinement, car c'est elle qui lui donne accès à la culture et à la coopération.

Il prend l'exemple de l'éducation, qui n'est pas une contrainte imposée par la société, mais un moyen de faire grandir l'individu et de le rendre vraiment humain.

Il montre donc que la société est une source d'émancipation individuelle.

On peut conclure que durkheim défend une conception positive et optimiste de la société, qu'il voit comme un facteur de civilisation et d'humanisation.

Il invite à reconnaître le rôle essentiel de la culture et de l'éducation dans le développement humain.

Il s'oppose ainsi aux théories qui présentent la société comme une aliénation ou une oppression de l'individu.