(1646-1716) Est avec Newton l'inventeur du calcul différentiel et infinitésimal : l'idée est que de très petits ordres de grandeurs, une fois additionnés, donnent des choses sensibles. Leibniz est un représentant du Rationalisme, attitude philosophique qui stipule qu
nécessaire/contingent
« Les sens, quoique nécessaires pour toutes nos connaissances actuelles, ne sont point suffisants pour nous les donner toutes, puisque les sens ne donnent jamais que des exemples, c'est-à-dire des vérités particulières ou individuelles. Or tous les exemples qui confirment une vérité générale, de quelque nombre qu'ils soient, ne suffisent pas pour établir la nécessité universelle de cette même vérité, car il ne suit pas que ce qui est arrivé arrivera toujours de même. Par exemple, les Grecs et Romains et tous les autres peuples de la terre connue des anciens ont toujours remarqué qu'avant le décours de 24 heures, le jour se change en nuit, et la nuit en jour. Mais on se serait trompé, si l'on avait cru que la même règle s'observe partout ailleurs, puisque depuis on a expérimenté le contraire dans le séjour de Nova Zembla . Et celui-là se tromperait encore, qui croirait que, dans nos climats au moins, c'est une vérité nécessaire et éternelle qui durera toujours, puisqu'on doit juger que la terre et le soleil même n'existent pas nécessairement, et qu'il y aura peut-être un temps où ce bel astre ne sera plus, au moins dans sa présente forme, ni tout son système. D'où il paraît que les vérités nécessaires, telles qu'on les trouve dans les mathématiques pures et particulièrement dans l'arithmétique et dans la géométrie, doivent avoir des principes dont la preuve ne dépende point des exemples, ni par conséquence du témoignage des sens. »
Leibniz
[A] - Questions d'analyse
1) Quel est le r��le des sens dans l'acquisition de nos connaissances ?
2) Pourquoi les sens ne sont-ils pas suffisants pour nous donner toutes nos connaissances ?
3) Comment les exemples donnés par les sens diff��rent-ils des vérités générales ?
4) Quelle est la différence entre une vérité générale et une vérité nécessaire selon l'auteur ?
[B] - Éléments de synth��se
1) Expliquez la phrase : "Les sens ne donnent jamais que des exemples, c'est-à-dire des vérités particuli��res ou individuelles."
2) En vous aidant des éléments précédents, dégagez l'idée principale du texte ainsi que les étapes de son argumentation.
[C] - Commentaire
1) Selon l'auteur, pourquoi les vérités nécessaires ne peuvent-elles pas être prouvées par les exemples ou les sens ?
2) À la lumi��re de vos connaissances et de vos lectures, et en tenant compte du texte, vous vous demanderez si les sens sont indispensables pour l'acquisition de toutes nos connaissances.
Voici une possible analyse du texte de leibniz :
- le texte traite de la question de l'origine et de la validité de nos connaissances, et plus précisément du rôle des sens dans la connaissance des vérités nécessaires, c'est-à-dire des vérités qui ne peuvent pas être autrement, comme les vérités mathématiques.
- l'auteur commence par affirmer que les sens, bien qu'indispensables pour toutes nos connaissances actuelles, ne sont pas suffisants pour nous les donner toutes.
Il explique cela par le fait que les sens ne nous donnent que des exemples, c'est-à-dire des vérités particulières ou individuelles, qui ne peuvent pas garantir la nécessité universelle d'une vérité générale.
Il illustre son propos par un exemple tiré de l'astronomie : le fait que le jour se change en nuit et la nuit en jour dans un intervalle de 24 heures n'est pas une vérité nécessaire, puisqu'il existe des lieux où ce phénomène ne se produit pas, et qu'il est possible que le soleil et la terre cessent d'exister un jour.
L'auteur veut montrer par là que les sens ne nous renseignent que sur ce qui est contingent, c'est-à-dire ce qui peut être ou ne pas être, et non sur ce qui est nécessaire, c'est-à-dire ce qui ne peut pas ne pas être.
- l'auteur poursuit en affirmant que les vérités nécessaires, telles qu'on les trouve dans les mathématiques pures, doivent avoir des principes dont la preuve ne dépend pas des exemples, ni par conséquent du témoignage des sens.
Il oppose ainsi les mathématiques aux sciences empiriques, qui se fondent sur l'observation et l'expérience.
Il suggère que les mathématiques ont une certitude supérieure aux autres sciences, car elles reposent sur des principes rationnels et non sur des faits sensibles.
Il implique que les mathématiques nous révèlent la structure nécessaire de la réalité, indépendamment de ses variations contingentes.
- le texte vise donc à remettre en cause la valeur des sens comme source de connaissance, et à défendre l'idée que la raison est le seul moyen d'accéder aux vérités nécessaires.
Il s'inscrit dans une perspective rationaliste, qui privilégie la démonstration logique à l'expérimentation empirique.
Il pose le problème de la relation entre les vérités mathématiques et les phénomènes naturels, et invite à réfléchir sur les limites et les conditions de notre connaissance du réel.