• Berkeley
Les fondements du gouvernement civil selon berkeley
liberté - état



Le contexte :

Dans ce texte, berkeley aborde la question des origines du gouvernement civil. il distingue deux interprétations possibles du contrat social une soumission totale aux décrets du pouvoir législatif ou une soumission conditionnelle et limitée aux lois favorisant le bien commun, avec la possibilité pour les sujets de résister et de changer le gouvernement par la force si nécessaire.

L' auteur :

Berkeley

Le repère :

origine/fondement

Le texte :

« Si je laisse de côté toute discussion sur les premiers et obscurs commencements du gouvernement […], je remarque que le fait que le gouvernement soit fondé sur un contrat peut être entendu en un double sens : ou bien, premier cas, plusieurs individus libres, découvrant l'intolérable désagrément d'un état où règne l'anarchie, où chacun agit selon son bon vouloir, ont consenti par un accord mutuel à se soumettre totalement aux décrets d'un pouvoir législatif déterminé, décrets qui, même s'ils peuvent quelquefois s'exercer avec dureté sur les sujets, doivent pourtant à coup sûr se révéler être un gouvernement plus aisé que celui des humeurs violentes et des volonté inconstantes et contradictoires d'une multitude. Et si nous admettons qu'un tel pacte a été le fondement originel du gouvernement civil, cette simple supposition suffit pour qu'on le tienne comme sacré et inviolable. Ou bien, second cas, on veut dire que les sujets ont passé un contrat avec leurs souverains ou législateurs respectifs pour devoir à leurs lois une soumission, non pas totale, mais conditionnelle et limitée, autrement dit sous la condition que l'observation de ces lois contribue dans la mesure du possible au bien commun ; dans ce cas, les sujets se réservent encore le droit de surveiller les lois et de juger si elles sont aptes ou non à favoriser le bien commun, ils se réservent aussi le droit (au cas où tous ou partie l'estimeraient nécessaire) de résister aux autorités suprêmes et de changer l'organisation totale du gouvernement par la force, ce qui constitue un droit que tous les hommes, qu'il s'agisse d'individus ou de sociétés, possèdent sur ceux qu'ils ont choisis pour les représenter. »
Berkeley, De l'Obéissance passive

L'analyse :

Voici un possible développement de l'analyse du texte : le texte de berkeley traite de la question du fondement du gouvernement civil et de la nature du contrat qui lie les sujets au pouvoir législatif.

L'auteur distingue deux sens possibles de ce contrat : un sens absolu et un sens conditionnel.

Dans le premier cas, le contrat est fondé sur le consentement mutuel de plusieurs individus libres qui, pour échapper à l'état d'anarchie où chacun suit son bon vouloir, acceptent de se soumettre totalement aux lois d'un pouvoir législatif déterminé.

L'auteur expose les raisons de ce choix : il s'agit d'un moindre mal par rapport à l'insécurité et à l'instabilité de l'état de nature, où les humeurs et les volontés sont violentes, inconstantes et contradictoires.

L'auteur en déduit que, si ce pacte est le fondement originel du gouvernement civil, il doit être respecté comme sacré et inviolable, c'est-à-dire qu'il ne peut être remis en cause ni par les sujets ni par le pouvoir législatif.

Dans le second cas, le contrat est fondé sur une soumission conditionnelle et limitée des sujets aux lois, sous la condition que celles-ci contribuent au bien commun.

L'auteur précise que, dans ce cas, les sujets conservent le droit de surveiller les lois et de juger de leur conformité au bien commun, ainsi que le droit de résister au pouvoir législatif et de changer l'organisation du gouvernement par la force, si cela est jugé nécessaire.

L'auteur affirme que ce droit appartient à tous les hommes, qu'ils soient individus ou sociétés, sur ceux qu'ils ont choisis pour les représenter.

L'enjeu du texte est donc de comparer ces deux conceptions du contrat social et d'en montrer les implications politiques.

L'auteur semble défendre la première conception, qui garantit la stabilité et la légitimité du gouvernement civil, contre la seconde, qui ouvre la possibilité de la révolte et du changement.

Le texte invite ainsi à réfléchir sur les conditions d'un ordre politique juste et durable.