Rousseau explore la nature de la perception et du jugement dans ce texte, illustrant comment un enfant perà§oit un bà¢ton partiellement immergé dans l'eau comme brisé. il souligne que l'erreur survient lorsque nous émettons des jugements basés sur l'induction plutàït que sur l'inspection sensorielle, remettant en question la nécessité du jugement dans notre quête de bonheur.
(1712-1778) Repense les structures de la société et de l'éducation à son époque. Son effort philosophique vise à unifier sous une même pensée la relation qu'ont les hommes entre eux dans la société, l'effet de la société moderne sur ces derniers, et la source de cette relation.
vrai/probable/certain
« La première fois qu'un enfant voit un bâton à moitié plongé dans l'eau, il voit un bâton brisé : la sensation est vraie, et elle ne laisserait pas de l'être, quand même nous ne saurions point la raison de cette apparence. Si donc vous lui demandez ce qu'il voit, il dit : un bâton brisé, et il dit vrai, car il est très sûr qu'il a la sensation d'un bâton brisé. Mais quand, trompé par son jugement, il va plus loin, et qu'après avoir affirmé qu'il voit un bâton brisé, il affirme encore que ce qu'il voit est en effet un bâton brisé, alors il dit faux. Pourquoi cela ? parce qu'alors il devient plus actif, et qu'il ne juge plus par inspection, mais par induction, en affirmant ce qu'il ne sent, savoir que le jugement qu'il reçoit par un sens serait confirmé par un autre. Puisque toutes nos erreurs viennent de nos jugements, il est clair que si nous n'avions jamais besoin de juger, nous n'aurions nul besoin d'apprendre ; nous ne serions jamais dans le cas de nous tromper ; nous serions plus heureux de notre ignorance que nous ne pouvons l'être de notre savoir. »
Rousseau
[A] - Questions d'analyse
1) Comment le texte décrit-il la perception d'un enfant face à un bâton plongé à moitié dans l'eau ?
2) Pourquoi peut-on dire que l'enfant dit vrai lorsqu'il affirme voir un bâton brisé ?
3) Quelle est la différence entre la premi��re affirmation de l'enfant et la deuxi��me affirmation qui est considérée comme fausse ?
4) Quelle est la raison pour laquelle l'enfant se trompe dans sa deuxi��me affirmation ?
[B] - Éléments de synth��se
1) Que signifie l'affirmation selon laquelle "si nous n'avions jamais besoin de juger, nous n'aurions nul besoin d'apprendre" ?
2) En vous basant sur les précédents éléments, dégagez l'idée principale du texte ainsi que les différentes étapes de son argumentation.
[C] - Commentaire
1) Peut-on dire que la connaissance et la perception sont toujours subjectives ? Justifiez votre réponse en vous appuyant sur le texte de Rousseau.
2) À la lumi��re de vos connaissances et de vos lectures, et en tenant compte du texte de Rousseau, discutez de la relation entre perception et connaissance.
- commencez par présenter le texte : donnez le nom de l'auteur, le titre de l'£uvre dont il est extrait, la date de publication, le thème général et la problématique abordée.
- par exemple : ce texte est un extrait du livre iv de l'émile, ou de l'éducation, publié en 1762 par jean-jacques rousseau.
Il s'agit d'un traité philosophique sur l'éducation, qui expose les principes d'une éducation naturelle et conforme à la nature humaine.
Dans ce passage, rousseau s'interroge sur la source de nos erreurs et sur le rapport entre nos sensations et nos jugements.
- ensuite, divisez le texte en parties selon les idées principales : repérez les mots de liaison, les changements de ton, les exemples, les oppositions, etc.
Qui marquent une progression dans le raisonnement de l'auteur.
- par exemple : on peut distinguer trois parties dans ce texte :
- la première partie va du début jusqu'à "il dit vrai" : rousseau présente un exemple concret d'une illusion d'optique qui trompe un enfant qui voit un bâton brisé dans l'eau.
Il affirme que la sensation est vraie, car elle correspond à ce que l'enfant perçoit réellement.
- la deuxième partie va de "mais quand" jusqu'à "il dit faux" : rousseau explique que l'erreur ne vient pas de la sensation, mais du jugement que l'enfant porte sur ce qu'il voit.
Il distingue deux types de jugement : par inspection, qui se fonde sur la perception immédiate, et par induction, qui infère une conclusion à partir d'autres données.
Il montre que c'est le jugement par induction qui est faux, car il suppose que la sensation serait confirmée par un autre sens (le toucher).
- la troisième partie va de "pourquoi cela ?" jusqu'à la fin : rousseau tire les conséquences de son analyse : il affirme que toutes nos erreurs viennent de nos jugements, et que si nous n'avions pas besoin de juger, nous serions plus heureux dans notre ignorance.
Il suggère ainsi que le savoir est source de malheur et que l'éducation devrait se limiter à développer les sens plutôt que la raison.
- enfin, commentez chaque partie en suivant la méthode proposée dans les instructions : réexpliquez les idées soutenues par l'auteur, montrez par quels moyens il les établit, et explicitez les enjeux de son propos.
- par exemple :
- dans la première partie, rousseau défend l'idée que la sensation est vraie, c'est-à-dire qu'elle reflète fidèlement ce que l'enfant voit.
Il utilise un exemple simple et familier pour illustrer son propos : un bâton plongé dans l'eau qui semble brisé.
Il souligne que cette apparence ne dépend pas de la connaissance de la cause (la réfraction de la lumière), mais seulement de l'impression produite sur l'£il.
Il conclut que l'enfant dit vrai quand il affirme qu'il voit un bâton brisé, car il se base sur son expérience sensible directe.
L'enjeu de cette partie est de montrer que la sensation n'est pas en elle-même source d'erreur, mais qu'elle est au contraire le fondement de notre connaissance du monde.
- dans la deuxième partie, rousseau montre que l'erreur vient du jugement que l'enfant porte sur ce qu'il voit.
Il oppose deux types de jugement : le jugement par inspection, qui se contente de constater ce qui est perçu sans aller au-delà ; et le jugement par induction, qui cherche à tirer une conclusion générale à partir d'autres informations.
Il explique que c'est le jugement par induction qui est faux, car il suppose que la sensation visuelle serait confirmée par la sensation tactile.
Il donne ainsi un exemple d'un raisonnement hâtif et erroné, qui confond ce qui est vu avec ce qui est réel.
L'enjeu de cette partie est de mettre en évidence le rôle de la raison dans la production des erreurs, et de critiquer la confiance excessive dans les déductions logiques.