Dans son discours sur l'économie politique, rousseau souligne l'importance pour un gouvernement de ne pas se limiter à l'obéissance des citoyens, mais de les influencer jusqu'à leur volonté. selon lui, un gouvernement efficace doit être capable de modeler les individus afin qu'ils deviennent des hommes estimables, capables de respecter les lois par choix et non par contrainte.
(1712-1778) Repense les structures de la société et de l'éducation à son époque. Son effort philosophique vise à unifier sous une même pensée la relation qu'ont les hommes entre eux dans la société, l'effet de la société moderne sur ces derniers, et la source de cette relation.
voici un exemple de commentaire linéaire du texte de rousseau : - introduction : présenter le texte (auteur, titre, date, genre, contexte), situer le passage dans l'£uvre, annoncer la problématique et le plan. - par exemple : dans le discours sur l'économie politique, publié en 1755, rousseau expose sa conception du bon gouvernement, fondée sur le respect de la volonté générale et l'intérêt commun. le texte que nous allons étudier est extrait de la première partie du discours, où l'auteur définit les principes généraux de l'économie politique. il s'agit du dernier paragraphe, qui conclut la première partie et annonce la seconde, consacrée à l'application des principes à différents régimes politiques. dans ce passage, rousseau affirme que le rôle du gouvernement ne se limite pas à maintenir l'ordre et la paix, mais qu'il doit aussi former les citoyens et les rendre dignes de leur liberté. nous verrons comment rousseau développe cette idée en opposant deux conceptions du pouvoir : l'une qui se contente de l'obéissance passive, l'autre qui vise à l'éducation active. nous analyserons ensuite les enjeux de cette distinction pour la théorie politique de rousseau. - développement : suivre le plan annoncé en introduction, en analysant chaque idée du texte avec les trois questions (quoi, comment, pourquoi). - par exemple : i) l'opposition entre deux conceptions du pouvoir - quoi : rousseau oppose deux manières de gouverner les hommes : l'une qui se borne à faire régner l'ordre et la paix, l'autre qui cherche à les rendre meilleurs et plus libres. il critique la première comme étant superficielle et inefficace, et valorise la seconde comme étant profonde et durable. - comment : rousseau utilise des procédés rhétoriques pour marquer cette opposition : il emploie des adverbes comme "beaucoup" ou "plus" pour souligner la différence de degré entre les deux conceptions ; il recourt à des antithèses comme "apparence/réalité", "tranquille/respectée", "pénètre/exerce", "guerriers/canaille" pour mettre en évidence la différence de nature entre les deux conceptions ; il utilise des modalisateurs comme "si", "il vaut mieux", "il est certain" pour exprimer son jugement et sa préférence. - pourquoi : rousseau veut montrer que le pouvoir ne se réduit pas à la contrainte extérieure, mais qu'il implique aussi une influence intérieure. il veut dénoncer les gouvernements qui se contentent de maintenir l'ordre par la force, sans se soucier du bien-être et de la vertu des citoyens. il veut promouvoir les gouvernements qui cherchent à former les hommes à la citoyenneté, en leur faisant aimer les lois et la liberté. ii) les enjeux de cette distinction pour la théorie politique de rousseau - quoi : rousseau tire les conséquences de son opposition entre deux conceptions du pouvoir pour sa théorie politique. il affirme que le gouvernement doit être fondé sur le consentement des citoyens, et non sur la crainte ou la force. il soutient que le gouvernement doit être adapté aux m£urs et aux besoins des peuples, et non imposé arbitrairement. il propose que le gouvernement doit être réformable et perfectible, et non figé ou corrompu. - comment : rousseau utilise des impératifs comme "faites", "formez", "rendez" pour exprimer ses recommandations aux gouvernants. il emploie des pronoms personnels comme "vous", "on", "il" pour distinguer les acteurs politiques : les gouvernants, les gouvernés, le prince. il recourt à des connecteurs logiques comme "si", "quand", "donc" pour établir des relations de cause à effet entre les principes et les conséquences. - pourquoi : rousseau veut définir les conditions d'un bon gouvernement, qui respecte la volonté générale et l'intérêt commun. il veut établir les critères d'un bon citoyen, qui obéit aux lois par amour et non par contrainte
« C'est beaucoup que d'avoir fait régner l'ordre et la paix dans toutes les parties de la république ; c'est beaucoup que l'État soit tranquille et la loi respectée : mais si l'on ne fait rien de plus, il y aura dans tout cela plus d'apparence que de réalité, et le gouvernement se fera difficilement obéir s'il se borne à l'obéissance, S'il est bon de savoir employer les hommes tels qu'ils sont, il vaut beaucoup mieux encore les rendre tels qu'on a besoin qu'ils soient ; l'autorité la plus absolue est celle qui pénètre jusqu'à l'intérieur de l'homme, et ne s'exerce pas moins sur la volonté que sur les actions. Il est certain que les peuples sont à la longue ce que le gouvernement les fait être. Guerriers, citoyens, hommes, quand il le veut ; populace et canaille quand il lui plaît : et tout prince qui méprise ses sujets se déshonore lui-même en montrant qu'il n'a pas su les rendre estimables. Formez donc des hommes si vous voulez commander à des hommes : si vous voulez qu'on obéisse aux lois, faites qu'on les aime, et que pour faire ce qu'on doit, il suffise de songer qu'on le doit faire. »
Rousseau, Discours sur l'économie politique
[A] - Questions d'analyse :
1) Quel est le r��le du gouvernement selon le texte ?
2) Quelle est la différence entre l'obéissance et la soumission selon l'auteur ?
3) Comment le gouvernement peut-il rendre les citoyens "estimables" ?
4) Quelle est la relation entre le comportement des citoyens et le gouvernement selon l'auteur ?
[B] - Éléments de synth��se :
1) Expliquez la phrase : "Si l'on ne fait rien de plus, il y aura dans tout cela plus d'apparence que de réalité, et le gouvernement se fera difficilement obéir s'il se borne à l'obéissance."
Voici un exemple de développement possible :
dans ce texte, rousseau expose sa conception du rôle du gouvernement et de l'éducation des citoyens.
Il commence par reconnaître que le maintien de l'ordre et de la paix dans la république est une tâche importante, mais qu'elle n'est pas suffisante pour assurer le bien commun.
Il affirme ensuite que le gouvernement doit non seulement faire obéir les hommes, mais aussi les former et les rendre dignes de leur condition humaine et civile.
Il soutient enfin que le meilleur moyen d'obtenir l'obéissance aux lois est de faire en sorte que les hommes les aiment et les respectent par conviction et non par contrainte.
Rousseau utilise plusieurs procédés pour appuyer son argumentation.
Il oppose d'abord l'apparence à la réalité, pour montrer que le simple respect extérieur des lois ne garantit pas la stabilité et la justice de la société.
Il emploie ensuite des formules fortes, comme "l'autorité la plus absolue" ou "les peuples sont à la longue ce que le gouvernement les fait être", pour souligner la responsabilité du pouvoir politique dans la formation des m£urs et des caractères des citoyens.
Il recourt enfin à des injonctions, comme "formez donc des hommes" ou "faites qu'on les aime", pour exprimer son idéal d'un gouvernement qui éduque les hommes à la vertu et à la liberté.
Rousseau poursuit ainsi un double objectif : il critique d'une part les gouvernements qui se contentent de contraindre les hommes sans les élever, et qui produisent ainsi une populace servile et méprisable ; il propose d'autre part un modèle de gouvernement qui vise à faire des hommes des citoyens éclairés et volontaires, capables de s'associer librement dans une république fondée sur le contrat social.
Il contribue ainsi à faire évoluer notre conception de la notion de politique, en la liant étroitement à celle d'éducation.