• Cicéron
La vertu désintéressée : un idéal à  atteindre
justice - devoir



Le contexte :

Dans cet extrait de son ouvrage "des lois", cicéron remet en question la recherche de la vertu uniquement pour les avantages qu'elle procure. selon lui, mesurer la vertu en fonction de son utilité revient à  considérer que seule la malice est vertueuse. il souligne ainsi l'importance d'agir par bienveillance, d'aimer sincàùrement ses amis et de rechercher la justice pour elle-même, sans attendre de récompense en retour.

L' auteur :

Cicéron

Le repère :

absolu/relatif

Le texte :

« Si la vertu est recherchée, non pour sa valeur propre, mais pour ce qu'elle rapporte, cette vertu méritera qu'on l'appelle malice. Plus en effet un homme rapporte toutes ses actions à l'intérêt, moins il est homme de bien ; et par suite mesurer la vertu au prix qu'elle peut valoir, c'est croire qu'il n'y a de vertu que la malice. Où est la bienfaisance, si l'on ne fait pas le bien pour l'amour d'autrui ? Qu'est-ce qu'être reconnaissant, si l'on n'a pas en vue celui-là même à qui l'on témoigne de la gratitude ? Que devient l'amitié sainte, si l'on n'aime pas son ami, comme on dit, de tout son cūur ? Il faudra donc l'abandonner, le rejeter quand on n'aura plus rien à gagner avec lui, plus d'avantages à tirer de lui. Quoi de plus monstrueux ? Mais si l'amitié doit être cultivée pour elle-même, la société des hommes, l'égalité, la justice elles aussi doivent être recherchées pour elles-mêmes. S'il n'en est pas ainsi, il n'y a plus de justice ; car cela même est injuste au plus haut degré que de vouloir une récompense de la justice. »
Cicéron, Des Lois

Les questions :



[A] - Questions d'analyse :
1. Comment l'auteur définit-il la vertu dans ce texte ?
2. Pourquoi l'auteur associe-t-il la vertu à la malice ?
3. Comment peut-on mesurer la vertu selon l'auteur ?
4. Quels exemples l'auteur utilise-t-il pour illustrer son point de vue sur la vertu ?

[B] - Éléments de synth��se :
1. Quel est le message principal de l'auteur dans ce texte ?
2. Comment l'auteur développe-t-il son argumentation dans le texte ?

[C] - Commentaire :
1. Selon vous, pourquoi l'auteur associe-t-il la vertu à la malice ?

L'analyse :

Dans ce texte, cicéron défend l'idée que la vertu doit être recherchée pour elle-même, et non pour les avantages qu'elle peut procurer.

Il s'oppose ainsi à une conception utilitariste de la morale, qui réduirait la vertu à une forme de calcul intéressé.

Pour soutenir sa thèse, il commence par affirmer que si la vertu est recherchée pour son utilité, elle perd sa valeur propre et devient de la malice.

Il s'appuie sur un raisonnement par l'absurde : plus un homme agit par intérêt, moins il est vertueux ; donc si la vertu se mesure à l'intérêt, il n'y a plus de vertu.

Il montre ainsi le paradoxe et le vice d'une telle conception.

Ensuite, il illustre son propos par trois exemples de vertus qui ne peuvent se réduire à l'intérêt : la bienfaisance, la reconnaissance et l'amitié.

Il souligne que ces vertus impliquent un rapport désintéressé à autrui, fondé sur l'amour, le respect et la fidélité.

Il suggère que si ces vertus étaient motivées par l'intérêt, elles perdraient leur sens et leur valeur.

Il met en évidence le caractère monstrueux d'une telle attitude.

Enfin, il généralise son argumentation en affirmant que si l'amitié doit être cultivée pour elle-même, il en va de même pour les autres valeurs morales, comme la société, l'égalité et la justice.

Il insiste sur le fait que ces valeurs sont des fins en soi, et non des moyens.

Il conclut en dénonçant l'injustice suprême que serait de vouloir une récompense de la justice.

Ainsi, cicéron défend une conception de la vertu comme un bien intrinsèque, qui ne dépend pas des circonstances ni des conséquences.

Il oppose la vertu à la malice, et la morale à l'intérêt.

Il invite à rechercher le bien pour le bien, et non pour le profit.

Il valorise le rapport désintéressé à autrui, comme fondement de la vie sociale et politique.