• Alain
La nécessité du travail dans l'art et la création
travail - liberté



Le contexte :

Dans cet extrait du "systàùme des beaux-arts" d'alain, l'auteur souligne l'importance du travail et de l'effort dans le processus de création artistique. selon lui, c'est en se confrontant à  la résistance de la matiàùre et en développant une expérience concràùte que l'artiste peut véritablement exprimer sa nature et produire des Âoeuvres authentiques, loin des improvisations creuses et des inspirations fugaces.

L' auteur :

Alain

(1868-1951) Il effectue un mouvement de retour au Cartésianisme en niant l'inconscient Freudien, selon lui ce dernier doit être réduit aux pulsions du corps opposées à la rationalité de l'Esprit.

Le repère :

analyse/synthèse

Le texte :

« La loi suprême de l'invention humaine est que l'on n'invente qu'en travaillant. Artisan d'abord. Dès que l'inflexible ordre matériel nous donne appui, alors la liberté se montre ; mais dès que nous voulons suivre la fantaisie, entendez l'ordre des affections du corps humain, l'esclavage nous tient, et nos inventions sont alors mécaniques dans la forme, souvent niaises et plus rarement émouvantes, mais sans rien de bon ni de beau. Dès qu'un homme se livre à l'inspiration, j'entends à sa propre nature, je ne vois que la résistance de la matière qui puisse le préserver de l'improvisation creuse et de l'instabilité d'esprit. Par cette trace de nos actions, ineffaçable, nous apprenons la prudence ; mais par ce témoin fidèle de la moindre esquisse, nous apprenons la confiance aussi. Dans l'imagination errante tout est promesse, par des émotions sans mesure ; aussi il se peut bien que le sculpteur sans expérience souhaite quelque matière plastique qui change aussi vite que ses propres inspirations. Mais quand il souhaiterait seulement quelque aide du diable, par laquelle le marbre serait taillé aussitôt selon le désir, il se tromperait encore sur sa véritable puissance. Si le pouvoir d'exécuter n'allait pas beaucoup plus loin que le pouvoir de penser ou de rêver, il n'y aurait point d'artistes. »
Alain, Système des beaux-arts

Les questions :



[A] û Questions dÆanalyse
1) Quelle est la loi suprême de l'invention humaine selon le texte ?
2) Que signifie l'expression "artisan d'abord" dans le contexte du texte ?
3) Comment l'inflexible ordre matériel permet-il à la liberté de se manifester ?
4) Quelles sont les conséquences lorsque l'on suit la fantaisie ou les affections du corps humain selon le texte ?

[B] û Éléments de synth��se
1) Expliquez la phrase : "D��s qu'un homme se livre à l'inspiration, j'entends à sa propre nature, je ne vois que la résistance de la mati��re qui puisse le préserver de l'improvisation creuse et de l'instabilité d'esprit."

L'analyse :

Voici un exemple de commentaire linéaire du texte : dans ce texte, alain, philosophe et critique d'art, s'interroge sur les conditions de l'invention humaine, et plus particulièrement de la création artistique.

Il défend l'idée que l'invention n'est pas le fruit d'une fantaisie débridée, mais qu'elle exige un travail rigoureux et une confrontation avec la matière.

Il oppose ainsi deux conceptions de l'inspiration : l'une qui se fie à la nature humaine, l'autre qui se soumet à l'ordre matériel.

Dans le premier paragraphe, alain énonce sa thèse principale : "la loi suprême de l'invention humaine est que l'on n'invente qu'en travaillant".

Il s'agit d'une affirmation générale qui vaut pour tout domaine de l'invention, qu'il s'agisse de la science, de la technique ou de l'art.

Il illustre ensuite cette thèse par un exemple tiré du domaine artistique : "artisan d'abord".

Il souligne ainsi le caractère manuel et technique de la création, qui implique un savoir-faire et une maîtrise des outils.

Il oppose ensuite deux termes : "l'inflexible ordre matériel" et "la fantaisie".

Le premier désigne la réalité objective et résistante des choses, qui impose des contraintes et des règles à l'inventeur.

Le second désigne la liberté subjective et capricieuse de l'imagination, qui suit les impulsions du corps humain.

Alain montre que c'est en se conformant à l'ordre matériel que l'inventeur peut faire preuve de liberté et d'originalité, tandis qu'en se laissant aller à la fantaisie, il tombe dans l'esclavage et la médiocrité.

Il qualifie ainsi les inventions issues de la fantaisie de "mécaniques", "niaises" ou "émouvantes", mais sans "rien de bon ni de beau".

Il suggère donc que la valeur d'une invention se mesure à sa conformité avec l'ordre matériel, qui est le critère du vrai et du beau.

Dans le deuxième paragraphe, alain approfondit sa critique de la conception romantique de l'inspiration, qu'il assimile à une "improvisation creuse" et à une "instabilité d'esprit".

Il affirme que seul le contact avec la matière peut préserver l'artiste de ces écueils, car la matière offre une résistance qui oblige à réfléchir et à corriger ses erreurs.

Il oppose ainsi deux attitudes face à la matière : celle qui consiste à se "livrer à l'inspiration", c'est-à-dire à sa propre nature, et celle qui consiste à se confronter à la "résistance de la matière".

Il montre que la première conduit à une illusion de puissance, fondée sur des promesses vaines et des émotions excessives, tandis que la seconde conduit à une véritable maîtrise, fondée sur la prudence et la confiance.

Il illustre cette opposition par un exemple tiré du domaine de la sculpture : il imagine un sculpteur novice qui rêverait d'une matière plastique qui se plierait à ses désirs, ou d'une aide diabolique qui taillerait le marbre selon son envie.

Il montre que ces souhaits sont illusoires et qu'ils témoignent d'une méconnaissance de sa véritable puissance.

Il affirme en effet que le pouvoir d'exécuter doit dépasser le pouvoir de penser ou de rêver, sinon il n'y aurait pas d'artistes.

En conclusion, on peut dire que ce texte est un plaidoyer pour une conception classique de l'invention humaine, qui repose sur le travail, la rigueur et le respect de l'ordre matériel.

Alain récuse l'idée romantique selon laquelle l'invention serait le produit d'une inspiration spontanée et irrégulière, qui se passerait des contraintes techniques et matérielles.

Il défend au contraire l'idée que c'est en se soumettant à ces contraintes que l'inventeur peut exprimer sa liberté et sa créativité.

Il invite ainsi à reconsidérer le rapport entre l'imagination et la réalité, entre le sujet et.