Bergson remet en question l'idée selon laquelle l'intérêt personnel et l'intérêt collectif seraient toujours en accord. il souligne que l'activité instinctive joue un ràïle crucial dans cette relation, oàû l'individuel et le social peuvent se confondre. selon lui, cette dynamique instinctive est à l'origine de l'obligation morale.
(1859-1941) Remet en question la vision selon laquelle l'histoire viserait un progrès dans les sciences. Il propose une nouvelle philosophie permettant d'analyser le contenu conscient de l'expérience immédiate.
identité/égalité/différence
« Il est douteux que l'intérêt particulier s'accorde invariablement avec l'intérêt général : on sait à quelles difficultés insolubles s'est toujours heurtée la morale utilitaire quand elle a posé en principe que l'individu ne pouvait rechercher que son bien propre, quand elle a prétendu qu'il serait conduit par là à vouloir le bien d'autrui. Un être intelligent, à la poursuite de ce qui est de son intérêt personnel, fera souvent tout autre chose que ce que réclamerait l'intérêt général. Si pourtant la morale utilitaire s'obstine à reparaître sous une forme ou sous une autre, c'est qu'elle n'est pas insoutenable ; et si elle peut se soutenir, c'est justement parce qu'au-dessous de l'activité intelligente, qui aurait en effet à opter entre l'intérêt personnel et l'intérêt d'autrui, il y a un substratum d'activité instinctive primitivement établi par la nature, où l'individuel et le social sont tout près de se confondre. La cellule vit pour elle et aussi pour l'organisme, lui apportant et lui empruntant de la vitalité ; elle se sacrifiera au tout s'il en est besoin ; et elle se dirait sans doute alors, si elle était consciente, que c'est pour elle-même qu'elle le fait. Tel serait probablement aussi l'état d'âme d'une fourmi réfléchissant sur sa conduite. Elle sentirait que son activité est suspendue à quelque chose d'intermédiaire entre le bien de la fourmi et celui de la fourmilière. Or, c'est à cet instinct fondamental que nous avons rattaché l'obligation proprement dite : elle implique, à l'origine, un état de chose où l'individuel et le social ne se distinguent pas l'un de l'autre. »
Bergson, Les deux Sources de la morale et de la religion
Voici un exemple de développement possible :
dans ce texte, bergson critique la morale utilitaire, qui affirme que l'individu agit toujours selon son intérêt personnel, et que cet intérêt co´ncide avec l'intérêt général.
Il montre que cette thèse est à la fois insoutenable et soutenable, selon le niveau d'activité auquel on se place : l'activité intelligente ou l'activité instinctive.
Il commence par montrer que l'activité intelligente, qui suppose la capacité de réfléchir et de choisir, ne garantit pas que l'individu agisse conformément à l'intérêt général.
Il utilise pour cela un raisonnement par l'absurde : si l'intérêt particulier s'accordait invariablement avec l'intérêt général, la morale utilitaire n'aurait pas de difficultés à justifier son principe.
Or, il affirme que cette morale se heurte à des difficultés insolubles, ce qui implique que son principe est faux.
Il illustre ensuite son propos par un exemple : un être intelligent peut faire tout autre chose que ce que réclamerait l'intérêt général, s'il poursuit son intérêt personnel.
Il s'agit donc de montrer que la morale utilitaire repose sur une illusion, celle de croire que l'égo´sme est naturellement harmonieux avec le bien commun.
Il poursuit en reconnaissant que la morale utilitaire n'est pas insoutenable, c'est-à-dire qu'elle a une part de vérité.
Il explique alors que cette vérité ne se trouve pas au niveau de l'activité intelligente, mais au niveau de l'activité instinctive, qui est primitivement établie par la nature.
Il s'agit de l'activité propre aux êtres vivants qui sont régis par des impulsions naturelles, comme les cellules ou les fourmis.
Il montre que dans ce cas, l'individu et le social sont tout près de se confondre, c'est-à-dire qu'ils ont le même intérêt.
Il utilise pour cela une comparaison : la cellule vit pour elle et pour l'organisme, elle lui apporte et lui emprunte de la vitalité, elle se sacrifie au besoin pour le tout.
Il imagine ensuite ce que serait la conscience d'une fourmi, qui sentirait que son activité est suspendue à quelque chose d'intermédiaire entre le bien de la fourmi et celui de la fourmilière.
Il s'agit donc de montrer que la morale utilitaire repose sur une réalité, celle de l'instinct social qui anime les êtres vivants.
Il conclut en établissant un lien entre cette activité instinctive et l'obligation proprement dite, c'est-à-dire le sentiment du devoir moral.
Il affirme que cette obligation implique, à l'origine, un état de chose où l'individuel et le social ne se distinguent pas l'un de l'autre.
Il s'agit donc de montrer que la morale utilitaire n'est qu'une forme dérivée et dégradée de la morale originelle, qui repose sur un instinct naturel et non sur un calcul rationnel.