• Sartre
La nature intentionnelle de l'action
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Le contexte :

Dans ce texte, sartre soulàùve le problàùme de l'action en tant que concept complexe et intentionnel. il met en évidence le lien entre l'action et l'intention, en soulignant que pour qu'une action soit considérée comme telle, elle doit être réalisée consciemment et avec un projet en tête.

L' auteur :

Sartre

(1905-1980) Philosophe existentialiste français majeur du 20e siècle, Sartre a exploré la notion de la liberté, de la responsabilité individuelle et de l'absurdité de l'existence humaine. Il a développé des idées sur l'existentialisme, la mauvaise foi et l'authenticité.

Le repère :

intuitif/discursif

Le texte :

« Il est étrange que l'on ait pu raisonner à perte de vue sur le déterminisme et le libre arbitre, citer des exemples en faveur de l'une ou l'autre thèse, sans tenter, au préalable, d'expliciter les structures contenues dans l'idée même d'action. Le concept d'acte contient en effet de nombreuses notions subordonnées que nous aurons à organiser et à hiérarchiser : agir, c'est modifier la figure du monde, c'est disposer des moyens en vue d'une fin, c'est produire un complexe instrumental et organisé tel que, par une série d'enchaînements et de liaisons, la modification apportée à l'un des chaînons amène des modifications dans toute la série et, pour finir, produise un résultat prévu. Mais ce n'est pas encore là ce qui nous importe. Il convient, en effet, de remarquer d'abord qu'une action est par principe intentionnelle. Le fumeur maladroit qui a fait, par mégarde, exploser une poudrière n'a pas agi. Par contre, l'ouvrier chargé de dynamiter une carrière et qui a obéi aux ordres donnés a agi lorsqu'il a provoqué l'explosion prévue : il savait, en effet, ce qu'il faisait ou, si l'on préfère, il réalisait intentionnellement un projet conscient. »
Sartre

Les questions :



[A] û Questions d'analyse
1) Pourquoi est-il étrange que l'on ait pu raisonner sur le déterminisme et le libre arbitre sans expliciter les structures contenues dans l'idée même d'action ?
2) Quelles sont les notions subordonnées contenues dans le concept d'acte ?
3) Qu'est-ce que signifie "agir" selon le texte ?
4) En quoi une action est-elle par principe intentionnelle ?

[B] û Éléments de synth��se
1) Comment pouvez-vous expliquer la phrase "agir, c'est modifier la figure du monde, c'est disposer des moyens en vue d'une fin" ?
2) En vous basant sur les éléments précédents, quelle est l'idée principale du texte et quelles sont les étapes de son argumentation ?

[C] û Commentaire
1) Pensez-vous que pour qu'une action soit considérée comme telle, elle doit être intentionnelle ? Justifiez votre réponse.

L'analyse :

Voici un exemple de développement possible : dans ce texte, sartre s'interroge sur la nature de l'action humaine et sur les conditions qui la rendent possible.

Il critique la manière dont on a abordé le problème du déterminisme et du libre arbitre, en se fondant sur des exemples empiriques sans clarifier les concepts impliqués.

Il propose alors d'analyser les structures logiques et intentionnelles qui définissent une action authentique.

Il commence par énumérer quelques caractéristiques générales de l'action, qui la distinguent d'un simple événement ou d'un phénomène naturel.

Agir, c'est modifier le monde selon un plan, c'est utiliser des moyens pour atteindre une fin, c'est créer un système d'interactions causales qui permettent de réaliser un résultat prévu.

Ces aspects de l'action impliquent une certaine rationalité, une certaine maîtrise et une certaine prévision de la part de l'agent.

Mais sartre ne s'arrête pas là.

Il souligne ensuite ce qui lui semble être le critère essentiel et spécifique de l'action humaine : l'intentionnalité.

Agir, c'est avoir conscience de ce que l'on fait, c'est poursuivre un projet que l'on se représente à soi-même, c'est être responsable de ses actes.

Sartre illustre cette idée par deux exemples opposés : celui du fumeur maladroit qui provoque accidentellement une explosion, et celui de l'ouvrier qui déclenche volontairement une dynamite.

Le premier n'a pas agi, car il ignorait les conséquences de son geste et n'avait pas de but précis.

Le second a agi, car il savait ce qu'il faisait et obéissait à un ordre.

Par ces exemples, sartre montre que l'action n'est pas réductible à un simple effet mécanique ou à une réaction instinctive.

Elle suppose une dimension réflexive, une prise de distance par rapport à la situation, une projection dans l'avenir.

Elle implique aussi une liberté, car l'agent peut toujours choisir de faire ou de ne pas faire, d'accepter ou de refuser un ordre, de modifier ou d'abandonner son projet.

L'action est donc le lieu où se manifeste la capacité humaine à transcender le donné et à créer du sens.

Sartre a donc pour objectif de définir l'action comme un mode d'être spécifique de l'homme, qui révèle sa condition d'être libre et conscient.

Il s'oppose ainsi aux conceptions déterministes ou fatalistes qui nient la possibilité d'une action authentique et qui réduisent l'homme à un objet soumis aux lois de la nature ou à la volonté d'autrui.

Il invite donc à réfléchir sur les conditions et les limites de la liberté humaine, ainsi que sur les valeurs et les normes qui orientent l'action.