• Arendt
La violence inscrite dans la loi
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Le contexte :

Dans cet extrait d'arendt, l'auteure met en lumiàùre la dimension violente de la loi. elle souligne que la loi, en tant qu'artifice fabriqué par l'homme, contient en elle-même un élément de violence. cette violence s'exprime notamment par le pouvoir absolu des lois sur les citoyens, les soumettant à  leur commandement et à  leur ràùgne.

L' auteur :

Arendt

(1906-1975) Philosophe politique et théoricienne de la pensée politique. Elle a développé des concepts influents tels que "la banalité du mal" et a exploré la nature de la condition humaine, la liberté, et la politique dans un monde moderne marqué par les totalitarismes et la violence.

Le repère :

légal/légitime

Le texte :

« Ce qui est décisif, c'est que la loi, bien qu'elle délimite un espace où les hommes ont renoncé à la violence entre eux, recèle en elle, du fait de sa formation comme par sa nature même, quelque chose de violent. Elle résulte de la fabrication et non de l'action ; le législateur ressemble à l'urbaniste et à l'architecte, et non à l'homme d'État ou au citoyen. La loi, en produisant l'espace du politique, contient cet élément de violation et de violence caractéristique de toute production. En tant qu'artifice, elle s'oppose à ce qui s'est développé naturellement et qui pour être n'a nécessité aucune assistance, ni divine ni humaine. (…] Face à l'homme qui lui est soumis, une telle violence s'exprime dans le fait que les lois commandent, qu'elles règnent en maîtresses absolues dans la polis  où aucun homme n'a le droit de commander ses égaux. Les lois sont ainsi le père et le despote tout à la fois. »
Arendt, Qu'est-ce que la politique ?

Les questions :



[A] - Questions d'analyse :
1. Qu'est-ce que la loi selon l'auteur ?
2. Comment la loi est-elle produite ?
3. De quelle mani��re la loi contient-elle un élément de violence ?
4. En quoi les lois sont-elles considérées comme le p��re et le despote tout à la fois ?

[B] - Éléments de synth��se :
1. Expliquez en quoi la loi est un artifice selon l'auteur.
2. En vous aidant des éléments précédents, dégagez l'idée principale du texte ainsi que les étapes de son argumentation.

[C] - Commentaire :
1. Selon vous, pourquoi l'auteur consid��re-t-il que la loi rec��le quelque chose de violent ?
2. À la lumi��re de vos connaissances et de vos lectures, et en tenant compte du texte, vous vous demanderez si la loi est un frein ou une condition nécessaire à la vie en société. Justifiez votre réponse.

L'analyse :

Voici un exemple de commentaire linéaire du texte : le texte d'arendt s'interroge sur la nature de la loi et sa relation avec la violence.

Il se compose de deux parties : la première (de "ce qui est décisif" à "aucune assistance") expose la thèse selon laquelle la loi est une forme de violence, et la seconde (de "face à l'homme" à la fin) illustre cette thèse en montrant comment les lois commandent et dominent les hommes.

Dans la première partie, l'auteur affirme que la loi, qui définit le cadre du politique, est le résultat d'une fabrication artificielle et non d'une action humaine.

Elle utilise pour cela une comparaison entre le législateur et l'urbaniste ou l'architecte, qui créent des espaces selon leur volonté, et non selon les besoins ou les désirs des habitants.

La loi implique donc une rupture avec la nature, qui se développe sans intervention extérieure.

L'auteur souligne ainsi le caractère violent de la loi, qui impose une forme et une norme à ce qui existait auparavant sans elle.

Elle emploie pour cela des termes forts comme "violation", "violence" ou "opposition".

Dans la seconde partie, l'auteur montre que cette violence de la loi se manifeste dans le rapport qu'elle entretient avec les hommes qui lui sont soumis.

Elle utilise pour cela une opposition entre les lois, qui commandent, et les hommes, qui n'ont pas le droit de commander leurs égaux.

La loi apparaît donc comme une autorité supérieure et incontestable, qui limite la liberté et l'égalité des citoyens.

L'auteur renforce cette idée en employant des métaphores comme "règnent en maîtresses absolues" ou "père et despote".

La loi est ainsi présentée comme une figure paternelle ou tyrannique, qui impose son ordre et sa volonté aux hommes.

Le texte d'arendt met donc en évidence le paradoxe de la loi, qui est à la fois nécessaire pour garantir la paix et la justice dans la cité, mais qui est aussi source de violence et de domination.

Il invite à réfléchir sur les conditions d'une légitimité et d'une acceptation de la loi par les hommes, ainsi que sur les moyens de résister à son pouvoir arbitraire ou oppressif.