• Kant
L'homme, fin de la nature et égalité avec les autres êtres
nature - raison



Le contexte :

Dans ce texte, kant expose l'idée selon laquelle l'homme, par sa raison, se considàùre comme la fin de la nature, lui conférant un privilàùge sur les autres animaux. cependant, cette représentation implique également l'égalité entre les hommes eux-mêmes, les obligeant à  se considérer comme des associés et non des moyens pour atteindre des fins. cette notion d'égalité est essentielle pour l'établissement de la société.

L' auteur :

Kant

(1724-1804) Consacre toute son œuvre philosophique à établir les limites dans lesquelles la raison est légitime. Il va lutter contre les doctrines métaphysiques et recentrer la raison sur des connaissances plus certaines (mathématiques, physiques etc.)

Le repère :

identité/égalité/différence

Le texte :

« Le dernier progrès que fit la raison, achevant d'élever l'homme tout à fait au-dessus de la société animale, ce fut qu'il comprit (obscurément encore) qu'il était proprement la fin de la nature, et que rien de ce qui vit sur terre ne pouvait lui disputer ce droit. La première fois qu'il dit au mouton : �oela peau que tu portes, ce n'est pas pour toi, mais pour moi que la nature te l'a donnée”, qu'il la lui retira et s'en revêtit, il découvrit un privilège qu'il avait, en raison de sa nature, sur tous les animaux. Et il cessa désormais de les considérer comme ses compagnons dans la création, pour les regarder comme des moyens et des instruments mis à la disposition de sa volonté en vue d'atteindre les desseins qu'il se propose. Cette représentation implique (obscurément sans doute) la contrepartie, à savoir qu'il n'avait pas le droit de traiter un homme de cette façon, mais qu'il devait le considérer comme un associé participant sur un pied d'égalité avec lui aux dons de la nature ; c'était se préparer de loin à la limitation que la raison devait à l'avenir imposer à sa volonté à l'égard des hommes ses semblables, et qui, bien plus que l'inclination et l'amour, est nécessaire à l'établissement de la société. Et ainsi l'homme venait d'atteindre l'égalité avec tous les autres êtres raisonnables, à quelque rang qu'ils pussent se trouver, c'est-à-dire, en ce qui concerne sa prétention d'être à lui-même sa fin, le droit d'être estimé par tous les autres comme tel, et de n'être utilisé par aucun comme simple moyen pour atteindre d'autres fins. »
Kant, Conjectures sur les débuts de l'histoire humaine

Les questions :



[A] - Questions d'analyse :
1. Comment l'homme a-t-il compris qu'il était la fin de la nature ?
2. Quel est le privil��ge que l'homme a découvert par rapport aux autres animaux ?
3. Quelle est la contrepartie de la représentation de l'homme comme fin de la nature ?
4. Comment l'homme atteint-il l'égalité avec tous les autres êtres raisonnables, selon Kant ?

[B] - Éléments de synth��se :
1. Expliquez la phrase : "il cessa désormais de les considérer comme ses compagnons dans la création, pour les regarder comme des moyens et des instruments mis à la disposition de sa volonté en vue d'atteindre les desseins qu'il se propose."
2. Quelle est l'idée principale du texte et quelles sont les étapes de son argumentation, en utilisant les éléments de réponse des questions précédentes ?

[C] - Commentaire :
1. Selon vous, en quoi la limitation que la raison impose à la volonté de l'homme à l'égard des autres hommes est-elle plus importante que l'inclination et l'amour ?
2. À la lumi��re de vos connaissances et de vos lectures, et en tenant compte du texte, vous vous demanderez si le droit de l'homme à être considéré comme la fin de la nature est justifié.

L'analyse :

Voici une possible analyse du texte de kant : dans ce texte, kant expose sa conception du progrès de la raison humaine et de son rapport à la nature et aux autres êtres vivants.

Il distingue trois étapes dans ce progrès : la première, où l'homme est encore dans la société animale, la deuxième, où il se reconnaît comme la fin de la nature, et la troisième, où il respecte les autres hommes comme ses associés.



- dans le premier paragraphe, kant décrit le dernier progrès que fit la raison, qui consiste à se comprendre comme la fin de la nature.

Il utilise le terme de "raison" pour désigner la faculté de l'homme à se représenter des fins et des moyens, et à agir selon des principes.

Il oppose cette raison à l'instinct, qui guide les animaux dans leur comportement.

Il illustre ce progrès par un exemple imaginaire : celui du premier homme qui s'approprie la peau d'un mouton pour s'en vêtir.

Il montre ainsi comment l'homme se distingue des animaux en utilisant la nature à son avantage, et en affirmant son droit sur elle.

Il emploie des expressions comme "obscurément encore" ou "il découvrit" pour souligner le caractère conjectural et progressif de cette prise de conscience.



- dans le deuxième paragraphe, kant explique les implications de ce progrès de la raison.

Il en déduit que l'homme cesse de considérer les animaux comme ses compagnons dans la création, mais comme des moyens et des instruments à sa disposition.

Il introduit ainsi la notion de valeur, qui permet à l'homme de hiérarchiser les êtres selon leur utilité ou leur dignité.

Il ajoute que cette représentation implique aussi le respect d¹ aux autres hommes, qui sont considérés comme des associés participant sur un pied d'égalité aux dons de la nature.

Il annonce ainsi le fondement du droit et de la morale, qui reposent sur la limitation de la volonté humaine par la raison.

Il utilise des termes comme "contrepartie" ou "se préparer de loin" pour montrer le lien logique et historique entre ces deux aspects.



- dans le troisième paragraphe, kant conclut en affirmant que l'homme atteint ainsi l'égalité avec tous les autres êtres raisonnables, c'est-à-dire ceux qui sont capables de se donner eux-mêmes leurs fins et leurs lois.

Il s'agit notamment des êtres supérieurs, comme dieu ou les anges, avec lesquels l'homme partage sa dignité.

Il définit cette dignité comme le droit d'être estimé par tous les autres comme une fin en soi, et non comme un simple moyen pour atteindre d'autres fins.

Il oppose donc la valeur relative des choses à la valeur absolue des personnes.

Il emploie des expressions comme "en ce qui concerne sa prétention" ou "le droit d'être estimé" pour souligner le caractère revendicatif et normatif de cette égalité.

On peut donc dire que ce texte présente la thèse de kant selon laquelle le progrès de la raison humaine consiste à se reconnaître comme la fin de la nature, et à respecter les autres êtres raisonnables comme des fins en soi.

Il s'appuie sur un exemple fictif pour illustrer son propos, et il en déduit les conséquences morales et juridiques de cette conception.

Il montre ainsi comment l'homme sort de la société animale pour entrer dans la société civile, fondée sur le droit et la dignité.