Bergson remet en question l'idée selon laquelle le cerveau serait l'équivalent de la conscience. il soutient que bien qu'il existe une solidarité entre le corps et l'esprit, cela ne signifie pas que chaque détail du cerveau correspond à un élément de la conscience. selon lui, seule une certaine relation entre le cerveau et la conscience peut être affirmée grà¢ce à l'observation et à l'expérience.
(1859-1941) Remet en question la vision selon laquelle l'histoire viserait un progrès dans les sciences. Il propose une nouvelle philosophie permettant d'analyser le contenu conscient de l'expérience immédiate.
identité/égalité/différence
« Que nous dit en effet l'expérience ? Elle nous montre que la vie de l'âme ou, si vous aimez mieux, la vie de la conscience, est liée à la vie du corps, qu'il y a solidarité entre elles, rien de plus. Mais ce point n'a jamais été contesté par personne, et il y a loin de là à soutenir que le cérébral est l'équivalent du mental, qu'on pourrait lire dans un cerveau tout ce qui se passe dans la conscience correspondante. Un vêtement est solidaire du clou auquel il est accroché ; il tombe si l'on arrache le clou ; il oscille si le clou remue ; il se troue, il se déchire si la tête du clou est trop pointue ; il ne s'ensuit pas que chaque détail du clou corresponde à un détail du vêtement, ni que le clou soit l'équivalent du vêtement ; encore moins s'ensuit-il que le clou et le vêtement soient la même chose. Ainsi, la conscience est incontestablement accrochée à un cerveau mais il ne résulte nullement de là que le cerveau dessine tout le détail de la conscience, ni que la conscience soit une fonction du cerveau. Tout ce que l'observation, l'expérience, et par conséquent la science nous permettent d'affirmer, c'est l'existence d'une certaine relation entre le cerveau et la conscience. »
Bergson, L'Énergie spirituelle
[A] û Questions dÆanalyse
1) Qu'est-ce que l'expérience nous montre concernant la vie de l'âme ou de la conscience ?
2) Que veut dire l'auteur lorsqu'il affirme qu'il y a solidarité entre la vie de l'âme et la vie du corps ?
3) Comment l'auteur explique-t-il la relation entre le cérébral et le mental ?
4) Quelle analogie l'auteur utilise-t-il pour illustrer sa position sur la relation entre le cerveau et la conscience ?
[B] û Éléments de synth��se
Voici un exemple de développement possible :
dans ce texte, bergson s'oppose à l'idée que la conscience soit réductible au cerveau, c'est-à-dire qu'elle soit entièrement déterminée par les processus physiques et chimiques qui se déroulent dans l'organe cérébral.
Il cherche à montrer que la relation entre le cerveau et la conscience est plus complexe et plus subtile que ce que les partisans du matérialisme ou du mécanisme prétendent.
Pour cela, il commence par reconnaître ce que l'expérience nous dit, à savoir qu'il y a une "solidarité" entre la vie du corps et la vie de l'âme, ou de la conscience.
Il admet donc qu'il existe une dépendance réciproque entre ces deux réalités, qu'elles s'influencent mutuellement, et qu'elles sont affectées par les mêmes événements.
Par exemple, si le corps est blessé, la conscience souffre ; si la conscience est distraite, le corps se relâche.
Il n'y a là rien de contestable, selon bergson, et il ne s'agit pas de nier le rôle du cerveau dans la vie mentale.
Mais il ne s'ensuit pas, pour autant, que le cerveau soit l'équivalent de la conscience, ni qu'il en soit la cause unique et suffisante.
Bergson affirme qu'il y a "loin" de la solidarité à l'équivalence, et il illustre son propos par une comparaison avec un vêtement accroché à un clou.
Il montre que le vêtement est solidaire du clou, au sens où il dépend de lui pour rester suspendu, mais qu'il n'est pas identique au clou, ni entièrement déterminé par lui.
Le clou n'est pas responsable de la forme, de la couleur, de la texture du vêtement ; il ne peut pas rendre compte de tous les aspects du vêtement ; il ne peut pas non plus être confondu avec le vêtement.
De même, le cerveau est solidaire de la conscience, au sens où il conditionne son existence et son fonctionnement, mais il n'est pas identique à la conscience, ni entièrement explicatif d'elle.
Le cerveau n'est pas responsable de la qualité, de l'intensité, de la diversité des états de conscience ; il ne peut pas rendre compte de tous les phénomènes mentaux ; il ne peut pas non plus être confondu avec la conscience.
Bergson conclut donc que tout ce que l'observation, l'expérience et la science nous permettent d'affirmer, c'est l'existence d'une "certaine relation" entre le cerveau et la conscience.
Il suggère ainsi que cette relation est encore mal connue, qu'elle est sans doute plus riche et plus variée que ce que les sciences physiques peuvent en dire, et qu'elle laisse une place à l'autonomie et à la créativité de la conscience.
Il invite donc à ne pas réduire la réalité spirituelle à la réalité matérielle, ni à négliger les aspects qualitatifs et irréductibles de la vie intérieure.