L'analyse :
Voici un exemple de commentaire possible du texte :
le texte de bergson oppose deux modes de représentation d'une personne : la photographie et le portrait peint.
Il cherche à montrer que le second implique une durée créatrice qui échappe à toute prévision, alors que le premier est instantané et déterminé.
Il s'agit donc d'une réflexion sur la nature de l'art et du temps.
- dans le premier paragraphe, bergson pose l'idée que la photographie d'une personne déterminée pourrait être obtenue dans un instantané absolu.
Il s'agit d'une hypothèse qui suppose que la photographie est une simple reproduction fidèle de la réalité, sans intervention du photographe ni variation du modèle.
Bergson utilise le conditionnel pour marquer le caractère idéal de cette hypothèse, qui ne correspond pas à la pratique réelle de la photographie.
Il introduit ainsi une opposition entre la photographie et le portrait peint, qu'il va développer dans les paragraphes suivants.
- dans le deuxième paragraphe, bergson expose le cas du portrait peint par un grand peintre.
Il affirme que la composition de cette £uvre exige de la durée, mais une durée qui ne peut être modifiée sans que change le portrait.
Il explique que le temps que l'artiste met à exécuter son £uvre est occupé par des essais, des tâtonnements, des esquisses, des états d'âme surtout, qui passent et repassent devant l'esprit du peintre et qui l'acheminent vers le portrait définitif.
Il souligne que tous les efforts qu'il a faits il les condense dans son £uvre.
Bergson montre ainsi que le temps fait corps avec l'£uvre et la pénètre, qu'elle occupe de la durée.
Il utilise des termes qui expriment la dynamique, la recherche, l'incertitude, l'affectivité du processus créatif.
Il oppose ainsi le temps qualitatif du portrait peint au temps quantitatif de la photographie.
- dans le troisième paragraphe, bergson tire les conséquences de son analyse : il affirme que le résultat de ce travail est une création et, comme telle, est absolument imprévisible, même si l'on connaît le modèle et le peintre, sa manière et les couleurs dont il se sert.
Il s'appuie sur un argument d'autorité : c'est pour cela que le résultat de ce travail est une création.
Il renforce son propos par un adverbe absolu : absolument imprévisible.
Il écarte une objection possible : même si l'on connaît le modèle et le peintre, sa manière et les couleurs dont il se sert.
Bergson montre ainsi que le portrait peint est une £uvre originale et singulière, qui ne peut être réduite à ses conditions matérielles ou psychologiques.
- dans le quatrième paragraphe, bergson réfute une autre objection possible : celle qui consisterait à dire qu'une intelligence surhumaine qui connaîtrait à fond le peintre et son genre de talent saurait d'avance quelle £uvre il produira.
Il répond à cette objection en montrant que le talent de l'artiste n'est pas quelque chose de donné une fois pour toutes, de définitivement fixé, mais qu'il se fait sans cesse, et se fera en partie par le travail même du portrait, de sorte que celui-ci, en même temps qu'il est l'effet du talent du peintre, contribue en même temps à le former.
Il utilise des expressions qui marquent la négation : c'est oublier que.
, il n'en est rien.
, toute espèce de prévision est ici impossible.
Il utilise aussi des expressions qui marquent la réciprocité : le talent de l'artiste dépend de son £uvre comme celle-ci de celui-là.
Bergson montre ainsi que le portrait peint est un acte créateur qui implique une transformation du peintre lui-même, et qui échappe à toute détermination ou anticipation.
Le texte de bergson vise donc à mettre en évidence la spécificité du temps artistique, qui est un temps créateur, qualitatif et imprévisible, par rapport au temps mécanique, qui est un temps reproducteur, quantitatif et déterminé.
Il s'inscrit dans une réflexion plus.
