• Merleau-Ponty
L'Âoeuvre d'art comme pont entre les esprits
art - conscience



Le contexte :

Dans ce texte philosophique, merleau-ponty explore la nature de l'art et son impact sur la communication. selon lui, l'artiste crée une image qui, une fois animée par le lecteur ou le spectateur, permet de transmettre une idée et de connecter différentes consciences. l'Âoeuvre d'art devient alors un moyen de communication durable et universel.

L' auteur :

Merleau-Ponty

(1908 - 1961) Maurice Merleau-Ponty, philosophe phénoménologue du XXe siècle, met en lien la perception, la corporéité et la relation entre le corps et l'esprit. Son œuvre explore la manière dont nous appréhendons le monde à travers nos sens et notre expérience corporelle, et remet en question les conceptions dualistes traditionnelles.

Le repère :

concept/image/métaphore

Le texte :

« Le sens de ce que va dire l'artiste n'est nulle part, ni dans les choses, qui ne sont pas encore sens, ni en lui-même, dans sa vie informulée.[…] Un peintre comme Cézanne, un artiste, un philosophe, doivent non seulement créer et exprimer une idée, mais encore réveiller les expériences qui l'enracineront dans les autres consciences. Si l'ūuvre est réussie, elle a le pouvoir étrange de s'enseigner elle-même. En suivant les indications du tableau ou du livre, en établissant des recoupements, en heurtant de côté et d'autre, guidés par la clarté confuse d'un style, le lecteur ou le spectateur finissent par retrouver ce qu'on a voulu leur communiquer. Le peintre n'a pu que construire une image. Il faut attendre que cette image s'anime pour les autres. Alors l'ūuvre d'art aura joint ces vies séparées, elle n'existera plus seulement en l'une d'elles comme un rêve tenace ou un délire persistant, ou dans l'espace comme une toile coloriée, elle habitera indivise dans plusieurs esprits, présomptivement dans tout esprit possible, comme une acquisition pour toujours. »
Merleau-Ponty, Sens et non-sens

L'analyse :

Voici une possible analyse du texte : le texte de merleau-ponty porte sur la question de la création et de la communication artistiques.

Il s'interroge sur le sens que l'artiste veut transmettre par son £uvre, et sur la manière dont ce sens est reçu par le public.

Il défend l'idée que l'£uvre d'art n'a pas de sens préexistant, mais qu'elle le crée et le révèle progressivement, à la fois pour l'artiste et pour les spectateurs.

Dans un premier temps, l'auteur affirme que le sens de ce que va dire l'artiste n'est nulle part, ni dans les choses, qui ne sont pas encore sens, ni en lui-même, dans sa vie informulée.

Il rejette ainsi deux conceptions possibles du sens artistique : celle qui le ferait dépendre d'une réalité extérieure, objective et fixe, et celle qui le ferait dépendre d'une subjectivité intérieure, personnelle et spontanée.

Il suggère que le sens est plutôt le résultat d'un processus de création, qui implique une transformation des choses et de soi-même.

Dans un deuxième temps, l'auteur explique que l'artiste doit non seulement créer et exprimer une idée, mais encore réveiller les expériences qui l'enracineront dans les autres consciences.

Il souligne ainsi que l'£uvre d'art n'est pas seulement une manifestation de l'idée de l'artiste, mais aussi un moyen de la partager avec les autres.

Il indique que l'£uvre d'art doit susciter chez le public une réactivation de ses propres expériences, qui lui permettront de comprendre et d'adhérer à l'idée de l'artiste.

Dans un troisième temps, l'auteur décrit comment l'£uvre d'art réussie a le pouvoir étrange de s'enseigner elle-même.

Il montre que l'£uvre d'art n'est pas un message univoque et immédiat, mais qu'elle nécessite une interprétation active et progressive de la part du public.

Il précise que cette interprétation se fait en suivant les indications du tableau ou du livre, en établissant des recoupements, en heurtant de côté et d'autre, guidés par la clarté confuse d'un style.

Il met en valeur le rôle du style comme expression de la singularité de l'artiste, mais aussi comme invitation à entrer dans son univers.

Dans un quatrième temps, l'auteur expose les effets de l'£uvre d'art réussie sur le public.

Il affirme que l'image construite par le peintre s'anime pour les autres, c'est-à-dire qu'elle acquiert une vie propre, indépendante de son support matériel et de son auteur.

Il soutient que l'£uvre d'art a alors pour fonction de joindre ces vies séparées, c'est-à-dire de créer un lien entre les différentes consciences qui la contemplent.

Il conclut que l'£uvre d'art habite indivise dans plusieurs esprits, présomptivement dans tout esprit possible, comme une acquisition pour toujours.

Il attribue ainsi à l'£uvre d'art une valeur universelle et intemporelle, qui dépasse les contingences historiques et culturelles.

En résumé, le texte de merleau-ponty propose une conception dynamique et relationnelle du sens artistique, qui se construit dans le dialogue entre l'artiste, son £uvre et son public.

Il met en évidence le caractère créateur et communicateur de l'art, ainsi que sa capacité à enrichir et à unir les consciences humaines.