L'invention mécanique est un don naturel de l'homme qui a toujours su créer des machines ingénieuses, bien avant l'émergence de la science moderne. bien que la science ait permis des avancées considérables, l'esprit d'invention mécanique reste distinct et pourrait s'en séparer, comme le rhàïne qui entre dans le lac de genàùve mais conserve son indépendance à sa sortie. ce texte de bergson explore la relation entre l'invention mécanique et la science.
(1859-1941) Remet en question la vision selon laquelle l'histoire viserait un progrès dans les sciences. Il propose une nouvelle philosophie permettant d'analyser le contenu conscient de l'expérience immédiate.
objectif/subjectif/intersubjectif
« On a rappelé que l'homme avait toujours inventé des machines, que l'antiquité en avait connu de remarquables, que des dispositifs ingénieux furent imaginés bien avant l'éclosion de la science moderne et ensuite, très souvent, indépendamment d'elle : aujourd'hui encore de simples ouvriers, sans culture scientifique, trouvent des perfectionnements auxquels de savants ingénieurs n'avaient pas pensé. L'invention mécanique est un don naturel. Sans doute elle a été limitée dans ses effets tant qu'elle s'est bornée à utiliser des énergies actuelles et, en quelque sorte, visibles : effort musculaire, force du vent ou d'une chute d'eau. La machine n'a donné tout son rendement que du jour où l'on a su mettre à son service, par un simple déclenchement, des énergies potentielles emmagasinées pendant des millions d'années, empruntées au soleil, disposées dans la houille, le pétrole, etc. Mais ce jour fut celui de l'invention de la machine à vapeur, et l'on sait qu'elle n'est pas sortie de considérations théoriques. Hâtons-nous d'ajouter que le progrès, d'abord lent, s'est effectué à pas de géant lorsque la science se fut mise de la partie. Il n'en est pas moins vrai que l'esprit d'invention mécanique, qui coule dans un lit étroit tant qu'il est laissé à lui-même, qui s'élargit indéfiniment quand il a rencontré la science, en reste distinct et pourrait à la rigueur s'en séparer. Tel, le Rhône entre dans le lac de Genève, paraît y mêler ses eaux, et montre à sa sortie qu'il avait conservé son indépendance. »
Bergson, Les deux Sources de la morale et de la religion
[A] - Questions d'analyse :
1) Comment l'auteur met-il en valeur l'invention mécanique dans ce texte ?
2) Quelles sont les énergies utilisées par les machines avant l'invention de la machine à vapeur ?
3) Quelle est la différence entre les effets de l'invention mécanique avant et apr��s l'utilisation d'énergies potentielles ?
4) Quelle est la relation entre l'invention mécanique et la science selon l'auteur ?
[B] - Éléments de synth��se :
Voici un exemple de développement possible :
dans ce texte, bergson distingue l'invention mécanique de la science et montre qu'elle a une origine et une évolution propres.
Il s'agit de mettre en évidence les caractéristiques et les enjeux de cette distinction.
- d'abord, il rappelle que l'invention mécanique est une activité humaine très ancienne, qui n'a pas attendu la science moderne pour se manifester.
Il cite des exemples de machines remarquables dans l'antiquité, de dispositifs ingénieux indépendants de la science, et de perfectionnements trouvés par des ouvriers sans culture scientifique.
Il affirme ainsi que l'invention mécanique est un "don naturel", c'est-à-dire une faculté innée et spontanée de l'esprit humain.
Il souligne ainsi la valeur et la créativité de l'invention mécanique, qui ne dépend pas d'un savoir théorique.
- ensuite, il reconnaît que l'invention mécanique a été limitée dans ses effets tant qu'elle s'est bornée à utiliser des énergies actuelles et visibles, comme le vent ou l'eau.
Il explique que la machine n'a donné tout son rendement que lorsque l'on a su exploiter des énergies potentielles emmagasinées pendant des millions d'années, comme le charbon ou le pétrole.
Il situe ce tournant historique à l'invention de la machine à vapeur, qu'il présente comme le résultat d'une intuition pratique et non d'une démonstration théorique.
Il montre ainsi que l'invention mécanique a su innover et se renouveler sans avoir besoin de la science.
- enfin, il admet que le progrès mécanique s'est accéléré lorsque la science s'est mise de la partie, c'est-à-dire lorsque les connaissances scientifiques ont permis d'améliorer et de diversifier les machines.
Il compare l'esprit d'invention mécanique à un fleuve qui coule dans un lit étroit quand il est isolé, mais qui s'élargit indéfiniment quand il rencontre la science.
Il utilise ainsi une métaphore pour illustrer la fécondité de la collaboration entre l'invention mécanique et la science.
Mais il précise que cette collaboration n'efface pas la distinction entre les deux domaines, et que l'invention mécanique conserve son indépendance, comme le rhône qui sort du lac de genève sans avoir mêlé ses eaux.
Il suggère ainsi que l'invention mécanique a sa propre logique et sa propre finalité, qui ne se confondent pas avec celles de la science.