• Sartre
La liberté entre décision et hasard
liberté - raison



Le contexte :

Dans ce texte, sartre explore la notion de liberté et son rapport avec la réussite. il souligne que la liberté réside dans la capacité de faire face aux difficultés extérieures et de les surmonter par l'inventivité humaine, tout en reconnaissant que le hasard joue également un ràïle dans chaque entreprise. la liberté se situe ainsi entre la décision et le hasard, entre la maà®trise et l'imprévisibilité.

L' auteur :

Sartre

(1905-1980) Philosophe existentialiste français majeur du 20e siècle, Sartre a exploré la notion de la liberté, de la responsabilité individuelle et de l'absurdité de l'existence humaine. Il a développé des idées sur l'existentialisme, la mauvaise foi et l'authenticité.

Le repère :

impossible/possible

Le texte :

« Puisque la liberté exige que la réussite ne découle pas de la décision comme une conséquence, il faut que la réalisation puisse à chaque instant ne pas être, pour des raisons indépendantes du projet même et de sa précision ; ces raisons forment l'extériorité par rapport à tout projet et la liberté est la perpétuelle invention des moyens de tourner ces difficultés extérieures, mais il est bien entendu que la réussite doit être seulement possible, c'est-à-dire qu'il n'y a action que si les difficultés extérieures peuvent toujours être si élevées ou si neuves que l'invention humaine ne puisse pas les surmonter. Ainsi est-il toujours entendu à la fois que l'entreprise humaine a réussi à cause de la libre décision et de la libre inventivité qui a surmonté les obstacles et à la fois qu'elle a réussi parce que ce sont ces obstacles-là et non d'autres plus grands qui lui ont été imposés. Toute entreprise humaine réussit par hasard et en même temps réussit par l'initiative humaine. Si le tireur n'avait pas eu le soleil dans l'ūil il m'atteignait, je manquais ma mission de reconnaissance. Il s'en est donc fallu d'un rayon de soleil, de la vitesse d'un nuage, etc. Mais, en même temps, mes précautions étaient prises pour éliminer tous les dangers prévisibles. En un mot les possibles se réalisent dans la probabilité. La liberté se meut dans la sphère du probable, entre la totale ignorance et la certitude ; et le probable vient au monde par l'homme. »
Sartre, Cahiers pour une morale

Les questions :



[A] û Questions dÆanalyse
1) Quelle est la relation entre la liberté et la réussite selon l'auteur ?
2) Comment l'auteur définit-il l'extériorité par rapport à tout projet ?
3) Qu'est-ce que l'invention humaine doit surmonter pour qu'il y ait action ?
4) Quels sont les deux aspects de la réussite d'une entreprise humaine selon l'auteur ?

[B] û Éléments de synth��se
1) Expliquez la phrase : "La liberté se meut dans la sph��re du probable, entre la totale ignorance et la certitude ; et le probable vient au monde par l'homme."

L'analyse :

Voici un exemple de commentaire linéaire du texte : le texte de sartre porte sur la notion de liberté et son rapport à la réussite, à l'obstacle et au hasard.

L'auteur cherche à montrer que la liberté humaine n'est pas une simple décision qui entraîne mécaniquement une réalisation, mais une perpétuelle invention qui se confronte à l'extériorité et au probable.

Il s'agit donc d'une conception dynamique et contingente de la liberté, qui implique à la fois l'initiative et le risque.

Dans un premier temps, sartre affirme que la liberté exige que la réussite ne découle pas de la décision comme une conséquence.

Il s'oppose ainsi à une vision déterministe ou fataliste de l'action, qui nierait le rôle de l'agent libre.

Il souligne que la réalisation d'un projet doit pouvoir à chaque instant ne pas être, c'est-à-dire qu'elle n'est jamais garantie ni assurée.

Il introduit alors la notion d'extériorité, qui désigne l'ensemble des raisons indépendantes du projet et de sa précision, qui peuvent empêcher ou entraver sa réalisation.

Ces raisons peuvent être des circonstances, des obstacles, des événements imprévus, etc.

L'auteur montre que la liberté est la perpétuelle invention des moyens de tourner ces difficultés extérieures, c'est-à-dire qu'elle est une capacité créatrice et adaptative, qui ne se contente pas d'exécuter un plan préétabli, mais qui invente des solutions nouvelles face aux problèmes rencontrés.

Il pose ainsi les conditions de la réussite comme étant la possibilité et non la nécessité, ce qui implique qu'il n'y a action que si les difficultés extérieures peuvent toujours être si élevées ou si neuves que l'invention humaine ne puisse pas les surmonter.

Il définit donc l'action comme un défi permanent, qui suppose un certain degré d'incertitude et d'imprévisibilité.

L'enjeu de ce premier temps est de mettre en évidence le caractère contingent et inventif de la liberté humaine.

Dans un deuxième temps, sartre précise que toute entreprise humaine réussit à la fois par hasard et en même temps par l'initiative humaine.

Il introduit ainsi une double causalité, qui rend compte de la complexité de l'action libre.

Il affirme que l'entreprise humaine réussit à cause de la libre décision et de la libre inventivité qui a surmonté les obstacles, ce qui souligne le rôle actif et volontaire de l'agent libre, qui assume ses choix et ses moyens.

Mais il ajoute aussitôt que l'entreprise humaine réussit aussi parce que ce sont ces obstacles-là et non d'autres plus grands qui lui ont été imposés, ce qui souligne le rôle passif et aléatoire du contexte extérieur, qui conditionne les possibilités et les limites de l'action.

Il illustre cette double causalité par un exemple concret : celui d'un soldat en mission de reconnaissance, qui échappe à un tir ennemi grâce au soleil dans l'£il du tireur.

Il montre que le soldat doit sa survie à un rayon de soleil, à la vitesse d'un nuage, etc.

, c'est-à-dire à des facteurs indépendants de sa volonté et imprévisibles.

Mais il montre aussi que le soldat a pris ses précautions pour éliminer tous les dangers prévisibles, c'est-à-dire qu'il a agi avec prudence et intelligence.

Il conclut en affirmant que les possibles se réalisent dans la probabilité, c'est-à-dire que les résultats de l'action dépendent d'un calcul des chances et des risques, qui n'est jamais certain ni absolu.

L'enjeu de ce deuxième temps est de mettre en évidence le caractère complexe et relatif de la liberté humaine.

Dans un troisième temps, sartre affirme que la liberté se meut dans la sphère du probable, entre la totale ignorance et la certitude.

Il situe ainsi la liberté dans un espace intermédiaire, où elle n'est ni aveugle ni omnisciente, mais où elle dispose d'un certain savoir sans être assurée du résultat.