Dans ce dialogue, platon met en lumiàùre les limites de l'universalité de la loi. en soulignant les différences entre les individus et les actions, il remet en question la capacité de la loi à promulguer une ràùgle simple qui s'applique à tous. cette réflexion nous amàùne à nous interroger sur la nécessité même de légiférer.
(-428--348) Platon, philosophe de la Grèce antique, explore des concepts tels que la réalité, la connaissance et la justice. À travers ses dialogues, il met en scène son mentor Socrate pour examiner les idées et les valeurs de son époque, tout en proposant une vision idéale de la cité idéale dans "La République".
contingent/nécessaire
« L'ETRANGER ※ C'est que la loi ne pourra jamais embrasser exactement ce qui est le meilleur et le plus juste pour tout le monde à la fois, afin d'y conformer ses prescriptions : car les différences entre les individus, les différences entre les actions, ajoutées au fait qu'aucune chose humaine, pour ainsi dire, ne reste jamais en repos, interdisent à toute science, quelle qu'elle soit, de promulguer en aucune matière une règle simple qui s'applique à tout et à tous les temps. Accordons-nous cela ? SOCRATE LE JEUNE ※ Comment s'y refuser ? L'ETRANGER ※ Et cependant, nous le voyons, c'est à cette uniformité même que tend la loi, comme un homme buté et ignorant, qui ne permet à personne de rien faire contre son ordre, ni même de lui poser une question, lors même qu'il viendrait à quelqu'un une idée nouvelle, préférable à ce qu'il a prescrit lui-même. SOCRATE LE JEUNE ※ C'est vrai : la loi agit réellement à l'égard de chacun de nous comme tu viens de le dire. L'ETRANGER ※ Il est donc impossible que ce qui est toujours simple s'adapte exactement à ce qui ne l'est jamais. SOCRATE LE JEUNE ※ J'en ai peur. L'ETRANGER ※ Alors, pourquoi donc est-il nécessaire de légiférer, si la loi n'est pas ce qu'il y a de plus juste ? Il faut que nous en découvrions la raison. »
Platon, Le Politique
[A] - Questions d'analyse :
1. Quels sont les obstacles qui empêchent la loi d'être exactement juste pour tout le monde ?
2. Que signifie l'expression "aucune chose humaine, pour ainsi dire, ne reste jamais en repos" ?
3. Comment la loi tend-elle vers l'uniformité ?
4. Pourquoi est-il impossible pour une science de promulguer une r��gle simple qui s'applique à tout et à tous les temps ?
[B] - Éléments de synth��se :
1. Pouvez-vous expliquer la phrase "Il est donc impossible que ce qui est toujours simple s'adapte exactement à ce qui ne l'est jamais" ?
2. En vous basant sur les éléments précédents, pouvez-vous dégager l'idée principale du texte ainsi que les étapes de son argumentation ?
[C] - Commentaire :
1. Pensez-vous que la loi peut être juste pour tout le monde ? Justifiez votre réponse.
2. À la lumi��re de vos connaissances et de vos lectures, et en tenant compte du texte, vous vous demanderez si la loi est nécessaire pour régir une société.
Voici un exemple de commentaire linéaire du texte :
dans ce texte, platon, par la voix de l'étranger, s'interroge sur la nature et les limites de la loi.
Il montre que la loi ne peut pas être parfaitement juste, car elle ne peut pas s'adapter à la diversité et à la complexité des situations humaines.
Il soulève ainsi le problème du rapport entre la loi et la justice, qui est au c£ur de sa réflexion politique.
- dans un premier temps, l'étranger expose le principe de la loi, qui est de prescrire ce qui est le meilleur et le plus juste pour tous.
Il reconnaît que ce principe est louable, mais il en dénonce l'impossibilité pratique.
En effet, il affirme que la loi ne peut pas embrasser exactement ce qui est le meilleur et le plus juste pour tout le monde à la fois, car il y a des différences entre les individus, les actions et les circonstances.
Il utilise des termes comme exactement, tout le monde, à la fois, pour souligner l'exigence d'universalité et d'égalité de la loi.
Il oppose à cette exigence les termes comme différences, individus, actions, qui renvoient à la diversité et à la singularité des cas particuliers.
Il ajoute que les choses humaines ne restent jamais en repos, ce qui implique que la loi doit tenir compte du changement et du mouvement.
Il conclut que ces facteurs interdisent à toute science, quelle qu'elle soit, de promulguer en aucune matière une règle simple qui s'applique à tout et à tous les temps.
Il généralise ainsi son propos à toute forme de connaissance normative, qu'elle soit juridique, morale ou politique.
Il met en évidence le problème de l'adéquation entre la règle générale et abstraite et la réalité concrète et variable.
- dans un deuxième temps, l'étranger décrit le comportement de la loi, qui est de s'imposer comme une norme rigide et incontestable.
Il compare la loi à un homme buté et ignorant, qui ne permet à personne de rien faire contre son ordre, ni même de lui poser une question.
Il utilise une métaphore anthropomorphique pour critiquer l'attitude dogmatique et autoritaire de la loi.
Il dénonce le fait que la loi ne tolère aucune exception, ni aucune discussion, même quand il viendrait à quelqu'un une idée nouvelle, préférable à ce qu'il a prescrit lui-même.
Il souligne ainsi le risque d'obsolescence et d'injustice de la loi, qui ne prend pas en compte le progrès et l'innovation.
Il oppose l'idée nouvelle, qui exprime la créativité et la rationalité humaines, à ce qu'il a prescrit lui-même, qui renvoie à l'arbitraire et à l'erreur possibles de la loi.
Il s'appuie sur l'accord de socrate le jeune, qui reconnaît que la loi agit réellement à l'égard de chacun de nous comme tu viens de le dire.
Il montre ainsi que la loi n'est pas respectueuse de la liberté et de la raison des individus.
- dans un troisième temps, l'étranger tire la conséquence logique de son analyse, qui est que la loi n'est pas ce qu'il y a de plus juste.
Il utilise un raisonnement par l'absurde pour démontrer son point de vue.
Il part du constat qu'il est impossible que ce qui est toujours simple s'adapte exactement à ce qui ne l'est jamais.
Il reprend les termes du début du texte pour opposer la simplicité de la loi à la complexité des choses humaines.
Il en déduit que la loi n'est pas capable de rendre justice à chaque situation particulière.
Il formule ensuite une question rhétorique : pourquoi donc est-il nécessaire de légiférer, si la loi n'est pas ce qu'il y a de plus juste ? il suggère que la loi n'a pas de légitimité si elle n'est pas fondée sur la justice.
Il invite enfin son interlocuteur à en découvrir la raison.
Il ouvre ainsi sur une recherche des fondements et des finalités de la loi.
On peut donc dire que ce texte est un exemple d'une critique philosophique de la loi, qui met en lumière ses limites.