Dans cet extrait des "nouveaux essais sur l'entendement humain", leibniz remet en question la certitude des démonstrations mathématiques basées sur des figures. selon lui, la véritable certitude réside dans la rigueur et le ràùglement de l'observation de chaque partie, indépendamment de la figure tracée.
(1646-1716) Est avec Newton l'inventeur du calcul différentiel et infinitésimal : l'idée est que de très petits ordres de grandeurs, une fois additionnés, donnent des choses sensibles. Leibniz est un représentant du Rationalisme, attitude philosophique qui stipule qu
intuitif/discursif
« Les hommes peuvent avoir des démonstrations rigoureuses sur le papier, et en ont sans doute une infinité. Mais sans se souvenir d'avoir usé d'une parfaite rigueur, on ne saurait avoir cette certitude dans l'esprit. Et cette rigueur consiste dans un règlement dont l'observation sur chaque partie soit une assurance à l'égard du tout ; comme dans l'examen de la chaîne par anneaux, où, visitant chacun pour voir s'il est ferme, et prenant des mesures avec la main pour n'en sauter aucun, on est assuré de la bonté de la chaîne. Et par ce moyen on a toute la certitude dont les choses humaines sont capables. Mais je ne demeure point d'accord qu'en mathématiques les démonstrations particulières sur la figure qu'on trace fournissent cette certitude générale. […] Car il faut savoir que ce ne sont pas les figures qui donnent la preuve chez les géomètres. […] La force de la démonstration est indépendante de la figure tracée, qui n'est que pour faciliter l'intelligence de ce qu'on veut dire et fixer l'attention ; ce sont les propositions universelles, c'est-à-dire les définitions, les axiomes, et les théorèmes déjà démontrés qui font le raisonnement et le soutiendraient quand la figure n'y serait pas. »
Leibniz, Nouveaux Essais sur l'entendement humain
[A] - Questions d'analyse :
1. En quoi consiste la rigueur dont parle l'auteur ?
2. Quelle est la différence entre avoir une démonstration rigoureuse sur le papier et avoir une certitude dans l'esprit ?
3. Comment l'auteur explique-t-il que les figures ne donnent pas la preuve chez les géom��tres ?
4. Quels sont les éléments qui font le raisonnement selon l'auteur ?
[B] - Éléments de synth��se :
1. Expliquez la phrase : "cette rigueur consiste dans un r��glement dont l'observation sur chaque partie soit une assurance à l'égard du tout".
2. En vous aidant des éléments précédents, dégagez l'idée principale du texte ainsi que les étapes de son argumentation.
[C] - Commentaire :
1. Pensez-vous que la rigueur dont parle l'auteur est nécessaire pour avoir une certitude dans l'esprit ? Justifiez votre réponse.
2. À la lumi��re de vos connaissances et de vos lectures, et en tenant compte du texte, vous vous demanderez si les figures sont nécessaires pour comprendre les démonstrations en mathématiques.
Voici un exemple de développement possible :
dans ce texte, leibniz s'interroge sur la nature et la certitude des démonstrations mathématiques.
Il distingue deux types de démonstrations : celles qui se font sur le papier, à partir de figures, et celles qui se font dans l'esprit, à partir de propositions universelles.
Il soutient que les premières ne sont pas suffisantes pour garantir la vérité des théorèmes, tandis que les secondes le sont.
Il commence par affirmer que les hommes peuvent avoir des démonstrations rigoureuses sur le papier, mais qu'elles ne leur donnent pas une certitude dans l'esprit.
Il explique que la rigueur consiste à suivre un règlement qui assure la validité de chaque partie du raisonnement et du tout.
Il illustre ce point par l'exemple de l'examen d'une chaîne par anneaux, où il faut vérifier chaque anneau et ne pas en sauter aucun pour être s¹r de la solidité de la chaîne.
Il ajoute que ce moyen donne toute la certitude possible aux choses humaines.
Il poursuit en contestant que les démonstrations particulières sur la figure tracée fournissent cette certitude générale.
Il précise que ce ne sont pas les figures qui donnent la preuve chez les géomètres, mais les propositions universelles, c'est-à-dire les définitions, les axiomes et les théorèmes déjà démontrés.
Il affirme que la force de la démonstration est indépendante de la figure tracée, qui n'a qu'un rôle pédagogique et mnémonique.
Il conclut que ce sont les propositions universelles qui font le raisonnement et le soutiendraient même sans la figure.
Par ce texte, leibniz veut montrer que les mathématiques ne se réduisent pas à une manipulation de symboles ou de dessins, mais qu'elles reposent sur des principes rationnels et nécessaires.
Il veut aussi souligner que la certitude mathématique n'est pas une simple impression subjective, mais qu'elle résulte d'un contrôle rigoureux et exhaustif des éléments du raisonnement.
Il veut enfin distinguer les mathématiques des sciences empiriques, qui ne peuvent pas atteindre le même degré de certitude, car elles dépendent de l'observation des phénomènes particuliers et contingents.