• Merleau-Ponty
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L' auteur :

Merleau-Ponty

(1908 - 1961) Maurice Merleau-Ponty, philosophe phénoménologue du XXe siècle, met en lien la perception, la corporéité et la relation entre le corps et l'esprit. Son œuvre explore la manière dont nous appréhendons le monde à travers nos sens et notre expérience corporelle, et remet en question les conceptions dualistes traditionnelles.

Le repère :

objectif/subjectif/intersubjectif

Le texte :

« Les faits que l'expérience nous propose sont soumis par la science à une analyse dont on ne peut pas espérer qu'elle soit jamais achevée puisqu'il n'y a pas de limites à l'observation, qu'on peut toujours l'imaginer plus complète ou exacte qu'elle n'est à un moment donné. Le concret, le sensible assignent à la science la tâche d'une élucidation interminable, et il résulte de là qu'on ne peut le considérer, à la manière classique, comme une simple apparence destinée à être surmontée par l'intelligence scientifique. Le fait perçu et d'une manière générale les événements de l'histoire du monde ne peuvent être déduits d'un certain nombre de lois qui composeraient le visage permanent de l'univers ; c'est, inversement, la loi qui est une expression approchée de l'événement physique et en laisse subsister l'opacité. Le savant d'aujourd'hui n'a plus, comme le savant de la période classique, l'illusion d'accéder au cūur des choses, à l'objet même. Sur ce point, la physique de la relativité confirme que l'objectivité absolue et dernière est un rêve, en nous montrant chaque observation strictement liée à la position de l'observateur, inséparable de sa situation, et en rejetant l'idée d'un observateur absolu. Nous ne pouvons pas nous flatter, dans la science, de parvenir par l'exercice d'une intelligence pure et non située à un objet pur de toute trace humaine et tel que Dieu le verrait. Ceci n'ôte rien à la nécessité de la recherche scientifique et ne combat que le dogmatisme d'une science qui se prendrait pour savoir absolu et total. Ceci rend simplement justice à tous les éléments de l'expérience humaine et en particulier à notre perception sensible. »
Merleau-Ponty, Causeries

Les questions :



[A] û Questions dÆanalyse
1) Quelle est la nature de l'analyse à laquelle les faits de l'expérience sont soumis par la science ?
2) Que signifie le fait que l'observation ne puisse jamais être achevée ?
3) Comment les faits concrets et sensibles assignent-ils une tâche à la science ?
4) Quelle est la relation entre la loi et l'événement physique selon le texte ?

[B] û Éléments de synth��se

L'analyse :

Voici un exemple de commentaire possible du texte : dans ce texte, merleau-ponty expose sa conception de la science et de la perception, en s'opposant à la vision classique qui réduit le sensible à une apparence trompeuse et qui prétend atteindre l'objectivité absolue par la raison.

Il montre que la science est une activité humaine, située et inachevée, qui ne peut pas éliminer l'opacité du réel ni se substituer à l'expérience vécue.



- il commence par affirmer que les faits que l'expérience nous propose sont soumis par la science à une analyse dont on ne peut pas espérer qu'elle soit jamais achevée.

Il souligne ainsi le caractère indéfini et perfectible de la connaissance scientifique, qui dépend de l'observation et qui peut toujours être améliorée ou corrigée.

Il s'oppose ainsi à l'idée d'une science qui aurait atteint la vérité définitive et qui n'aurait plus rien à découvrir.



- il en déduit que le concret, le sensible assignent à la science la tâche d'une élucidation interminable, et qu'on ne peut pas le considérer, à la manière classique, comme une simple apparence destinée à être surmontée par l'intelligence scientifique.

Il réhabilite ainsi la valeur du sensible, qui n'est pas un obstacle à la connaissance, mais au contraire une source inépuisable d'informations et de problèmes.

Il critique ainsi la conception rationaliste qui méprise le sensible et qui croit pouvoir le réduire à des lois universelles et nécessaires.



- il poursuit en affirmant que le fait perçu et d'une manière générale les événements de l'histoire du monde ne peuvent être déduits d'un certain nombre de lois qui composeraient le visage permanent de l'univers.

Il insiste ainsi sur le caractère contingent et singulier du réel, qui ne se laisse pas enfermer dans des schémas préétablis et qui résiste à la généralisation.

Il s'oppose ainsi à la conception déterministe qui réduit le réel à un ordre immuable et prévisible.



- il ajoute que c'est, inversement, la loi qui est une expression approchée de l'événement physique et en laisse subsister l'opacité.

Il montre ainsi que la science n'est pas capable de rendre compte entièrement du réel, mais qu'elle en propose des modèles simplifiés et approximatifs, qui ne peuvent pas épuiser sa richesse et sa complexité.

Il s'oppose ainsi à la conception positiviste qui identifie le réel à ce que la science en dit et qui ignore ce qui échappe à son langage.



- il conclut en affirmant que le savant d'aujourd'hui n'a plus, comme le savant de la période classique, l'illusion d'accéder au c£ur des choses, à l'objet même.

Il souligne ainsi le changement de paradigme opéré par la physique moderne, qui remet en cause les notions classiques d'espace, de temps, de matière et de causalité.

Il s'appuie notamment sur la théorie de la relativité, qui montre que chaque observation est strictement liée à la position de l'observateur, inséparable de sa situation, et qui rejette l'idée d'un observateur absolu.

Il met ainsi en évidence le rôle constitutif du sujet dans la connaissance scientifique, qui ne peut pas prétendre à une objectivité absolue et dernière.



- il termine en affirmant que nous ne pouvons pas nous flatter, dans la science, de parvenir par l'exercice d'une intelligence pure et non située à un objet pur de toute trace humaine et tel que dieu le verrait.

Il dénonce ainsi l'orgueil d'une science qui se prendrait pour savoir absolu et total, et qui voudrait se substituer à dieu.

Il suggère que cette ambition est un rêve irréalisable, car il n'y a pas d'intelligence pure ni d'objet pur, mais seulement des intelligences humaines et des objets relatifs.



- il finit en affirmant que ceci n'ôte rien à la nécessité de la recherche scientifique et ne combat que le dogmatisme d'une science qui se prendrait pour savoir absolu et total.

Il défend ainsi la lé.