Dans cet extrait de "l'évolution créatrice" de bergson, l'auteur souligne l'aspect artificiel de la forme mathématique des lois physiques et de notre connaissance scientifique. il remet en question l'idée que la nature elle-même utilise les mêmes mesures que nous pour exprimer ses phénomàùnes, mettant en évidence le caractàùre humain de la mesure et de la quantification dans la physique.
(1859-1941) Remet en question la vision selon laquelle l'histoire viserait un progrès dans les sciences. Il propose une nouvelle philosophie permettant d'analyser le contenu conscient de l'expérience immédiate.
objectif/subjectif/intersubjectif
« On n'insistera jamais assez sur ce qu'il y a d'artificiel dans la forme mathématique d'une loi physique, et par conséquent dans notre connaissance scientifique des choses. Nos unités de mesure sont conventionnelles et, si l'on peut parler ainsi, étrangères aux intentions de la nature : comment supposer que celle-ci ait rapporté toutes les modalités de la chaleur aux dilatations d'une même masse de mercure ou aux changements de pression d'une même masse d'air maintenue à un volume constant ? Mais ce n'est pas assez dire. D'une manière générale, mesurer est une opération tout humaine, qui implique qu'on superpose réellement ou idéalement deux objets l'un à l'autre un certain nombre de fois. La nature n'a pas songé à cette superposition. Elle ne mesure pas, elle ne compte pas davantage. Pourtant la physique compte, mesure, rapporte les unes aux autres des variations �oequantitatives” pour obtenir des lois et elle réussit. »
Bergson, L'Évolution créatrice
[A] û Questions d'analyse
1) Quel est le point de vue de l'auteur concernant la forme mathématique d'une loi physique ?
2) En quoi la connaissance scientifique des choses est-elle artificielle selon l'auteur ?
3) Comment l'auteur explique-t-il le caract��re conventionnel de nos unités de mesure ?
4) Quelle est la différence entre la mani��re dont la nature fonctionne et la mani��re dont nous mesurons les phénom��nes physiques selon l'auteur ?
[B] û Eléments de synth��se
1) Expliquez en quoi la mesure est une opération humaine selon l'auteur.
2) En vous basant sur les éléments précédents, dégagez l'idée principale du texte ainsi que les étapes de son argumentation.
[C] û Commentaire
1) Selon vous, pourquoi la physique réussit-elle malgré le fait que la nature ne mesure pas et ne compte pas ?
2) En prenant en compte vos connaissances et vos lectures, et en se basant sur le texte, interrogez-vous sur la relation entre la mesure et la connaissance scientifique des phénom��nes naturels.
Dans ce texte, bergson s'interroge sur la nature de la connaissance scientifique des choses, et plus particulièrement sur le rôle des mathématiques dans la formulation des lois physiques.
Il va montrer que cette connaissance est artificielle, c'est-à-dire qu'elle ne correspond pas à la réalité telle qu'elle est en soi, mais qu'elle est le résultat d'une construction humaine qui simplifie et quantifie les phénomènes naturels.
Il commence par affirmer que nos unités de mesure sont conventionnelles, c'est-à-dire qu'elles sont choisies arbitrairement par les hommes et qu'elles n'ont pas de valeur absolue.
Il prend l'exemple de la chaleur, qui peut être mesurée de différentes manières selon les instruments utilisés (thermomètre à mercure, thermomètre à air, etc.
Il en déduit que la forme mathématique d'une loi physique n'est pas donnée par la nature, mais qu'elle est le fruit d'une convention humaine qui impose une échelle de mesure aux phénomènes.
Il souligne ainsi le caractère artificiel et relatif de notre connaissance scientifique des choses.
Il poursuit en généralisant son propos à toute opération de mesure, qu'il définit comme une superposition réelle ou idéale de deux objets l'un à l'autre un certain nombre de fois.
Il suggère que cette opération est proprement humaine, et qu'elle ne correspond pas à la manière dont la nature se manifeste.
Il oppose ainsi la nature, qui ne mesure pas et ne compte pas, à la physique, qui compte, mesure et rapporte les unes aux autres des variations quantitatives pour obtenir des lois.
Il met en évidence le contraste entre la réalité qualitative et continue de la nature, et la connaissance quantitative et discrète que nous en avons grâce aux mathématiques.
Il termine en reconnaissant que la physique réussit malgré tout à décrire les phénomènes naturels avec une certaine exactitude.
Il s'agit là d'un paradoxe, qui montre que notre connaissance scientifique des choses n'est pas fausse, mais qu'elle n'est pas non plus vraie au sens absolu.
Elle est une approximation, une simplification, une abstraction qui nous permet de manipuler les phénomènes naturels sans pour autant les saisir dans leur essence.
Il pose ainsi le problème du rapport entre la science et la philosophie, entre la connaissance relative et la connaissance absolue des choses.