• Merleau-Ponty
La décision secràùte et la liberté de l'acte volontaire
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Le contexte :

Dans son ouvrage "phénoménologie de la perception", merleau-ponty explore la relation entre la décision, la délibération et l'acte volontaire. selon lui, la décision secràùte préexiste à  la délibération et influence les motifs qui apparaissent. il remet également en question la liberté de l'acte volontaire, soulignant que celui-ci

L' auteur :

Merleau-Ponty

(1908 - 1961) Maurice Merleau-Ponty, philosophe phénoménologue du XXe siècle, met en lien la perception, la corporéité et la relation entre le corps et l'esprit. Son œuvre explore la manière dont nous appréhendons le monde à travers nos sens et notre expérience corporelle, et remet en question les conceptions dualistes traditionnelles.

Le repère :

analyse/synthèse

Le texte :

« En réalité, la délibération suit la décision, c'est ma décision secrète qui fait paraître les motifs et l'on ne concevrait pas même ce que peut être la force d'un motif sans une décision qu'il confirme ou contrarie. Quand j'ai renoncé à un projet, soudain les motifs que je croyais avoir d'y tenir retombent sans force. Pour leur en rendre une, il faut que je fasse l'effort de rouvrir le temps et de me replacer au moment où la décision n'était pas encore prise. Même pendant que je délibère, c'est déjà par un effort que je réussis à suspendre le temps, à maintenir ouverte une situation que je sens close par une décision qui est là et à laquelle je résiste. C'est pourquoi, si souvent, après avoir renoncé à un projet, j'éprouve une délivrance : �oeAprès tout, je n'y tenais pas tant”, il n'y avait débat que pour la forme, la délibération était une parodie, j'avais déjà décidé contre. On cite souvent comme un argument contre la liberté l'impuissance de la volonté. Et en effet, si je peux volontairement adopter une conduite et m'improviser guerrier ou séducteur, il ne dépend pas de moi d'être guerrier ou séducteur avec aisance et �oenaturel”, c'est-à-dire de l'être vraiment. Mais aussi ne doit-on pas chercher la liberté dans l'acte volontaire, qui est, selon son sens même, un acte manqué. Nous ne recourons à l'acte volontaire que pour aller contre notre décision véritable, et comme à dessein de prouver notre impuissance. Si nous avions vraiment assumé la conduite du guerrier ou du séducteur, nous serions guerrier ou séducteur. »
Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception

Les questions :



[A] û Questions dÆanalyse
1) Quelle est la relation entre la délibération et la décision selon l'auteur ?
2) Que signifie le fait que les motifs ne paraissent pas sans une décision pour les confirmer ou les contrarier ?
3) Comment l'auteur décrit-il le processus de renoncement à un projet ?
4) Quel est le lien entre la délibération et la décision dans le temps selon l'auteur ?

[B] û Éléments de synth��se
1) Expliquez la phrase : "Apr��s tout, je n'y tenais pas tant", en vous basant sur le contexte du texte.
2) En vous aidant des éléments précédents, dégagez l'idée principale du texte ainsi que les étapes de son argumentation.

L'analyse :

Voici un exemple de commentaire linéaire du texte : le texte de merleau-ponty porte sur la notion de liberté et la façon dont nous prenons des décisions.

L'auteur cherche à montrer que la liberté n'est pas dans l'acte volontaire, mais dans la décision secrète qui précède la délibération.

Il s'appuie pour cela sur une analyse phénoménologique de l'expérience du temps et de la motivation.

Dans un premier temps, il affirme que la délibération suit la décision, et non l'inverse.

Il explique que les motifs qui nous semblent justifier notre choix ne sont en fait que des conséquences de notre décision secrète, qui est déjà prise avant que nous en ayons conscience.

Il illustre ce propos par l'exemple du renoncement à un projet, qui fait perdre toute force aux motifs qui nous poussaient à le réaliser.

Il souligne que pour retrouver ces motifs, il faut faire un effort de réouverture du temps, c'est-à-dire de se replacer dans la situation où la décision n'était pas encore prise.

Il en déduit que la délibération est une sorte de résistance à notre décision secrète, qui est déjà là et qui clôt la situation.

Il montre ainsi que la liberté n'est pas dans le fait de peser les pour et les contre, mais dans le fait de s'engager dans une direction.

Dans un deuxième temps, il critique l'idée selon laquelle la liberté serait dans l'acte volontaire, c'est-à-dire dans le fait d'adopter une conduite par un effort de volonté.

Il reconnaît que nous pouvons volontairement agir d'une certaine manière, par exemple en jouant le rôle du guerrier ou du séducteur, mais il soutient que cela ne suffit pas à être vraiment guerrier ou séducteur.

Il explique que l'acte volontaire est en fait un acte manqué, qui révèle notre impuissance à être ce que nous voulons être.

Il suggère que si nous avions vraiment assumé la conduite du guerrier ou du séducteur, nous n'aurions pas besoin de recourir à l'acte volontaire, qui est une façon de contredire notre décision véritable.

Il montre ainsi que la liberté n'est pas dans le fait de faire ce que l'on veut, mais dans le fait d'être ce que l'on est.

Le texte de merleau-ponty nous invite donc à repenser la notion de liberté en la détachant de l'idée d'un choix rationnel ou d'un acte volontaire.

Il nous propose de concevoir la liberté comme une décision secrète, qui précède et oriente notre action, et qui exprime notre être profond.

Il nous invite à assumer cette décision comme notre propre engagement, plutôt qu'à lui résister ou à la contredire.