Augustin interroge la nature du temps et de la mémoire. il met en évidence le paradoxe de l'avenir qui n'existe pas encore mais qui est déjà présent dans notre esprit par l'attente, et du passé qui n'est plus mais qui persiste dans notre mémoire par le souvenir. il remet en question la notion de durée et souligne l'importance de l'attention dans la perception du présent.
(354-430) Philosophe et théologien chrétien de l'Antiquité tardive, Saint Augustin a formulé des idées pour le christianisme occidental, notamment sur la grâce divine, le péché, la prédestination, et la relation entre la foi et la raison. Son œuvre "Les Confessions" est une exploration autobiographique de sa conversion au christianisme et de son cheminement spirituel.
intuitif/discursif
« Comment l'avenir diminue-t-il ? Comment s'épuise-t-il, lui qui n'est pas encore ? Et comment le passé s'accroît-il, lui qui n'est plus, si ce n'est parce que dans l'esprit qui a opéré ainsi, il y a ces trois actions : l'attente, l'attention, le souvenir. Le contenu de l'attente passe par l'attention et devient souvenir. L'avenir n'est pas encore, qui le nie ? Mais il y a déjà dans l'esprit l'attente de l'avenir. Et le passé n'est plus rien, qui le nie ? Mais il y a encore dans l'esprit le souvenir du passé. Et le présent, privé d'étendue, n'est qu'un point fugitif, qui le nie ? Mais elle dure pourtant, l'attention à travers laquelle ce qui advient s'achemine à sa disparition. Ce n'est donc pas l'avenir qui est long, lui qui n'existe pas, mais un long avenir, c'est une longue attente de l'avenir, et il n'y a pas plus de long passé, un long passé, c'est un long souvenir du passé. »
Augustin
[a] - questions d'analyse
1) Comment le texte décrit-il l'avenir ?
2) Quelles sont les actions présentes dans l'esprit de celui qui fait grandir le passé ?
3) En quoi consiste le lien entre l'attente, l'attention et le souvenir dans le texte ?
4) Quelle est la différence entre l'avenir et une longue attente de l'avenir selon le texte ?
[b] - éléments de synth��se
1) Expliquez la phrase : "ce n'est donc pas l'avenir qui est long, lui qui n'existe pas, mais un long avenir, c'est une longue attente de l'avenir, et il n'y a pas plus de long passé, un long passé, c'est un long souvenir du passé."
2) En vous appuyant sur les éléments précédents, dégagez l'idée principale du texte ainsi que les étapes de son argumentation.
[c] - commentaire
1) Peut-on dire que l'avenir est un concept totalement inexistant ? Justifiez votre réponse.
2) À la lumi��re de vos connaissances et de vos lectures, en tenant compte du texte d'Augustin, pensez-vous que l'attention et la mémoire influencent notre perception du temps ? Expliquez votre point de vue.
Voici une possible analyse du texte :
dans ce texte, augustin s'interroge sur la nature du temps et sur la façon dont nous le mesurons.
Il cherche à comprendre comment l'avenir, qui n'existe pas encore, peut diminuer, et comment le passé, qui n'existe plus, peut s'accroître.
Il propose alors une explication fondée sur les trois opérations mentales que sont l'attente, l'attention et le souvenir.
- il commence par poser les questions qui le troublent : comment l'avenir diminue-t-il ? comment le passé s'accroît-il ? il souligne le paradoxe de ces phénomènes, puisque l'avenir n'est pas encore et le passé n'est plus.
Il introduit ainsi le problème du temps, qui semble échapper à toute saisie objective.
- il poursuit en donnant la clé de son raisonnement : il faut distinguer le temps objectif, qui n'a pas d'étendue, du temps subjectif, qui dépend de l'esprit.
Il affirme que c'est dans l'esprit qu'il y a ces trois actions : l'attente, l'attention et le souvenir.
Il suggère ainsi que le temps est une construction de la conscience humaine, qui projette ses attentes vers l'avenir et conserve ses souvenirs du passé.
- il développe ensuite son explication en montrant comment le contenu de l'attente passe par l'attention et devient souvenir.
Il décrit ainsi le processus par lequel le temps subjectif se forme : l'attente est ce qui oriente notre esprit vers l'avenir, l'attention est ce qui nous fait percevoir le présent, et le souvenir est ce qui nous fait garder la trace du passé.
Il illustre ainsi la dynamique du temps vécu, qui est un mouvement continu de la conscience.
- il conclut en résumant sa thèse : ce n'est pas l'avenir ni le passé qui sont longs ou courts, mais notre attente ou notre souvenir de ces moments.
Il réaffirme ainsi que la durée du temps dépend de notre état d'esprit, et non de la réalité extérieure.
Il résout ainsi le problème qu'il avait posé au début, en montrant que le temps est relatif à notre expérience.