Dans cet extrait d'éléments de philosophie d'alain, l'auteur questionne la perception des distances et met en avant le ràïle de notre jugement dans cette perception. il souligne que notre perception des objets éloignés est basée sur des indices visuels tels que la couleur, la taille relative et la présence d'autres éléments qui peuvent les masquer en partie. alain invite ainsi à réfléchir sur la maniàùre dont notre esprit interpràùte et construit la réalité spatiale qui nous entoure.
(1868-1951) Il effectue un mouvement de retour au Cartésianisme en niant l'inconscient Freudien, selon lui ce dernier doit être réduit aux pulsions du corps opposées à la rationalité de l'Esprit.
objectif/subjectif/intersubjectif
« Examinons bien. Cet horizon lointain, je ne le vois pas lointain ; je juge qu'il est loin d'après sa couleur, d'après la grandeur relative des choses que j'y vois, d'après la confusion des détails, et l'interposition d'autres objets qui me le cachent en partie. Ce qui prouve qu'ici je juge, c'est que les peintres savent bien me donner cette perception d'une montagne lointaine, en imitant les apparences sur une toile. Mais pourtant je vois cet horizon là-bas, aussi clairement là-bas que je vois cet arbre clairement près de moi ; et toutes ces distances, je les perçois. Que serait le paysage sans cette armature de distances, je n'en puis rien dire ; une espèce de lueur confuse sur mes yeux, peut-être. Poursuivons. Je ne vois point le relief de ce médaillon, si sensible d'après les ombres ; et chacun peut deviner aisément que l'enfant apprend à voir ces choses, en interprétant les contours et les couleurs. Il est encore bien plus évident que je n'entends pas cette cloche au loin, là-bas, et ainsi du reste […]. Regardons de plus près. Cette distance de l'horizon n'est pas une chose parmi les choses, mais un rapport des choses à moi, un rapport pensé, conclu, jugé. »
Alain, Éléments de philosophie
[A] û Questions dÆanalyse
1) Comment l'auteur juge-t-il la distance de l'horizon ?
2) Comment les peintres parviennent-ils à donner la perception d'une montagne lointaine ?
3) Comment l'auteur perçoit-il les distances ?
4) Pourquoi l'auteur affirme-t-il ne pas voir le relief d'un médaillon ou entendre une cloche au loin ?
[B] û Eléments de synth��se
Voici un possible développement de l'analyse du texte :
dans ce texte, alain s'interroge sur la nature de la perception, c'est-à-dire sur la façon dont nous appréhendons le monde sensible.
Il prend l'exemple du paysage et examine les différents éléments qui le composent, tels que l'horizon, le relief ou le son d'une cloche.
Il cherche à distinguer ce que nous voyons réellement de ce que nous jugeons ou interprétons à partir de ce que nous voyons.
Il en conclut que la perception n'est pas une simple impression passive, mais une activité intellectuelle qui implique des rapports entre les choses et nous.
Il commence par affirmer qu'il ne voit pas l'horizon lointain comme lointain, mais qu'il juge qu'il est loin d'après des indices visuels, comme la couleur, la grandeur ou la confusion des détails.
Il montre ainsi que la perception de la distance n'est pas immédiate, mais inférée à partir d'éléments qui peuvent être reproduits par l'art, comme le fait un peintre.
Il reconnaît cependant qu'il voit cet horizon "là-bas", aussi clairement qu'il voit un arbre "près de lui".
Il admet donc qu'il perçoit les distances, même s'il ne les voit pas directement.
Il se demande alors ce que serait le paysage sans cette "armature de distances", et il avoue qu'il n'en sait rien, sinon une "espèce de lueur confuse".
Il suggère ainsi que la perception des distances est indispensable pour donner une forme et une profondeur au paysage.
Il poursuit son analyse en examinant le relief d'un médaillon, qu'il ne voit pas non plus, mais qu'il déduit d'après les ombres.
Il ajoute que l'enfant apprend à voir ces choses en interprétant les contours et les couleurs.
Il montre ainsi que la perception du relief n'est pas innée, mais acquise par l'expérience et l'éducation.
Il renforce son propos en affirmant qu'il n'entend pas non plus la cloche au loin, mais qu'il juge qu'elle est loin d'après le son.
Il généralise ainsi son raisonnement à d'autres sens que la vue.
Il termine son texte en regardant de plus près la distance de l'horizon, qu'il qualifie de "rapport des choses à moi".
Il explique que ce rapport n'est pas une chose parmi les choses, mais un rapport "pensé, conclu, jugé".
Il souligne ainsi que la perception implique une activité intellectuelle qui met en relation les objets et le sujet.
Il remet donc en cause l'idée d'une perception purement passive et sensible, et il ouvre la voie à une réflexion sur le rôle de la raison dans la connaissance du monde.