Dans ce texte extrait de la "critique de la faculté de juger", kant remet en question la validité du jugement de goût basé sur l'assentiment des autres. selon lui, l'appréciation de la beauté est une expérience subjective et individuelle qui ne peut être imposée par l'opinion générale.
(1724-1804) Consacre toute son œuvre philosophique à établir les limites dans lesquelles la raison est légitime. Il va lutter contre les doctrines métaphysiques et recentrer la raison sur des connaissances plus certaines (mathématiques, physiques etc.)
objectif/subjectif/intersubjectif
« Quand quelqu'un ne trouve pas beau un édifice, un paysage, un poème, il ne se laisse pas imposer intérieurement l'assentiment par cent voix, qui toutes les célèbrent hautement. Il peut certes faire comme si cela lui plaisait à lui aussi, afin de ne pas être considéré comme dépourvu de goût ; il peut même commencer à douter d'avoir assez formé son goût par la connaissance d'une quantité suffisante d'objets de ce genre (de même que quelqu'un qui croit reconnaître au loin une forêt dans ce que tous les autres aperçoivent comme une ville doute du jugement de sa propre vue). Mais, en tout cas, il voit clairement que l'assentiment des autres ne constitue absolument pas une preuve valide pour l'appréciation de la beauté : d'autres peuvent bien voir et observer pour lui, et ce que beaucoup ont vu d'une même façon peut assurément, pour lui qui croit avoir vu la même chose autrement, constituer une preuve suffisante pour construire un jugement théorique et par conséquent logique ; mais jamais ce qui a plu à d'autres ne saurait servir de fondement à un jugement esthétique. Le jugement des autres, quand il ne va pas dans le sens du nôtre, peut sans doute à bon droit nous faire douter de celui que nous portons, mais jamais il ne saurait nous convaincre de son illégitimité. Ainsi n'y a-t-il aucune preuve empirique permettant d'imposer à quelqu'un le jugement de goût. »
Kant, Critique de la faculté de juger
[A] û Questions dÆanalyse
1) Pourquoi quelqu'un ne se laisse-t-il pas imposer intérieurement l'assentiment par les cent voix qui cél��brent hautement la beauté d'un édifice, d'un paysage ou d'un po��me ?
2) Que peut faire une personne qui ne trouve pas beau quelque chose afin de ne pas être considérée comme dépourvue de go�t ?
3) Comment une personne peut-elle commencer à douter de la formation de son go�t ?
4) Comment le texte souligne-t-il que l'assentiment des autres ne constitue pas une preuve valide pour l'appréciation de la beauté ?
[B] û Éléments de synth��se
1) Expliquez la phrase : "Mais jamais ce qui a plu à d'autres ne saurait servir de fondement à un jugement esthétique."
Voici une possible analyse du texte de kant :
dans ce texte, kant s'intéresse à la question du jugement de go¹t, c'est-à-dire du jugement porté sur la beauté d'un objet.
Il cherche à montrer que ce jugement est subjectif et ne peut pas être fondé sur l'opinion des autres.
- il commence par présenter un exemple où quelqu'un ne trouve pas beau un objet que beaucoup d'autres apprécient.
Il montre que cette personne ne se laisse pas convaincre par la majorité, même si elle peut feindre de l'être ou douter de son propre go¹t.
Il explique que l'assentiment des autres n'est pas une preuve valide pour apprécier la beauté, car il s'agit d'un sentiment personnel et non d'un savoir objectif.
Il utilise pour cela une comparaison entre le jugement esthétique et le jugement théorique, qui lui repose sur l'observation et la logique.
Il souligne ainsi la différence entre le domaine du sensible et celui du rationnel.
- il poursuit en affirmant que le jugement des autres, quand il contredit le nôtre, peut seulement nous faire douter, mais jamais nous persuader de son bien-fondé.
Il réaffirme que le jugement de go¹t est indépendant de toute preuve empirique, c'est-à-dire de toute expérience sensible.
Il implique donc que le jugement de go¹t est universel, c'est-à-dire qu'il vaut pour tous les sujets capables de ressentir la beauté, sans avoir besoin d'une règle commune.
Le texte de kant vise à définir les caractéristiques du jugement de go¹t et à le distinguer des autres types de jugements.
Il met en évidence la subjectivité, l'autonomie et l'universalité du jugement esthétique.
Il pose ainsi les bases de sa réflexion sur le beau et sur le rôle de la faculté de juger dans la connaissance humaine.