• Cicéron
La justice au-delà  des lois
justice - raison



Le contexte :

Cicéron remet en question la légitimité de considérer comme "juste" tout ce qui est inscrit dans les institutions et les lois des peuples. selon lui, la justice ne peut être réduite à  la simple soumission à  des ràùgles écrites, mais doit être fondée sur une loi supérieure, celle de la juste raison. si la justice se mesure uniquement à  l'intérêt, alors elle perd tout fondement et devient arbitraire.

L' auteur :

Cicéron

Le repère :

légal/légitime

Le texte :

« Ce qui est complètement insensé, c'est de considérer comme étant �oejuste” tout ce qui figure dans les institutions et les lois des peuples, ou même, les lois (en admettant qu'il en soit !) portées par des tyrans. Si les Trente d'Athènes  avaient eu la volonté d'imposer des lois ou si leurs lois tyranniques avaient plu au peuple athénien tout entier, serait-ce une raison pour les considérer comme �oejustes” ? A aucun titre, je crois, - pas plus que cette loi que porta chez nous un interroi  donnant à un dictateur le pouvoir de tuer nominativement et sans procès celui des citoyens qu'il voudrait. Il n'y a en effet qu'un droit unique, qui astreint la société humaine et que fonde une Loi unique : Loi, qui est la juste raison dans ce qu'elle commande et dans ce qu'elle défend. Qui ignore cette loi est injuste, qu'elle soit écrite quelque part ou non. Mais si la justice n'est que la soumission à des lois écrites et aux institutions des peuples, et si […] tout se doit mesurer à l'intérêt, celui qui pensera avoir intérêt à mépriser et violer ces lois le fera, s'il le peut. Il en résulte qu'il n'y a absolument plus de justice, si celle-ci n'est pas fondée sur la nature, et si la justice établie en vue de l'intérêt est déracinée par un autre intérêt. »
Cicéron

Les questions :



[A] - Questions d'analyse
1) Quel est le point de vue de l'auteur concernant la considération des lois des peuples et des institutions comme étant "justes" ?
2) Que critique l'auteur dans le texte en se référant aux Trente d'Ath��nes ?
3) Comment l'auteur définit-il la notion de justice ?
4) Quelle est la conséquence selon l'auteur si la justice est uniquement basée sur la soumission aux lois écrites et aux institutions des peuples ?

[B] - Éléments de synth��se
1) Expliquez la signification de la phrase : "Il n'y a en effet qu'un droit unique, qui astreint la société humaine et que fonde une Loi unique : Loi, qui est la juste raison dans ce qu'elle commande et dans ce qu'elle défend."

L'analyse :

Voici un exemple de développement possible : l'auteur du texte, cicéron, est un philosophe et homme politique romain du ier siècle avant j.

Il s'intéresse ici à la question de la justice et de la loi, et il défend l'idée qu'il existe une loi naturelle et universelle, fondée sur la raison, qui s'impose à tous les hommes et à toutes les sociétés.

Il critique ainsi le relativisme juridique, qui consiste à considérer que la justice se réduit aux lois positives, c'est-à-dire aux lois établies par les hommes selon les circonstances et les intérêts.

Pour appuyer sa thèse, il commence par donner deux exemples historiques de lois injustes, qui ont été imposées par la force ou par le consentement des peuples, mais qui ne respectaient pas la dignité humaine.

Il évoque ainsi le cas des trente tyrans d'athènes, qui ont instauré une dictature sanglante après la guerre du péloponnèse, et le cas d'une loi romaine qui donnait au dictateur le droit de vie et de mort sur les citoyens.

Ces exemples visent à montrer que la justice ne peut pas se fonder sur le pouvoir ou sur l'opinion, car cela conduirait à légitimer des actes arbitraires et violents.

Ensuite, il affirme qu'il n'y a qu'un seul droit et qu'une seule loi, qui sont fondés sur la raison.

Il s'agit de la loi naturelle, qui est inscrite dans la nature des choses et qui est accessible à l'esprit humain.

Cette loi est universelle et immuable, elle s'applique à tous les hommes et à toutes les situations.

Elle est le critère ultime pour juger de la justice ou de l'injustice des lois positives.

Celui qui ignore cette loi est injuste, même s'il suit les lois écrites.

Cicéron fait ici appel à la notion sto´cienne de logos, qui désigne la raison ordonnatrice du monde et de l'homme.

Enfin, il réfute l'objection selon laquelle la justice serait relative à l'intérêt de chacun.

Il soutient que si la justice n'est que la soumission à des lois écrites et aux institutions des peuples, alors elle devient fragile et instable, car elle peut être remise en cause par un intérêt contraire.

Il en résulte qu'il n'y a plus de justice du tout, si celle-ci n'est pas fondée sur la nature.

Cicéron défend ici une conception réaliste et objective de la justice, qui repose sur une idée de bien commun et de bien humain.

Il s'oppose ainsi au scepticisme et à l'égo´sme moral.