Thomas d'aquin explore la complexité de la justice face à la diversité infinie des actes humains. il souligne que bien que les lois soient essentielles, il existe des situations oàû les suivre à la lettre va à l'encontre de la justice et du bien commun. l'équité émerge comme une vertu cruciale, permettant de transcender la rigueur légale pour servir la justice et l'intérêt public.
légal/légitime
« Parce que les actes humains pour lesquels on établit des lois consistent en des cas singuliers et contingents, variables à l'infini, il a toujours été impossible d'instituer une règle légale qui ne serait jamais en défaut. Mais les législateurs, attentifs à ce qui se produit le plus souvent, ont établi des lois en ce sens. Cependant, en certains cas, les observer va contre l'égalité de la justice, et contre le bien commun, visés par la loi. Ainsi, la loi statue que les dépôts doivent être rendus, parce que cela est juste dans la plupart des cas. Il arrive pourtant parfois que ce soit dangereux, par exemple si un fou a mis une épée en dépôt et la réclame pendant une crise, ou encore si quelqu'un réclame une somme qui lui permettra de combattre sa patrie. En ces cas et d'autres semblables, le mal serait de suivre la loi établie ; le bien est, en négligeant la lettre de la loi, d'obéir aux exigences de la justice et du bien public. C'est à cela que sert l'équité. Aussi est-il clair que l'équité est une vertu. L'équité ne se détourne pas purement et simplement de ce qui est juste, mais de la justice déterminée par la loi. Et même, quand il le faut, elle ne s'oppose pas à la sévérité qui est fidèle à l'exigence de la loi ; ce qui est condamnable, c'est de suivre la loi à la lettre quand il ne le faut pas. Aussi est-il dit dans le Code : �oeIl n'y a pas de doute qu'on pèche contre la loi si, en s'attachant à sa lettre, on contredit la volonté du législateur”. Il juge de la loi celui qui dit qu'elle est mal faite. Mais celui qui dit que dans tel cas il ne faut pas suivre la loi à la lettre, ne juge pas de la loi, mais d'un cas déterminé qui se présente. »
Thomas D'Aquin, Somme théologique
[A] - Questions d'analyse
1) Pourquoi est-il impossible d'établir une r��gle légale qui ne serait jamais en défaut ?
2) Comment les législateurs établissent-ils des lois malgré cette impossibilité ?
3) Dans quels cas l'observation stricte de la loi peut-elle aller contre l'égalité de la justice et le bien commun ?
4) Comment l'équité permet-elle de résoudre ces situations ?
[B] - Éléments de synth��se
1) Que signifie l'expression : "l'équité ne se détourne pas purement et simplement de ce qui est juste, mais de la justice déterminée par la loi" ?
Voici une possible analyse du texte :
le texte de thomas d'aquin traite de la notion d'équité, qui est la vertu qui consiste à adapter la loi aux cas particuliers, en tenant compte des circonstances et du bien commun.
L'auteur cherche à montrer que l'équité est nécessaire et légitime, face à la rigidité de la loi écrite, qui ne peut pas prévoir tous les cas de figure.
Dans un premier temps, il expose le problème posé par la loi écrite, qui est qu'elle ne peut pas englober tous les actes humains, qui sont singuliers et contingents, c'est-à-dire propres à chaque situation et susceptibles de changer.
Il affirme que les législateurs ont établi des lois en fonction de ce qui se produit le plus souvent, mais que cela peut entraîner des injustices ou des dommages dans certains cas exceptionnels.
Il illustre son propos par deux exemples : celui du dépôt d'une épée à un fou, et celui du dépôt d'une somme d'argent à un ennemi de la patrie.
Dans ces cas, rendre le dépôt serait contraire à l'égalité de la justice et au bien commun, qui sont les fins visées par la loi.
Il pose donc le principe que l'équité consiste à négliger la lettre de la loi pour obéir aux exigences de la justice et du bien public.
Dans un second temps, il tire les conséquences de ce principe, en affirmant que l'équité est une vertu, c'est-à-dire une disposition habituelle à agir bien.
Il précise que l'équité ne se détourne pas de la justice en général, mais de la justice déterminée par la loi écrite, qui peut être trop sévère ou trop laxiste selon les cas.
Il cite alors une autorité juridique, le code, qui confirme que suivre la loi à la lettre peut être péché contre la loi, si on contredit la volonté du législateur.
Il distingue enfin celui qui juge de la loi, qui remet en cause son bien-fondé, de celui qui juge du cas particulier, qui adapte la loi aux circonstances.
Il suggère ainsi que l'équité n'est pas une atteinte à l'autorité de la loi, mais une application prudente et raisonnable de celle-ci.