Dans ce texte, bergson explore la capacité des grands peintres à percevoir des aspects de la nature que nous ne remarquons pas. il remet en question l'idée selon laquelle les peintres créent simplement des images qui nous plaisent, en soulignant que leur art révàùle des vérités déjà présentes mais non perà§ues dans notre expérience quotidienne. ainsi, la vision artistique nous permet de voir la réalité autrement.
(1859-1941) Remet en question la vision selon laquelle l'histoire viserait un progrès dans les sciences. Il propose une nouvelle philosophie permettant d'analyser le contenu conscient de l'expérience immédiate.
identité/égalité/différence
« Les grands peintres sont des hommes auxquels remonte une certaine vision des choses qui est devenue ou qui deviendra la vision de tous les hommes. Un Corot , un Turner , pour ne citer que ceux-là, ont aperçu dans la nature bien des aspects que nous ne remarquions pas. - Dira-t-on qu'ils n'ont pas vu, mais créé, qu'ils nous ont livré des produits de leur imagination, que nous adoptons leurs inventions parce qu'elles nous plaisent, et que nous nous amusons simplement à regarder la nature à travers l'image que les grands peintres nous en ont tracée ? - C'est vrai dans une certaine mesure ; mais, s'il en était uniquement ainsi, pourquoi dirions-nous de certaines ūuvres - celles des maîtres - qu'elles sont vraies ? Où serait la différence entre le grand art et la pure fantaisie ? Approfondissons ce que nous éprouvons devant un Turner ou un Corot : nous trouverons que, si nous les acceptons et les admirons, c'est que nous avions déjà perçu quelque chose de ce qu'ils nous montrent. Mais nous avions perçu sans apercevoir. C'était pour nous une vision brillante et évanouissante, perdue dans la foule de ces visions également brillantes, également évanouissantes, qui se recouvrent dans notre expérience usuelle comme des �oedissolving views” et qui constituent, par leur interférence réciproque, la vision pâle et décolorée que nous avons habituellement des choses. Le peintre l'a isolée ; il l'a si bien fixée sur la toile que, désormais, nous ne pourrons nous empêcher d'apercevoir dans la réalité ce qu'il y a vu lui-même. »
Bergson
[A] - Questions d'analyse
1) Quelle est la vision des grands peintres selon le texte ?
2) Que signifie l'expression "aperçu sans apercevoir" dans le contexte du texte ?
3) Comment les grands peintres parviennent-ils à fixer leur vision sur la toile ?
4) Quelle est la différence entre le grand art et la pure fantaisie selon l'auteur ?
[B] - Éléments de synth��se
1) Expliquez la phrase : "Le peintre l'a si bien fixée sur la toile que, désormais, nous ne pourrons nous empêcher d'apercevoir dans la réalité ce qu'il y a vu lui-même."
Voici une possible analyse du texte :
le texte de bergson porte sur la question de la relation entre l'art et la réalité, et plus précisément sur le rôle des grands peintres dans la perception que nous avons de la nature.
L'auteur cherche à montrer que les peintres ne se contentent pas de créer des images fantaisistes, mais qu'ils révèlent des aspects de la réalité que nous ne savons pas voir.
Dans le premier paragraphe, bergson expose sa thèse principale : les grands peintres sont ceux qui ont une vision originale des choses, qui précède ou annonce celle du commun des hommes.
Il illustre son propos par deux exemples : corot et turner, deux peintres paysagistes du xixe siècle, qui ont su capter des nuances de lumière et de couleur dans la nature que nous ne remarquions pas.
Il s'agit donc de dire que les peintres ont un sens aigu de l'observation, qu'ils savent saisir des détails significatifs et les exprimer dans leur art.
Dans le deuxième paragraphe, bergson anticipe une objection possible : ne pourrait-on pas dire que les peintres ne voient pas la réalité, mais qu'ils la créent selon leur imagination, et que nous adoptons leur vision par simple plaisir esthétique ? il reconnaît qu'il y a une part de vérité dans cette idée, mais il la nuance fortement.
Il s'appuie sur le fait que nous jugeons certaines £uvres comme étant vraies, c'est-à-dire conformes à la réalité, et qu'il y a donc une différence entre le grand art et la pure fantaisie.
Il s'agit donc de dire que les peintres ne sont pas des illusionnistes, mais des révélateurs de la réalité.
Dans le troisième paragraphe, bergson approfondit son analyse en expliquant ce que nous éprouvons devant un turner ou un corot.
Il affirme que nous acceptons et admirons leur vision parce que nous avions déjà perçu quelque chose de ce qu'ils nous montrent, mais sans en avoir conscience.
Il oppose alors la perception usuelle, qui est vague et superficielle, à la perception artistique, qui est vive et profonde.
Il compare la première à un mélange confus d'images qui se recouvrent et se décolorent, et la seconde à une image isolée et fixée sur la toile.
Il s'agit donc de dire que les peintres nous aident à apercevoir dans la réalité ce qu'ils y ont vu eux-mêmes.
Le texte de bergson vise donc à défendre l'idée que l'art n'est pas une simple imitation ou une pure invention, mais une interprétation de la réalité qui nous permet d'en découvrir des aspects cachés ou ignorés.
Il suggère ainsi que l'art a une valeur cognitive, qu'il contribue à enrichir notre connaissance du monde.