Dans cet extrait de l'essai sur l'entendement humain, locke expose l'importance des mots dans la communication des pensées. selon lui, les mots sont des signes sensibles externes permettant de rendre manifestes les idées invisibles présentes dans l'esprit de l'homme. il souligne ainsi l'utilité des mots en tant que marque sensible des idées et leur capacité à être la signification propre et immédiate des idées qu'ils représentent.
(1632-1704) Philosophe du mouvement de l'empirisme anglais, qui stipule que toute connaissance dérive par nature de l'expérience. Toute sa philosophie fait découler des implications pratiques à partir de ce constat.
abstrait/concret
« L'homme a des pensées fort diverses et d'autres pourraient comme lui en tirer plaisir et profit ; mais toutes demeurent en son sein, invisibles et cachées aux autres et ne peuvent d'elles-mêmes devenir manifestes. Les avantages et les bénéfices de la vie sociale sont inaccessibles sans communication des pensées ; aussi a-t-il fallu que l'homme trouve des signes sensibles externes permettant de faire connaître aux autres les idées invisibles dont sont constituées ses pensées. A cette fin rien n'est plus adapté, par leur fécondité aussi bien que leur brièveté, que les sons articulés que l'homme s'est trouvé capable de créer avec tant de facilité et de variété. Ainsi, peut-on penser, est-il arrivé que les mots, naturellement si bien adaptés à leur but, ont été utilisés par les hommes comme signes de leurs idées : non par la liaison naturelle qui existerait entre des sons articulés particuliers et certaines idées (il n'y aurait alors qu'une seule langue par toute l'humanité), mais par l'institution volontaire qui fait qu'un mot devient arbitrairement la marque de telle idée. L'utilité des mots est donc d'être la marque sensible des idées, et les idées dont ils tiennent lieu sont leur signification propre et immédiate. »
Locke, Essai sur l'entendement humain
[A] û Questions d'analyse
1) Quel est l'enjeu principal abordé dans le texte de Lock�
2) Comment l'auteur explique-t-il le besoin de communication des pensées pour les avantages de la vie social�
3) Quelle est la fonction des mots selon Locke, et en quoi cela diff��re-t-il de l'idée que les mots sont liés naturellement à certaines idées?
4) Pourquoi Locke insiste-t-il sur le caract��re arbitraire de la liaison entre les mots et les idées?
[B] û Éléments de synth��se
1) Résumez bri��vement la th��se principale de Locke concernant l'utilisation des mots comme signes de pensées.
2) En utilisant les informations précédentes, décrivez le raisonnement de Locke sur la communication des idées et l'importance des mots dans ce processus.
[C] û Commentaire
1) Selon vous, quelle est la pertinence de la th��se de Locke sur l'arbitraire des mots dans le contexte de la linguistique contemporain�
2) À la lumi��re de vos connaissances et de vos lectures, discutez de l'impact de la théorie de Locke sur la philosophie de la langue et la communication humaine.
Voici une possible analyse du texte de locke :
- le texte traite du problème du langage, c'est-à-dire de la capacité des hommes à communiquer leurs pensées par des signes sensibles.
L'auteur cherche à expliquer l'origine, la fonction et la nature des mots, qui sont les principaux signes du langage humain.
- le texte se compose de trois parties, qui correspondent à trois étapes de l'argumentation de locke :
- la première partie va de "l'homme a des pensées fort diverses" à "inaccessibles sans communication des pensées".
Elle expose le point de départ du raisonnement, qui est la constatation d'une double diversité : celle des pensées humaines, qui sont multiples et variées, et celle des hommes eux-mêmes, qui sont différents les uns des autres.
Cette double diversité pose un problème : comment faire partager aux autres les idées qui sont dans notre esprit ? comment rendre visible ce qui est invisible ? locke affirme que la vie sociale, qui suppose l'échange et la coopération, nécessite la communication des pensées.
Il pose ainsi le problème du langage comme une question pratique et sociale.
- la deuxième partie va de "aussi a-t-il fallu que l'homme trouve" à "signes de leurs idées".
Elle expose la solution que l'homme a trouvée pour résoudre le problème du langage : l'invention des mots.
Locke montre que les mots sont des signes sensibles externes, c'est-à-dire des sons articulés que l'on peut percevoir par l'ou´e et que l'on peut produire par la voix.
Il souligne les avantages des mots par rapport à d'autres signes possibles, comme les gestes ou les images : ils sont plus féconds, c'est-à-dire qu'ils permettent d'exprimer une plus grande variété d'idées ; ils sont plus brefs, c'est-à-dire qu'ils permettent de communiquer plus rapidement et plus efficacement.
Locke affirme que les mots sont naturellement adaptés à leur but, c'est-à-dire qu'ils correspondent à la nature humaine, qui est douée de raison et de parole.
Il explique que les mots sont utilisés par les hommes comme signes de leurs idées, c'est-à-dire qu'ils renvoient à des représentations mentales que l'on se fait des choses.
- la troisième partie va de "non par la liaison naturelle" à "leur signification propre et immédiate".
Elle précise la nature des mots et leur rapport aux idées.
Locke distingue deux types de relations possibles entre les mots et les idées : une relation naturelle, qui serait fondée sur une ressemblance ou une nécessité ; une relation arbitraire, qui serait fondée sur un choix ou une convention.
Il rejette la première hypothèse, qui impliquerait qu'il n'y aurait qu'une seule langue universelle pour tous les hommes.
Il adopte la seconde hypothèse, qui rend compte de la diversité des langues selon les peuples et les époques.
Il définit les mots comme des marques volontaires et arbitraires des idées, c'est-à-dire comme des symboles conventionnels que l'on associe librement à des concepts.
Il précise que l'utilité des mots est d'être la marque sensible des idées, c'est-à-dire le moyen visible et audible de faire connaître aux autres ce que l'on pense.
Il conclut que les idées dont les mots tiennent lieu sont leur signification propre et immédiate, c'est-à-dire le contenu intellectuel qu'ils expriment.
- le texte présente donc la thèse de locke sur le langage, qui est une théorie nominaliste et conventionnaliste.
Selon locke, le langage est un système de signes arbitraires qui renvoient aux idées humaines, et non aux choses réelles.
Le langage est un instrument pratique et social, qui permet aux hommes de communiquer leurs pensées et de coopérer entre eux.
Le langage n'est pas inné ni universel, mais il est inventé et variable selon les circonstances.
Le langage n'est pas un reflet fidèle ni nécessaire de la réalité, mais il est une construction libre et contingente de l'esprit.